Angleterre, Timperley: une ancienne prisonnière des Talibans remercie l'Eglise pour ses prières

Par Catherine LaCamera*


Pendant plus de trois mois, l'employée humanitaire allemande Silke Durkotts a supporté des scorpions, des cellules de prison exigües, le risque du poteau d'exécution et même le danger de bombes américaines pendant sa captivité en Afghanistan par des forces Talibanes.


Durkotts a travaillé pour le compte de l'oeuvre humanitaire chrétienne, Shelter Now International avec trois autres jeunes hommes allemands, deux Américains et deux Australiens. Elle a déclaré: "Nous pouvions sentir que des gens dans le monde entier étaient à genoux en train de prier pour nous."


Au début de mars, elle a voyagé au nord de l'Angleterre pour raconter son histoire et personnellement remercier la communauté de l'Église Méthodiste de Timperley pour son appui et ses prières pendant ses longs mois de captivité. 


"Nous sommes reconnaissants de toutes les prières faites en notre faveur," a-t-elle déclaré aux membres et amis de l'Eglise réunis en grand nombre. "C'est pourquoi nous sommes en vie maintenant."


Les huit travailleurs humanitaires ont été projetés sous les feux des medias internationaux en août dernier, au moment où des fonctionnaires Talibans du Ministère du Vice et de la Vertu de l'Afghanistan ont arrêté le personnel de "Shelter Now" en les accusant de prosélytisme - ils encouraient la peine de mort. Les deux américains, Dayna Curry et Heather Mercer, étaient les premiers membres du personnel arrêtés. Durkotts, d'autres membres du personnel occidental ainsi que 16 ouvriers locaux afghans de Shelter Now ont été arrêtés peu après.


De retour en Angleterre, Sandra Daubert a suivi les premiers journaux télévisés annonçant les arrestations de huit employés par les Talibans. 


"Je savais immédiatement qu'elle était parmi les détenus," a dit Daubert, qui s'est liée d'amitié avec Durkotts il y a cinq ans en vivant en Allemagne. Elle a appelé sa fille, vivant toujours en Allemagne, qui a confirmé les pires de ses soupçons. "Nous avons commencé à prier immédiatement."


Non seulement Daubert commence à prier pour son amie, mais elle est entrée en contact avec l'Église Méthodiste de Timperley et de son pasteur, le pasteur Bruce Thompson, et a demandé leurs prières. "Bruce était si enthousiaste pour que l'Eglise prie pour Silke, bien qu'ils ne l'aient pas connue," s'est-elle rappelée.


Le restant du mois d'août, par-delà les attaques terroristes du 11 septembre et jusqu'à la mi-novembre, les membres de Timperley ont prié spécifiquement pour Durkotts et ses collègues, pour qu'ils soient libérés sains et saufs.


"Parce qu'un de nos membres avait un lien personnel avec cette histoire, c'était plus facile pour notre Eglise de se focaliser sur elle," a dit Thompson. "C'était aussi une manière de soutenir ceux de notre congrégation qui se sentaient malheureux."


Durkotts et les autres employés ont été libérés dans des conditions dramatiques: des commandos américains les ont récupérés au moyen d'un hélicoptère "à la manière d'Hollywood" le 15 novembre. La communauté de Timperley était alors dans tous ses états. 


Thompson a communiqué la nouvelle aux fidèles lors du culte habituel de jeudi matin. "J'ai dit que j'avais de bonnes nouvelles à partager," s'est-il rappelé. "Silke et ses collègues ont été libérés aujourd'hui."


"Vous devriez voir la joie sur les visages des gens en apprenant qu'ils n'avaient pas été tués ni utilisés à Kandahar comme boucliers humains.... Il y avait une grande joie!"


C'est seulement après son retour en Allemagne que Durkotts a été capable d'envoyer des remerciements, par son amie Sandra, à ceux de l'Eglise de Timperley qui l'avaient soutenue par leurs prières. Thompson avance alors l'idée de l'inviter à Timperley pour raconter son histoire. Durkotts a accepté, un membre de l'Eglise a financé son voyage et la communauté a été en mesure de l'entendre raconter une histoire qui, de l'avis de beaucoup, les avait écrasés et touchés.


Au cours de la soirée du 2 mars, Durkotts a parlé à plusieurs reprises des miracles de Dieu qui l'avait ramenée saine et sauve à la maison, elle ajoutait un autre fait marquant: longtemps, ses sauveteurs - les Forces Spéciales américaines- n'avaient pas trouvé la trace des employés humanitaires jusqu'au moment où ils ont trébuché littéralement sur eux dans un conteneur en métal dans la ville de Ghazni. "Nous sommes incroyablement reconnaissants aux Américains qui ont risqué leurs vies pour nous tirer d'affaire," a-t-elle dit.


Durkotts, qui a demandé des prières ininterrompues pour les habitants d'Afghanistan, projette d'y retourner. Elle estime, dit-elle, qu'elle n'avait pas encore fini le travail qu'elle était appelée à faire avec Shelter Now, malgré le danger encouru.


Elle a d'abord été le témoin des défis auxquels les habitants du Pakistan et d'Afghanistan devaient faire face en 1997. En visitant un énorme camp de réfugiés à Peshawar, Pakistan, près de la frontière afghane, elle a vu que les gens littéralement "s'asseyaient et regardaient mourir leurs enfants."


Elle s'est en particulier rappelée une petite fille dans le camp qui l'a suivie de partout. Elle portait une petite image de Mona Lisa autour de son cou. Par un interprète, Durkotts a rapporté avoir dit à la petite fille qu'elle avait vu l'original de Mona Lisa dans un musée en Italie et lui avait ensuite demandé pourquoi elle le portait. La petite fille a répondu, "c'est une image de ma mère. Elle est morte quand j'étais très jeune."


Avant leur arrestation, le personnel de Shelter Now avait aidé à la distribution de nourriture prévue dans le cadre du Programme d'Alimentation Mondial des Nations Unies et construit des maisons en pisée pour des centaines de milliers de réfugiés dans et autour de l'Afghanistan. Durkotts travaillait essentiellement avec de pauvres enfants afghans: telle était l'essentiel de ses responsabilités.


Bien que les travailleurs humanitaires aient été accusés de prosélytisme, Durkotts a dit aux membres de l'Eglise Méthodiste de Timperley que le personnel de Shelter Now avait témoigné par l'exemple, distinguant leur convictions personnelles de leur travail d'aide humanitaire. "Sinon, les gens auraient changé de convictions uniquement parce qu'ils avaient besoin de vous," a-t-elle expliqué.


Les employés n'ont parlé de leur foi que quand une famille afghane locale leur en faisait la demande, une famille qu'ils connaissaient bien. Cet échange, a-t-elle dit, était la cause de leur arrestation. 


Les membres de l'Église Méthodiste de Timperley ont été bouleversés par Durkotts et son histoire, selon Thompson. "Elle s'était engagée dans l'aide humanitaire et avait payé le prix pour entrer dans un territoire hostile. Elle-même, elle avait développé une grande sensibilité pour les personnes de convictions différentes. Elle ne s'était pas contentée d'en parler, mais elle avait agi en conséquence. Elle ne joue pas avec sa foi."


Alors que le retour de Durkotts en Afghanistan est risqué, Daubert a dit qu'elle ne s'inquiètait pas de son amie. "La foi de Silke est si forte. Même si elle meurt, je ne m'inquiète pas pour elle. Elle marche dans la volonté de Dieu et c'est là que se trouve l'endroit sûr."


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*LaCamera est correspondant d'UMNS en Angleterre. 


Le 6 mars 2002


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Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)