Nigeria: mobilisation massive en faveur des  lycéennes kidnappées par Boko Haram

UNICEF/TWITTER

Les faits

Le 14 Avril eut lieu l’enlèvement de quelque 200 jeunes filles dans le collège  même qu’elles fréquentaient. Ces élèves étaient originaires de Chibok, une ville à majorité chrétienne, elle-même située dans un État à majorité musulmane, celui de Borno. 50 adolescentes ont réussi à échapper aux terroristes, estime-t-on à ce jour. L'Association chrétienne du Nigeria (The Christian Association of Nigeria - CAN) a récemment publié le nom des 165 jeunes filles chrétiennes et des 15 filles musulmanes enlevées à Chibok. Beaucoup sont affiliées à l'Eglise des Frères. Depuis, le nombre total des jeunes filles enlevées a été revu à la hausse et est passé à 275, selon le New York Times, parce que les autres écoles ont tardé à communiquer leur rapport.

Selon les médias, Boko Haram, qui a déjà tué jusqu’ici quelque 1.500 personnes cette année, aurait déplacé ces filles dans les pays voisins du Tchad et du Cameroun où elles risquent d'être vendues et mariées de force.

Les risques

Abubakar Shekau, chef de Boko Haram, a déclaré clairement ses intentions lundi le 5 mai dans une vidéo : «J’ai enlevé vos filles ... Il y a un marché pour la vente d’êtres humains. Allah me dit que je devrais vendre. Il me commande de vendre. Je vendrai les femmes ».

Barnabas Aids rapporte que des militants au Cameroun paient l'équivalent de 12 USD pour une de ces filles. Pogo Bitrus, chef du Forum des Aînés Chibok, a qualifié l'achat et la vente des filles pour mariage comme  « une forme d’esclavage de type médiéval ».


La Une du Courrier International de la semaine

Premières réactions sur place

L’organisation des chrétiens du Nigeria (Christians Association of Nigeria CAN) a demandé la prière et le jeûne pour le retour des filles en toute sécurité, mais veut aussi plus d'intervention de la part des chefs de gouvernement provinciaux et fédéraux, rapporte World Watch Monitor. Au cours du week-end précédent, le président Goodluck Jonathan a donné l’ordre au gouverneur Borno de retrouver les filles enlevées.

Mobilisation planétaire

L’affaire est d’une gravité sans précédent et suscite la réprobation générale. Au départ, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Lagos et à Abuja, mais grâce aux réseaux sociaux la protestation s’est vite étendue à l'ensemble du monde. Manifestants et familles de victimes se sont emparés de Twitter pour se faireentendre, avec cet hashtag: #BringBackOurGirls (« rendez-nous nos filles »).

Aux dires du Monde, ce hashtag a été tweeté depuis le 1er mai plus de 2 millions de fois avec une moyenne de 2 500 mentions à l’heure. C’est énorme. Les internautes, et très vite des personnalités de tous bords, y sont allés de leur message.

Violences sectaires basée sur le sexe

Christianity Today explique l'étendue du mal qui ronge le Nigeria. Le quotidien américain fait référence à divers rapports très explicites : 

  • World Watch Monitor a publié un rapport très approfondi sur la violence sectaire fondée sur le sexe dans le nord du Nigeria, qui examine «les violences perpétrées spécifiquement contre les femmes et les jeunes filles chrétiennes par Boko Haram».
  • Dans son Rapport 2014 sur la liberté religieuse récemment paru, la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a recommandé la désignation du Nigéria comme pays particulièrement préoccupant (PCC). Le rapport cite directement Boko Haram: « La démocratie nigériane est actuellement mise à rude épreuve par la violence sectaire récurrente, par les attaques et les menaces contre les chrétiens proférées par Boko Haram, et par l'utilisation abusive de la religion par les hommes politiques, les chefs religieux et les autres. »

Christianity Today relève que si la violence sexiste faite de captures, de torture et de viols a cours dans l’État de Borno, c’est parce que cet État est devenu au fil du temps le sanctuaire de Boko Haram où il opère en toute impunité.


