Bono, le chanteur du groupe U2 fait la tournée des Eglises pour les sensibiliser au SIDA

par Steve Beard*


Bono, la rock star, a voulu visiter le Midwest américain pour attirer l'attention du public sur le sida devenu un véritable fléau en Afrique; pour ce faire, il s'est tourné vers l'Eglise. 


Dimanche, le 1er décembre, le chanteur irlandais s'est retrouvé assis au premier rang pour le baptême de deux petits enfants et l'allumage traditionnel de la couronne de l'Avent, après quoi ce fut son tour de prendre la parole dans l'Église Evangélique Méthodiste (EEM) Saint Paul de Lincoln, Neb.


C'était la Journée mondiale du SIDA et le chanteur d'U2 démarrait ce jour-là une tournée d'une semaine qui l'amènera dans sept villes successives, la tournée "le Coeur de l'Amérique: l'Avenir de l'Afrique et le Nôtre." La tournée a été patronnée par Data (Dette, SIDA, Commerce en Afrique), une organisation politique à laquelle Bono apporte son aide.


On estime à 42 millions de séropositifs au monde; 75% d'entre eux vivent en Afrique sub-Saharienne. Le SIDA tue 6,500 Africains chaque jour et il est probable que 2.5 millions d'Africains mourront l'année prochaine faute de moyens de lutte contre le virus.


La situation en Afrique préoccupe les évangéliques méthodistes au Nebraska. Ils sont en partenariat avec les Evangéliques Méthodistes au Nigeria et travaillent activement sur divers projets comme une collecte de fonds pour un orphelinat dans ce pays. 


L'Afrique a été représentée ce dimanche-là dans le programme de Saint Paul, avec l'intervention d'une chorale de jeunes dynamique en provenance du Ghana du nom de "the Gateway Ambassadors" et le témoignage d'Agnès Nyamayarwo, une infirmière ougandaise SÉROPOSITIVE qui a perdu son mari et un fils de 6 ans à cause du SIDA.


Le pasteur David Lux, à la tête de la paroisse de Saint Paul, a proposé alors à Bono de monter en chaire, mais le chanteur - affublé de ses lunettes de soleil bleues - répondra par une blague, "je n'ai jamais entendu parler d'une rock star qui soit jamais montée en chaire." Plus tard, cependant, quand son microphone-cravate est tombé en panne, Bono en a saisi l'occasion. "Je voulais depuis toujours monter sur une chaire comme celle-ci," a-t-il dit.


Bono a cité l'Ecriture sainte pour expliquer les raisons de son engagement dans la lutte contre le SIDA en Afrique. Il a demandé aux membres de la communauté d'arrêter de demander à Dieu de bénir ce qu'ils font et de commencer à faire le travail que Dieu a déjà béni.


Lux a déclaré à l'Agence de presse évangélique méthodiste que personne n'avait protesté à cause de la présence d'une rock star en chaire. Au lieu de cela, il a entendu "plusieurs commentaires positifs de gens dont les enfants ou les petits-enfants ne fréquentent pas l'Eglise, mais qui avaient tenu à être présents dans l'Eglise au moment où Bono était là." 


Il a décrit Bono comme "quelqu'un de distingué, d'amical, de compatissant et un homme à l'expression facile. Il défie les chrétiens de vivre les enseignements du Christ de façon spécifique, en faisant face à la crise terrifiante du SIDA en Afrique, qui ravage familles et enfants." La communauté a recueilli presque 4,200 $ dans une collecte spéciale ce dimanche-là pour la construction d'un orphelinat au Nigéria.


Lux a promis que sa communauté "interviendrait de bien d'autres manières. Le message de Bono, son engagement de foi et sa passion nous inspireront dans les temps à venir."


Comme chanteur du groupe U2, Bono s'est souvent inspiré d'une thématique chrétienne dans ses chansons. Il a aussi fait état à la fois de sa fascination pour Jésus et de ses désillusions quant à toute religion organisée. 


A l'Église Chrétienne du Nord-est de Louisville, Ky., l'UMNS a demandé à Bono comment sa foi chrétienne avait inspiré son engagement. 


"Bon, vous savez, je ne suis pas une très bonne publicité pour Dieu, je ne porte par conséquent pas généralement d'insigne religieux. Mais c'est certainement écrit à l'intérieur. Je suis croyant," a-t-il dit. 


"2,103 versets de l'Ecriture Sainte se rapportent aux pauvres. Jésus Christ ne parle qu'occasionnellement de jugement. L'Eglise n'insiste pas vraiment sur ces points, ni sur l'immoralité sexuelle, la mégalomanie ou la vanité," a-t-il ajouté, se référant ironiquement à son statut de rock star. 


%effet%"L'Eglise devrait insister sur les pauvres. 'J'étais nu et vous m'avez habillé. J'étais un étranger et vous m'avez reçu.' C'est au coeur de l'évangile. Pourquoi semblons-nous avoir oublié cela? Pourquoi l'Eglise n'est-elle pas une meneuse? L'Eglise doit être prête à le faire." 


À l'Université de l'Iowa, Bono a dit: "Nous ne devons pas chercher à deviner ce que pense Dieu sur ce sujet. Je suis stupéfait devant ceux qui se disent disciples du Christ tout en ne voyant pas que le SIDA est la lèpre dont p arle le Nouveau Testament. Dieu est à l'oeuvre ici."


Tout au long de sa tournée, Bono a fait état de sa foi. Dans l'émission de CNN "Larry King Live", lors de la journée mondiale contre le sida, il a fait la différence entre sa foi en Dieu et la simple religion. "Ma mère était protestante. Mon père était catholique. Et j'ai appris que la religion était souvent l'ennemi de Dieu, vraiment.... La religion, c'est de l'artifice - vous savez, le Temple, il est arrivé que Dieu le délaisse parfois .... Vous vous accrochez à la religion, vous savez, aux règles, aux règlements, aux traditions. Je pense que Dieu s'intéresse aux coeurs des gens et ça, c'est suffisamment difficile." 


