Zimbabwe, HARARE: les églises africaines doivent assumer leur héritage, déclare un évangéliste

par Lesley Crosson*


L'Eglise d'Afrique exerce son ministère sur un continent appauvri et ravagé par la guerre et les conflits, pillé et utilisé par l'Occident comme un dépotoir toxique et dépendant des ressources financières occidentales.


L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) connaît une croissance rapide dans ce contexte précis. Le pasteur Fernando Simone Matsimbe explique les raisons pour lesquelles l'Occident peine à comprendre le contexte dans lequel l'Eglise en Afrique proclame l'Evangile et suggère des solutions." 


Matsimbe, directeur de l'évangélisation et de la croissance de l'Eglise pour la Conférence du Mozambique du Sud, a pris la parole à un séminaire sur l'évangélisation qui se déroulait du 14 au 23 mai organisé par des Eglises Evangéliques Méthodistes en Afrique du Sud et par la Commission pour la Mission et la Diaconie. La rencontre d'Harare était l'une des nombreuses sessions de formation tenues partout en Afrique par les commissions chargées de l'évangélisation et par les groupes chargés de la croissance de l'Eglise. 


Matsimbe s'est adressé à quelques 30 pasteurs et responsables laïcs du Mozambique, de l'Angola et du Zimbabwe; il a dit que "l'arrogance occidentale née d'une suprématie socio-économique" avait conduit les premiers missionnaires à croire qu'ils avaient découvert en Afrique "un lieu sans espoir et sans Dieu." Mais, a-t-il déclaré, "Dieu était présent en Afrique longtemps avant que les missionnaires ne viennent et que les Africains n'apprennent à le connaître."


Le travail de missionnaires - dans le domaine de l'éducation, de la santé et des ministères spirituels - était et continue d'être significatif, a-t-il précisé.


"Les aspirations culturelles et religieuses de la société ne sont pas respectées"; aussi, si la proclamation de l'Evangile doit se faire avec succès, il importe que l'Eglise occidentale reconnaisse d'emblée que les Africains "ne sont pas les simples destinataires de la mission, mais des participants actifs au ministère de l'Eglise."


L'Eglise en Afrique doit s'engager dans un processus "d'auto-compréhension". La tâche est ardue; "elle doit aussi découvrir une façon d'être à la fois chrétienne et africaine," a-t-il dit.


Au lieu de se voir isolée, l'Eglise Africaine doit se faire valoir comme une extension de l'Eglise Chrétienne mondiale et comme "une manifestation visible de la présence de Dieu dans le monde." La bonne nouvelle sur ce continent aux énormes besoins comme aux immenses dons, c'est que ce "Dieu a aimé le monde, y compris l'Afrique." 


Il revient aux Eglises Africaines d'assumer leur contexte et leur culture en enrichissant leur pratique du Christianisme dans leurs Eglises par des traditions et des pratiques uniques en Afrique et non opposées à l'Evangile, ajoute Matsimbe. 


Il a illustré ce point en faisant remarquer que les Africains ont une croyance forte en des "médiateurs", certains d'entre eux sont des ancêtres ou même des sorciers. Ces médiateurs reportent "nos prières et nos aspirations jusqu'à Dieu." Plutôt que de rejeter ce fait comme étant africain et donc pas chrétien, "nous pourions partir de cette croyance pour expliquer le Christ aux Africains comme étant le médiateur" par le le biais duquel ils peuvent adresser toute demande à Dieu, explique Matsimbe. 


D'autres valeurs culturelles Africaines, cérémonies et pratiques traditionnelles, en particulier autour des événements importants de la vie comme les obsèques et les mariages, doivent être affirmées et incorporées dans les liturgies de l'Eglise, déclare-t-il.


En paraphrasant l'Évêque anglican Desmond Tutu, Matsimbe a déclaré: "la Noirceur de la peau n'est pas une faute ou un défaut de la création, mais un cadeau de Dieu." Et ainsi, selon ce pasteur, "on doit permettre à l'Evangile de quitter le navire européen auquel il est arrimé" pour qu'il puisse prendre racine en Afrique.


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*Crosson est le directeur des relations publiques pour la Commission pour la Mission et la Diaconie de l'EEM. 


Le 29 mai 2002


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Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)