Rina Yanapa Chambi écrit le 11 octobre dernier:
Cela fait longtemps déjà que la population de Bolivie n'avait pas enduré des grèves et des barricades aussi graves que celles de ces deux dernières semaines. Les désordres d'avril dernier avaient éclaté à cause de nouvelles lois agraires et de nouvelles taxes sur l'eau qui affectaient avant tout la population de la région de Cochabamba. Les troubles de la fin septembre ont commencé par le biais des paysans travaillant le coca dans l'Yungas et le Chapare. Très vite, d'autres secteurs de la population se sont joints au mouvement: les professeurs, les transporteurs, les paysans, les syndicats etc., car toutes les couches de la population ressentaient un malaise général, l'économie fonctionnant toujours plus mal et les gens les plus pauvres étant acculés au désespoir. Les uns et les autres exprimeront leur malaise en manifestant dans les rues, mais avant tout en dressant des barricades dans les rues.
Chaque groupe présentait ses propres revendications et dans le meilleur des cas ne se solidarisait qu'avec les revendications des autres groupements. Ce fut le chaos, des grèves, des barricades dans les rues et l'emploi de la violence par le gouvernement avec à la clé une victime cette fois et environ 200 blessés du côté des manifestants. Le gouvernement est incapable de faire des propositions concrètes, et encore moins de les réaliser. Les barricades avaient eu pour effet d'empêcher le transport dans la ville des produits alimentaires et d'autres marchandises. Les barricades ont été levées mardi après que le gouvernement a promis de différer la publication de la nouvelle loi sur l'eau, une fois qu'un nouveau gouvernement aura été formé, et de ne pas détruire les champs de coca dans l'Yungas.
Aucune solution n'a été trouvée jusqu'à maintenant pour les paysans cultivant le coca dans la région de Chapare. La situation là-bas est loin d'être réglée, mais elle peut dégénérer de nouveau à tous moments au moindre incident. Ceux qui en souffrent sont comme à chaque fois les plus pauvres, -entre autres dans les villes- qui ne peuvent plus acheter de nourriture et sont menacés de la faim.
>Sources: : - Rina Yanapa Chambi, Agronome au sein de l'Eglise Méthodiste Bolivienne, titulaire d'une bourse de l'EEM Suisse/France et Sergio Ferrari, Service de presse UNITE