Le chanteur a souligné les implications du SIDA en Afrique. "On nous rappellera ce moment comme un moment ... où nous laissons brûler un continent entier, l'Afrique, et d'autres chercher à éteindre l'incendie avec de simples seaux d'eau. Ce n'est pas acceptable. Il n'est pas acceptable de laisser mourir les gens parce qu'ils ne peuvent pas obtenir les médicaments que, vous et moi, nous considérons normal d'avoir à disposition."


L'actrice Ashley Judd et l'acteur Chris Tucker, qui ont visité l'Afrique à quatre reprises en 2002, ont accompagné Bono dans sa tournée. Le groupe a parlé dans les écoles, des aires de stationnement de camions et des églises tout au long de cette route. La tournée était de nature peu commune; cela donnait parfois des images surréalistes, comme quand le comédien Tucker s'adressant au conseil de rédaction du quotidien The Chicago Tribune a joint ses mains dans la prière en conclusion de la réunion. 


A Chicago, le groupe a rencontré Bill Hybels, le pasteur de l'Église Willow Creek Community, pour discuter de la meilleure façon de communiquer de la question du sida en Afrique aux églises. 


Le groupe a aussi visité l'Église de la Foi Apostolique, une congrégation en majorité noire au sud de Chicago. Tucker a fondu en larmes quand il a parlé de sa compagne de voyage séropositive Agnès Nyamayarwo. 


"Je ne sais pas comment Agnès a surmonté cela. Sa force me dépasse. Je ne pense pas que j'en serais capable. ... . Dieu est avec elle. Dieu est présent dans cette maison. Regardez autour de vous.... Nous sommes tous concernés par cette crise du SIDA. Priez pour nous, pour nous tous, pour que nous soyons parfaitement guidés et agissions comme le veut l'Esprit Saint."


Les étudiants de l'Université de Wheaton ont préparé avec enthousiasme une réception; l'émotion y fut vive. "Je suis époustouflé par votre joie," disait Judd aux étudiants de l'Université évangélique.


Billy Graham - le plus influent des anciens étudiants de l'Université - a adressé un télégramme de bienvenue -. Bono en a fait la lecture. "Nous sommes solidaires de votre tournée et de la cause défendue," a dit le Président de l'Université Duane Liftin.


"C'est donc ça, l'Université de Wheaton," a dit Bono. "Elle a donné au monde Billy Graham et Wes Craven (auteur de films d'horreur). Faites-leur peur et vous saurez ensuite où envoyer les fonds."


En reconnaissant la difficulté de la question du SIDA, il a dit aux étudiants: "notre discussion peut diviser certains d'entre nous ce soir. Pourquoi? Parce que je crois que si l'Eglise ne répond pas, elle creusera un énorme fossé entre sa prédication, 'Aime ton prochain comme toi-même, ' et ses actes, si elle ne fait rien. C'est comme si on laissait du sel à côté d'un plat. 


"'Aimer son prochain' n'est pas un conseil," a-t-il dit. "C'est un ordre."


Citant C.S. Lewis, Bono a rappelé à ses auditeurs, "Tout ce qui n'est pas éternel, est éternellement démodé." Il a dit aux étudiants qu'ils avaient l'obligation morale de lutter contre le SIDA. "Vous n'avez pas commencé cette lutte, mais vous pouvez l'achever. Nous avons besoin de votre aide. Et que ça roule!" (litt: Let's rock and roll.)


Bono a passé le dernier jour de sa tournée en compagnie de leaders religieux et civiques au quartier général de l'Église Presbytérienne (U.S.A) à Louisville, Ky.. ... Une réunion eut lieu en soirée dans l'Eglise de banlieue "the Northeast Christian Church"


"Les politiciens pensent que les gens du Midwest sont des salariés confrontés à leurs propres problèmes et qu'ils se soucient moins de ce qui se passe dans le reste du monde," a-t-il dit dns son intervention. "'Il n'y a aucune preuve à ce sujet,' déclare Bono. 'ceux qui pensent cela ont tort."


Bono a souligné cette vérité: "je ne suis pas ici comme une âme charitable. Ce n'est pas une cause; c'est une situation d'urgence." La tournée n'était pas un effort organisé pour collecter des fonds; au lieu de cela, l'événement visait à une prise de conscience - comme c'était une occasion de chants, de prières et de danses ferventes avec le choeur "the Gateway Ambassadors"


Après qu'Agnès ait donné son témoignage, Bono a dit: "laissez-moi dire cela dans la maison de Dieu: s'il y a ici quelqu'un qui veut porter un jugement contre une femme comme Agnès et ses enfants - et en effet l'homme qui lui a transmis le virus est son mari,- peut-être devraient-ils partir sur le champ. Dieu sera seul juge - personne dans cette Eglise ne le sera à sa place."


L'assemblée a applaudi. 


"Que celui qui est sans péché jette la première pierre," a-t-il fait remarquer sobrement. 


"Je suppose que le local serait rapidement vide. Je serai moi-même expulsé de ces lieux," a-t-il dit avec un sourire.


Au moment de la bénédiction, Bono a dit, "je ne suis pas normalement trop à l'aise dans les Eglises. Je les trouve souvent comme des lieux de piété et le Christ que j'entends prêcher ne ressemble pas à celui que j'ai découvert dans les évangiles. Mais ce soir, Dieu est présent dans les lieux."

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*Beard est le rédacteur du magazine Good News.


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Le 10 décembre 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)