par Tom MacAnally
Les chrétiens devraient comprendre mieux que quiconque combien la peine capitale est une erreur, dit Scott Langley, un leader du mouvement pour l’abolition de la peine de mort en Caroline du Nord. Après tout, dit-il, Jésus a été exécuté par l’Etat.
La passion de Langley pour l’abolition de la peine de mort trouve son origine dans l’éducation reçue dans un foyer évangélique méthodiste du Texas. Sa mère, Mary, est une pasteure ordonnée de l’Eglise évangélique méthodiste.
Le Texas, en tête des exécutions
« Ayant grandi dans l’église, j’ai été en contact avec l’Ecriture sainte et les histoires de Jésus, » raconte-t-il. « Il est clair pour moi que Jésus nous a enseigné et nous a montré d’aimer nos ennemis et d’agir de même à l’égard des autres. J’ai constaté un grand contraste entre ces enseignements et ce qui se passe quand l’Etat exécute des prisonniers ». Le Texas est en tête de liste quant au nombre d’exécutions depuis la réintroduction de la peine de mort en 1976 et en deuxième position, derrière la Californie, quant au nombre de personnes actuellement dans le couloir de la mort.
Langley poursuit : « Si vous croyez en Jésus et le suivez, alors vous savez qu’il a été exécuté. Comment pouvez-vous ignorer ou esquiver le problème de la peine de mort ? »
Peu après l’obtention de son diplôme à la Southern Methodist University de Dallas, Langley, photographe de son état, a été changé pour toujours alors qu’il se rendait à la prison d’état de Huntsville, Texas. Là, il a vu Loïs Robison allant et venant sur le trottoir en hurlant, tandis que son fils était exécuté à l’intérieur. Dix-huit mois plus tôt, Larry, diagnostiqué comme schizophrène, avait tué et mutilé son camarade de chambre et quatre voisins à Fort Worth, la ville où Langley était né et avait grandi.
L’appareil de Langley était dans sa voiture mais il n’a pu se résoudre à aller l’y prendre pour saisir sa douleur et son angoisse. Depuis cet instant, il est devenu l’une des figures les plus visibles du mouvement anti-peine capitale.
Protestations en Caroline du Nord
Langley vit maintenant avec sa femme, Sheila Stumpf, à Silver City, une petite localité proche de Chapel Hill, Caroline du Nord. Ils attendent leur premier enfant ce mois. En compagnie de plusieurs autres personnes, ils vivent dans une maison qui offre un abri à des personnes en situation de profonde détresse, en particulier des SDF.
Langley concentre ses forces en priorité sur la peine de mort, dans cet état qui est en sixième position quant au nombre de personnes exécutées depuis 1976 et le nombre des détenus dans le couloir de la mort.
Pendant des mois, Langley et d’autres protestataires ont manifesté sans autorisation sur la route d’accès à la prison centrale de la Caroline du Nord, à Raleigh. Au moins huit personnes ont été arrêtées lors des tentatives avortées du groupe de perturber les quatre dernières exécutions. Langley a été arrêté 18 fois au cours des 2 dernières années.
Aller en prison n’est pas simplement le prix que l’on paie pour agir selon ses convictions, affirme Langley. « C’est un moyen de s’identifier aux familles qui souffrent du fait du système judiciaire ».
« Je ne peux pas simplement rester au coin de la rue et enregistrer l’heure exacte et le lieu où une vie humaine va être ôtée, sans faire tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter que cela ne se fasse, » dit-il. « C’est notre responsabilité de chrétiens et d’êtres humains dotés du sens de la dignité. Il ne suffit pas de se plaindre de ce que cela arrive. Nous avons à assumer notre responsabilité. »
Les créatures de Dieu
Langley admet que la plupart des détenus du couloir de la mort sont coupables, mais il n’en a cure. « Ils sont encore et toujours des créatures de Dieu et des êtres humains. Chacun peut changer sa vie. N’importe qui peut être racheté ».
Langley exprime un certain optimisme quand il mentionne des statistiques montrant la diminution du nombre d’exécutions et de sentences de mort au cours de ces dernières années. Il croit aussi que l’opinion publique est en train de changer, bien que lentement, en faveur de l’abolition de la peine de mort. De même, il se déclare satisfait d’une décision de la Cour suprême des Etats-Unis interdisant l’exécution d’individus âgés de moins de 17 ans.
Encore qu’il ne se sente pas pessimiste, il exprime sa frustration au sujet de ses rapports avec des personnes soutenant la peine de mort avec enthousiasme. « Leur attitude semble motivée par la vengeance, la haine et la colère. Etre confronté à cela est décevant. » Comme d’autres membres du mouvement abolitionniste, il reconnaît qu’il faut du temps pour amener une personne « d’une position de frustration et de haine à une position de pardon et d’amour. »
Parlant récemment à l’université Duke – une institution liée à l’Eglise évangélique méthodiste – à Durham, Caroline du Nord, Langley a dénoncé l’hypocrisie de notre culture contemporaine. « Il y a une coupure entre la façon dont nous célébrons et glorifions la violence à la télévision, dans les films, la musique et en Irak et le fait d’aller ensuite condamner quelqu’un à mort pour avoir commis un acte violent dans notre propre voisinage, » a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons dire qu’il est O.K de manger du popcorn tout en regardant un film violent et puis rentrer à la maison et clamer que la violence est mauvaise et que nous allons punir les criminels. Nous avons besoin d’une manière d’être cohérente, éthique. »
19 octobre 2006
Traduction eemni
Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)