Photo : Jindřich Prucha [Public domain], via Wikimedia Commons
Revd Dr Mark Wakelin, président de la Conférence britannique
"Qui est responsable de la pauvreté?" Telle est la question que pose le Président de l’Eglise Méthodiste de Grande Bretagne à l’occasion de Pâques.
Dans son message de Pâques cette semaine, le Président de la Conférence méthodiste a contesté le mythe selon lequel la pauvreté était de la faute du pauvre.
Le Révérend Dr Mark Wakelin a déclaré que le blâme était toujours un moyen de se défaire du sentiment de malaise face à l’injustice. Il a également dit que les maux sociaux "n'entraînaient pas la pauvreté, pas plus que des taches ne provoquaient la rougeole".
Le Dr Wakelin pose alors la question : "Qui est responsable de la pauvreté? La réponse de Dieu est la suivante: je le suis, tu l’es, nous le sommes".
Dr Wakelin a cité John Wesley, l'un des fondateurs du méthodisme, à la fin de son message de Pâques: «Chaque shilling qui vous dépensez inutilement est, en effet, volé à Dieu et aux pauvres».
Voici le texte du message de Pâques du président dans son intégralité:
Message de Pâques
Qui est à blâmer?
L'Église méthodiste, grâce à notre équipe mixte chargée des questions sociales, a relevé un grand mensonge commis par une certaine presse aussi bien que par certains politiciens, à savoir que la pauvreté était de la faute des pauvres.
La tentation de tenir de tels propos a toujours été présente, et c’était quelque chose dont John Wesley était bien conscient quand il dit qu'il est «stupide et méchamment faux ... de dire que [les pauvres] sont pauvres parce qu'ils sont paresseux».
Il y a quelques années, nos convictions à propos de la pauvreté, solidement ancrées dans de sérieuses études et recherches, ont compris les nombreux maux sociaux, tels que la consommation de drogues et d'alcool, les relations conflictuelles, le défaut de travail, la maladie et le reste comme le résultat de l’état de pauvreté. Certaines autorités publiques ont alors essayé de faire passer la conséquence de la pauvreté pour sa cause. Nous devons dénoncer ce mensonge.
Etre pauvre n'est bon pour personne. Comment quelqu'un peut-il bien se porter quand ses besoins humains fondamentaux sont niés, lorsque l'accès à la vie quotidienne lui est refusé et que le pouvoir de changer lui est retiré?
La pauvreté est une mauvaise chose. Elle provoque des maux sociaux. Les maux n'entraînent pas la pauvreté, pas plus que des taches ne provoquent la rougeole.
Mais le blâme est toujours un moyen de se défaire du sentiment de malaise face à l’injustice. Nous préférons penser que les autres »l'ont bien cherché» et nous nous efforçons de faire la distinction entre le digne et indigne. Qui est à blâmer?
Voici la strophe d'une chanson ironique de Sydney Carter dans laquelle un voleur est crucifié à côté d'un charpentier:
C'était un vendredi matin
qu'ils m'ont sorti de la cellule
et j'ai vu qu'ils avaient un charpentier
à crucifier ainsi
Vous pouvez blâmer Pilate
Vous pouvez blâmer les Juifs
Vous pouvez blâmer le Diable
C'est Dieu j'accuse
C'est Dieu qu'ils devraient crucifier
au lieu de vous et moi
J'ai dit au charpentier,
pendu à l'arbre
Voici la réponse de Dieu au «blâme»: «Je suis responsable» - et la croix est une énorme déclaration de Dieu : en tant que créateur, Dieu revendique la responsabilité.
Dieu a donné à l'homme le merveilleux cadeau de la liberté programmée en profondeur dans notre nature. Un risque énorme, car un véritable choix signifie que nous pouvons choisir de ne pas aimer, et ne pas aimer a de profondes conséquences, non seulement pour notre bonheur, mais aussi pour celui des autres.
En ce sens, parce que Dieu est responsable de la pauvreté et du péché, la maladie et la tristesse deviennent possibles. Mais Dieu n'est pas à blâmer, car l'intention du créateur est seulement bonne, l'amour librement donné est le plus grand de tous les dons et la plus difficile de toutes les attentes.
Qui est à blâmer pour la pauvreté? C'est peut-être une question inutile. Centrons alors la question sur Dieu. Qui est responsable de la pauvreté? Et voici la réponse de Dieu: «Je le suis, tu l’es, nous le sommes».
Il s'agit de la solution de la "croix", une acceptation unilatérale: Dieu nous a donné un défi et un cadeau et en étant responsables, nous nous mettons du côté de Dieu de la seule façon possible: en mettant fin à la misère et en étendant son règne d'amour et de joie.
Wesley l’a redit sur un mode pratique et inconfortable: «Chaque shilling que vous dépensez inutilement ... est, en effet, volé à Dieu et aux pauvres».
Traduction eemni
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Message de Pâques du pasteur Claude Baty
Message de Pâques du pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France
L’ensoleillement a été catastrophique cet hiver, en tout cas dans le nord du pays. C’est comme si le ciel s’était mis à l’unisson de la période difficile que nous traversons. Nous espérons un printemps qui chassera le climat délétère dans lequel nous vivons (au nord comme au sud !) ; haine, peur, invective, mépris, violence s’insinuent partout. C’est comme si le désespoir de ceux qui ne trouvent pas de travail, de ceux qui n’ont plus de logement, de ceux qui n’arrivent plus à nourrir leur famille, de ceux qui se sentent méprisés dans leurs convictions, de ceux qui sont en deuil, de ceux qui ont peur de sortir de chez eux, de ceux qui attendent leurs proches pris en otages, enveloppait le pays et légitimait l’égoïsme, l’agressivité, la dérision, le manque de respect.
C’est dans ce climat que nous nous apprêtons à fêter Pâques. Il ne s’agit pourtant pas d’en faire une fuite au ciel nous permettant d’oublier la réalité. Nous sommes engagés au contraire à dire dans l’obscurité que non seulement la lumière existe, mais qu’elle est déjà là. Notre annonce de la résurrection n’aura de sens pour nos proches et nos contemporains que dans la mesure où nous vivrons déjà en ressuscités !
La joie de Pâques n’est pas celle de la perspective d’une escapade solitaire, mais celle de l’assurance que la puissance de Dieu est déjà à l’œuvre ici-bas, en nous, pour tous. Autant cette joie ne peut être ostentatoire, autant elle est profonde et finalement débordante. Christ est notre espérance.
« Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit ! » Rm 15.13
Pasteur Claude Baty,
président de la Fédération protestante de France
28 mars 2013
Sources: Eglise méthodiste de Grande Bretagne et FPF