COE: le pasteur Samuel Kobia plaide pour une évangélisation responsable

100 ans après la Conférence missionnaire qui a donné son premier élan au mouvement oecuménique, le pasteur méthodiste Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil Oecuménique des Eglises, souhaite une évangélisation responsable du point de vue oecuménique.


Dans la perspective de la commémoration de la Conférence mondiale des missions, tenue à Edimbourg en 1910 et généralement considérée comme le point de départ du mouvement œcuménique moderne, le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE) s'est livré à une analyse réaliste des réussites et des échecs du siècle écoulé et a appelé de ses vœux une "évangélisation responsable du point de vue œcuménique".


S'exprimant le 30 avril à Edimbourg, Ecosse, lors d'une réunion préparatoire des festivités du centenaire de cet événement, le pasteur Kobia a déclaré: "Nous avons besoin d'un nouvel Edimbourg et ne pouvons qu'espérer que les célébrations que nous prévoyons pour 2010 constitueront une étape sur cette voie."


Le secrétaire général estime que pour y parvenir, il faudra intégrer les mouvements missionnaires les plus modernes et les plus dynamiques, qui "se trouvent au sein de traditions chrétiennes qui ne sont pas représentées dans les milieux officiels issus des structures du siècle passé".


C'est seulement après avoir reconnu le nouveau visage du christianisme, qui résulte de "la révolution spirituelle mise en œuvre par les mouvements et Eglises pentecôtistes et charismatiques", que l'on pourra envisager "un dialogue théologique fructueux sur les priorités et les exigences de la mission", a-t-il poursuivi.


C'est pourquoi il est urgent "de concevoir et de pratiquer la mission d'une manière qui n'engendre pas un regain de haine ni de violence". De nouvelles formes d'"évangélisation non agressive" doivent créer "une tension créatrice entre le témoignage hardi du Christ et du Royaume de Dieu et le respect des hommes, des femmes et des enfants de toutes convictions".


Pour le pasteur Kobia, "une évangélisation responsable du point de vue œcuménique" doit constituer "une proclamation qui, tout en demeurant critique à l'égard de l'orgueil et du péché humains, affirme clairement que Dieu veut la paix et non la guerre, la vie et non la mort, l'unité et non la division, le pardon et non la vengeance".


Guérir les mémoires


Dans une réflexion sur la fameuse devise d'Edimbourg "évangéliser le monde dans notre génération", le secrétaire général a reconnu que 100 ans plus tard, la proportion de chrétiens dans le monde n'a pas changé et représente environ un tiers de la population.


"Pour parler en termes réalistes, il est vain de se borner à répéter la devise d'Edimbourg", affirme le pasteur Kobia. Etant donné les changements considérables intervenus dans le monde et le christianisme depuis 1910, il propose de mettre plutôt l'accent sur "la mission de notre génération dans le contexte de la mondialisation".


Selon le pasteur Kobia, cette approche doit inclure "la guérison des divisions entre les chrétiens, l'édification de communautés de guérison et de réconciliation, la mise en question de toutes les justifications de la violence, l'aspiration à la paix, don de Dieu, et le partage de l'Evangile comme le Christ l'a pratiqué".


Au nombre des mémoires qui doivent être guéries figure celle du fossé qui sépare "deux familles de chrétiens: celle de la mission évangélique et celle de la mission conciliaire ou œcuménique. (...) Nous devrions trouver le moyen de reconnaître nos exagérations et nos manques de respect mutuels", pour mettre en place "un processus de réconciliation authentique": c'est la seule manière de faire progresser notre coopération dans l'optique de 2010 et après.


Le secrétaire général du COE effectue actuellement une visite au Royaume-Uni et en Irlande, qui a débuté le 24 avril et se terminera le 4 mai.


30/04/2007 


Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)