Mobilisation des Nigérians pour le retour de leurs filles saines et sauves - dans le Courrier International de la semaine  (15 mai 2014)

Unanime condamnation

« La négation du respect de la vie et de la dignité des personnes, y compris les plus innocentes, vulnérables et sans défense, exige la plus ferme des condamnations », déclare de son côté le Père Lombardi, directeur du Bureau de presse du Vatican qui ajoute :  « Nous nous unissons aux nombreux appels pour leur libération et pour leur retour à des conditions de vie normales », exprimant l’espoir que le Nigeria « trouve la voie pour mettre fin à une situation de conflit et de terrorisme odieux, source d’incalculables souffrances ».

L’évêque des Affaires étrangères de l'Eglise évangélique d'Allemagne (EKD) Petra Bosse-Huber (Hanovre), a dénoncé auprès de l’agence de presse IDEA « l’approche inhumaine de Boko Haram qui vise à dégrader les femmes en une marchandise.

De son côté, le président de la Conférence des évêques catholiques nigérians, Mgr Ignatius Kaigama (Jos) s’en est pris à la folie meurtrière de ce mouvement terroriste :  « Boko Haram a affirmé mener une guerre au nom de Dieu, mais je ne sais pas quel genre de Dieu ils servent !  Ils voulaient frapper le Nigeria au cœur. Je suis très inquiet… Certes au début, il s’agissait plus de l’idée d’éradiquer le christianisme et les soi-disant « valeurs occidentales » et d’implanter dans le nord du Nigeria un État sous le régime de la charia, mais maintenant Boko Haram s’en prend à tous indistinctement, musulmans ou chrétiens. A présent, l’enjeu est l’être humain, la défense de la liberté et de la dignité humaine. 

L’arme de la prière

Comme d’autres responsables d’église, l’évêque Ignatius Kaigama appelle à la prière. il indique ses objectifs spirituels :  « Je prie pour trois choses : 

  • premièrement, qu’ils libèrent rapidement les jeunes filles et qu’elles soient indemnes.
  • Deuxièmement, que Boko Haram cesse ses attaques et renonce à la violence.
  • Et enfin, que le gouvernement reçoive de l’aide des autres pays du monde : que des pays se réunissent pour lutter contre le terrorisme, la faim et la pauvreté, afin de créer une unité authentique, et pas seulement pour servir des intérêts politiques et hypocrites. »

Unissons-nous tous dans la prière pour que soient immédiatement relâchées les lycéennes enlevées au Nigéria. #BringBackOurGirls

— Pape François (@Pontifex_fr) 10 Mai 2014

Des responsables de l’Église méthodiste montent aussi au créneau

L’évêque méthodiste John Wesley Yohann, du diocèse du Nigeria, et Thomas Kemper, directeur exécutif du Conseil mondial de la mission de l’EEM (GBGM), ont exprimé leur préoccupation pour les quelque 200 adolescentes arrachées à leur école par des hommes armés en uniforme. Ils ont demandé que l'on prie pour les lycéennes et leurs familles : « nous prions pour la libération en toute sécurité et immédiate de nos filles. Nous compatissons sincèrement avec le cœur de leurs parents », continue Kemper, « et nous prions pour que toutes leurs filles reviennent en toute sécurité dans leurs foyers. Ces jeunes femmes sont innocentes et n'ont rien à voir avec le conflit politique ou religieux. Nous prions pour que cessent les crimes horribles de Boko Haram et qu'il y ait la paix et la stabilité au Nigeria ».


 Jessica, 25 ans lance une chaîne de prière pour les lycéennes enlevées par Boko-Haram

« Il faut prier pour les lycéennes du Nigéria » déclare Jessica Matam, jeune ingénieur de 25 ans. Elle explique à Aleteia pourquoi elle a lancé sur le site Hozana une chaîne de prière pour les lycéennes enlevées par Boko Haram.

"Les jours passaient et rien ne se passait pour ces jeunes filles enlevées au Nigéria. Je me sentais impuissante face à ce qui leur était arrivé. Il fallait que j'agisse, que je prie. Alors j'ai eu envie de proposer à d'autres de prier avec moi. Il faut que les gens se mobilisent, que l'on prie pour elles. C'est ce que nous demande Dieu, de prier les uns pour les autres… En créant cette chaîne de prière, je ne voulais pas que les gens se contentent de dire « bravo, c'est bien » ou de « liker » sur Facebook ma proposition. Je souhaiterais que les gens se mobilisent et qu'ils rejoignent la chaîne de prière pour ces jeunes filles. Nos prières ne sont pas vaines. Dieu nous écoute et en nous exauçant suivant Sa volonté. Cela demeure parfois invisible à nos yeux. Peu importe ! Prions quand même !"

