République Démocratique du Congo: les collaborateurs sur le point d'être évacués

Andreas Staempfli, Secrétaire de la mission de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) Suisse-France, participe actuellement à une rencontre avec des Evêques africains de l'EEM à Maputo, Mozambique; il a pu entrer en contact avec les collaborateurs de la mission en activité en RDC, à un moment où la mort du président Laurent-Désiré Kabila n'était pas encore confirmée. Il a informé EMKNI par E-Mail de la situation actuelle dans ce pays d'Afrique:

"Aujourd'hui j'ai reçu jeudi des e-mails de nos collaborateurs au Congo. En outre, les évêques Ntambo et Onema Fama, qui sont aussi ici à Maputo, m'informent en permanence des derniers développements. Ils sont en contact par téléphone satellitaire avec leurs familles de Lubumbashi et de Kinshasa.

Lubumbashi et tout le Katanga sont calmes et la vie continue à se dérouler normalement. La frontière avec la Zambie fermée hier était rouverte aujourd'hui.

Béatrice Wittlinger et Eric Immer étaient jusqu'à aujourd'hui à un séminaire en Afrique du Sud. Leur vol de retour pour Lubumbashi a été annulé. Ils ont pris un vol pour Lusaka avant de se rendre en voiture à Kitwe; de là, ils ont l'intention de retourner au Congo ce week-end, ensemble avec les évêques Ntambo et Katembo. Céline Immer est avec ses deux enfants à Lubumbashi. Les collaborateurs de l'Eglise l'ont invitée à se préparer à partir et elle en est maintenant au paquetage. Mais elle va bien.

Claus Nielsen est à Mulungwishi et par radio en contact avec Céline Immer comme avec les collaborateurs du bureau de l'Evêque de Lubumbashi au moins deux fois chaque jour. Lui aussi se prépare à une évacuation. Béatrice Wittlinger et Eric Immer voudraient rentrer absolument encore une fois au Congo pour faire leurs valises. Si la chose est possible et raisonnable, ils le décideront samedi à Kitwe, ensemble avec leurs Evêques.

Aujourd'hui, deux couples de missionnaires américains qui s'étaient arrêtés encore ces jours-ci au Congo sont partis définitivement à Kitwe. A Kinshasa domine un calme relatif, car il n'a pas encore été établi clairement, si le président Kabila est mort ou non. Dans la ville circulent des bruits et des rumeurs. La famille de l'Evêque Onema Fama vit à proximité des bâtiments du gouvernement. Ils ont recommandé à l'Evêque de ne revenir que quand la situation sera éclaircie ."

Pour ce qui est du devenir de ce pays d'Afrique, il est encore trop tôt pour avancer la moindre piste. Henri Tincq, du quotidien le Monde, avance néanmoins l'hypothèse que les Eglises seraient susceptibles de jouer un rôle important dans ce pays gangrené par la guerre civile et par l'occupation d'armées étrangères: «Les Eglises, malgré la répression, restent un possible recours en RDC», écrit le journaliste, expliquant aussitôt que «les Églises Protestantes (30% de la population) et Catholique (50 %) de l'ex-Zaïre sont numériquement les plus puissantes d'Afrique mais, à l'image d'un pays meurtri, elles ont été décapitées par la fin du régime Mobutu et les trois années du pouvoir Kabila. Par le nombre de leurs diocèses (quarante-huit pour l'Eglise catholique), de leurs paroisses, de leurs congrégations religieuses, par leurs réseaux d'écoles et d'hôpitaux, par l'aide qu'elles fournissent aux réfugiés, elles représentent encore les forces les plus organisées et populaires de la RDC. Mais elles ont aussi payé au prix fort les efforts fournis au début des années 1990, restés vains, en vue de la démocratisation du pays. ... L'Eglise peut à nouveau y jouer un rôle de recours.» Telle est sa conclusion. L'avenir nous dira s'il voyait juste.


<19.01.2001 

>Source: Andreas Staempfli, Secrétaire de la mission + Le Monde daté du samedi 20 janvier 2001