Bénin: motocyclettes contre Sida

Par Simon Dossou*, interrogé par Albert Huber; Interrogés par Albert Hubert, quatre délégués témoignent 


Tout en discrétion, mais avec beaucoup de conviction, le président de l'Église Protestante Méthodiste du Bénin plaide pour la cohésion des méthodistes de son pays qui sortent tout juste d'une profonde crise constitutionnelle.


Comment se porte votre Église aujourd'hui?


Depuis 1999 nous vivons la spirale du déchirement. L'heure est à la réconciliation sincère des coeurs après la cassure. Nous faisons de grands pas grâce à une certaine ferveur des membres qui s'investissent beaucoup. Les cultes d'ouverture et de clôture de l'AG de la Cevaa, en présence chaque fois de quelques deux milles fidèles en fête, a rendu compte de ce souci de mobilisation. Notre reconnaissance va à tous les amis qui nous soutiennent en cette phase de reconstruction à travers la Cevaa. Les 

besoins restent énormes: 5-6 pasteurs en zones d'évangélisation en brousse ont 8 mois de retard de salaire, faute de moyens du côté de la Direction de notre Église.


Qu'attendez-vous de la Cevaa et des suites de cette assemblée générale?


Nous sommes très reconnaissants à la Cevaa pour sa venue au Bénin. C'est pour nous un poids certain dans la reconnaissance de notre lutte pour la justice. Un soutien moral qui nous fait chaud au coeur. Nous n'attendons pas de retombées financières exceptionnelles suite à cette AG. Ni de faveurs: nous présenterons de bons projets à la Cevaa, comme tout le monde. Ces projets ne manquent pas. L'Église a ouvert des centres sanitaires dans 12 régions synodales. Il faut signaler, au passage, qu'ils participent à la lutte contre le VIH/Sida qui touche 4 % de la population ! Nos pasteurs, qui sont des leaders d'opinion très écoutés, jouent un rôle de relais dans ce travail de sensibilisation. Mais nos centres ne couvrent qu'un tiers du territoire. Un projet vise à créer des équipes mobiles d'agents de santé, à les équiper de motocyclettes: un matériel d'entretien facile et parfaitement approprié à la circulation en zones rurales.


Si vous deviez faire un rêve pour votre Église, votre pays...?


Pour mon Église: le retour à la cohésion de tous les méthodistes béninois. Et avant la fin de mon mandat de 5 ans: retrouver son équilibre financier pour se consacrer aux immenses tâches d'évangélisation. Pour mon pays: préserver la démocratie, afin que le développement socioéconomique du Bénin soit perceptible partout, sans région arriérée par rapport à l'ensemble. Que tout le peuple puisse garder cet esprit d'ouverture qui est le sien, indicateur de la bonne santé de cette démocratie. Qu'il soit jaloux de notre Dieu: la religion favorise le développement du pays, la lutte contre la conuption et le tribalisme. Ceux qui nous gouvernent savent qu'ils doivent rendre compte, ce qui n'est pas le cas dans les dictatures. . . 


* Simon Dossou, président de l'Église Protestante Méthodiste du Bénin, a déjà beaucoup donné à son Église depuis 1976 : pasteur de paroisse, aumônier d'hôpital, de prison, directeur de l'Institut Protestant de Théologie de Porto Novo... Après avoir enseigné l'Ancien Testament à la Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé au Cameroun, entre 1988 et 2000, il est revenu au pays diriger l'EPMB à la demande pressante des protestants béninois. 


Source: Ensemble N°179 - février 2003