Les pasteurs nigérians s’impliquent aussi dans la prière

Des pasteurs de l’église Nigérienne lancent un appel pour la libération des écolières enlevées par le groupe islamique Boko Haram, nous rapporte le CPDH.

A leur tête, le pasteur Fred Williams qui lance un appel international pour que les 276 écolières (âgées de 8 à 15 ans) enlevées par le groupe « Boko Haram » soient libérées, avant que les menaces qui pèsent sur elles soient mises à exécution.

Voici l’appel (en anglais) du pasteur Williams sur Youtube :

Prions :

  • Pour que la pression internationale des États du monde entier fasse reculer Abbakar Shekau, le chef de « Boko Haram »
  • Pour que les efforts internationaux mis en œuvre aboutissent la libération des jeunes filles (Vendredi 9 mai, les experts britanniques sont arrivés dans la capitale nigériane, Abuja. Ils seront secondés par leurs collègues canadiens, américains, français et chinois qui, tous, ont promis de participer à cette opération d'enquête et de secours).
  • Pour que la « main de l’Eternel » protège les jeunes filles enlevées.
  • Pour que toutes les jeunes filles soient libérées saines et sauves.
  • Pour que les actions ignobles du groupe « Boko Haram » lui retire tout soutien populaire et lui fasse perdre tout crédit auprès des populations musulmanes.
  • Pour que l’Etat Nigérian ait le courage de défendre la population (Amnistie internationale a pointé un doigt accusateur vers les forces armées nigérianes qui, selon des témoignages « accablants » recueillis par l'organisation, avaient été prévenues de l'attaque que s'apprêtait à mener Boko Haram contre l’école de jeunes filles, mais qui n'ont pris aucune mesure immédiate pour l’empêcher)
  • Prions pour que la haine à l’égard des personnes de religion musulmane ne prenne pas racine dans le cœur des chrétiens, mais que l’amour et le pardon demeure dans les vies transformées par Christ.
  • Prions avec la Parole de Dieu :
    « Aie pitié de moi, Eternel ! »
    Vois la misère où me réduisent mes ennemis,
    Enlève-moi des portes de la mort,
    Afin que je publie toutes tes louanges »

Psaume 9.14

Une prière pour les élèves kidnappées au Nigeria

La commission "Église et Société" de l'Église méthodiste unie (UMC/EMU/EEM) publie aujourd’hui même sur son site une prière à l’intention des élèves kidnappées par Boko-Haram.

Au nom des quelque 250 écolières nigérianes enlevées le 14 avril par Boko Haram, nous faisons monter cette prière au Seigneur :

Ô mon Dieu bien-aimé, tu as créé chacun de nous à ton image - filles et garçons.

Tu nous as donné des yeux pour voir la beauté en l'autre et dans toute la création.

Tu nous as donné des oreilles pour entendre les histoires de nos anciens.
Tu nous as donné de l’intelligence pour créer et guérir.

Tu nous as donné des bras pour nous embrasser et nous réconforter les uns les autres.

Tu nous as donné des jambes pour jouer, danser et explorer des lieux nouveaux et familiers.

Tu nous as donné l'imagination pour voir ce que les autres ne peuvent pas voir .

Tu déplores la violence et la perte de ces jeunes filles au Nigeria et de toutes celles qui, comme elles, sont enlevées sur la face de la terre.

Réconforte-les dans leur peur d’être arrachées à leur école et à leurs familles.

Soutiens les familles qui pleurent la perte de leurs filles.

Transforme les cœurs de ceux qui déshonorent tes enfants bien-aimés .

Dieu de l'espérance, donne-nous la force d'être des instruments de paix et d’espérance.

Donne-nous le courage de mettre fin à la haine et de libérer les opprimés.

Donne-nous la sagesse d’entretenir la valeur sacrée des filles dans tout ce que nous faisons.

Dans le nom de Jésus le libérateur ,
Amen .

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