Canton de Vaud : « Ensemble et divers » : les Eglises dans la lumière de l’Arc en ciel


Cathédrale de Lausanne. Un Vitrail en forme de coupe a illustré le thème « Ensemble et Divers »

*  Par Martin Hoegger.

« Ensemble et Divers ». Une célébration colorée, avec une assemblée d’un millier de personnes, a cherché à exprimer ce thème dans la cathédrale de Lausanne, le dimanche 5 septembre. Avec pour beau symbole un vitrail mobile composé de 25 pièces aux sept couleurs de l’arc en ciel et mis en place par autant de responsables d’églises, communautés et mouvements. Une manière de vivre et prier ce que le colloque « Vers une catholicité œcuménique ? » a approfondi par la réflexion théologique les 6 et 7 septembre 2010, à l’Institut œcuménique de Bossey.

« C’est « Ensemble et divers »,  que nous nous présentons devant Lui, avec nos richesses et nos faiblesses de personnes, nos richesses et nos faiblesses d’Eglises », dit le curé de l’Eglise catholique chrétienne de Lausanne, Nassouh Toutoungi, en ouverture de la célébration. « Brisé, ce vitrail est le signe de nos difficultés à être pleinement enfants de Dieu ; réuni, il nous montre que seul l’Esprit du Dieu vivant peut faire de nous un seul peuple »

En plus d’ouvrir ce colloque, cette célébration a voulu aussi être un lieu de témoignage de cette catholicité vécue de façon concrète. C’est pourquoi la Communauté de Travail des Eglises Chrétiennes en Suisse (CTECH) y a délivré le « Label œcuménique » à quatre initiatives qui ont particulièrement marqué la vie œcuménique en Suisse.

Qu’est-ce le « Label œcuménique » ? Une distinction qui veut rendre visible l’œcuménisme et encourager la collaboration entre chrétiens. « Il montre aussi ce qu’il est possible d’accomplir ensemble, et prouve que l’œcuménisme est bien vivant », dit Christiane Faschon, secrétaire de la CTECH.

C’est d’abord à l’Université œcuménique d’été, organisée conjointement par la Fondation Ethique et Art, la Communauté du Chemin Neuf et l’Association internationale pour l’enseignement social chrétien », que Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire et président de la CTECH, a remis le Label. Lors des ces rencontres, dont la prochaine aura lieu la semaine prochaine à Chartres, sont abordés, dans un esprit ouvert et œcuménique, des  questions telles que la dignité humaine, la famille, la politique, le secteur financier, le bien public, les médias, la globalisation et la société.

La présence des Eglises au salon de l’Hôtellerie à Bâle, a été le deuxième projet primé. Le pasteur Lucien Boder, membre du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse et du comité de la CTECH a souligné l’importance de donner un témoignage œcuménique dans ce cadre commercial. « L’accueil à la table est présent à toutes les pages de l’Evangile. Il est donc significatif que les Eglises soient présentes en ce lieu », dit-il. « Au stand des Eglises, les visiteurs sont amenés, en parlant de leur propre expérience professionnelle, à se rendre compte qu’il existe d’autres valeurs que celles tapageusement transmises par la foire », ajoute Hermann Battaglia, un des responsables du projet.

L’Ecole de la Parole en Suisse romande allie prière et lecture de la Bible. La Société biblique suisse – présente en Suisse à travers quelque 50 Eglises et communautés missionnaires – y est associée de près. Elle propose la lectio divina,  qui permet d’aborder la Bible non seulement avec l’intellect mais également avec le cœur. Elle organise chaque année sept rencontres autour d’un thème déterminé et présenté par une brochure. « Au sein des groupes, les gens trouvent un soutien à leur foi. Il s’y développe confiance, amitié et respect. L’ouverture aux autres traditions chrétiennes y est vécue comme un enrichissement », explique Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg, qui a présenté ce projet au nom de la CTECH.

Les célébrations de la Parole dans la cathédrale de Lausanne, organisées par la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud est le quatrième projet nominé. Chaque premier dimanche du mois, les Eglises, communautés et mouvements sont invités à offrir une célébration afin de faire connaître leur manière de prier. Souvent des célébrations œcuméniques sont aussi organisées. Au leur sujet, frère Alois, prieur de Taizé, écrit : « Pour y avoir participé à plusieurs reprises, nous les frères de Taizé, nous savons combien votre initiative de célébrations de la Parole à la Cathédrale de Lausanne est précieuse pour aider les chrétiens à cheminer ensemble vers l’unité. Nous retrouver ensemble en présence de Dieu dans l’écoute de sa Parole, le silence et la louange, c’est déjà anticiper une unité...Et cela permet sans doute aussi au dialogue théologique d’avancer ». La Rev. Adèle Kelham, de l’Eglise anglicane de Lausanne, a également souligné, au nom de la CTECH, combien la prière est indispensable pour nourrir un œcuménisme de vie. Cette réalisation a en effet permis, en six ans, à plus de vingt Eglises et autant de communautés et de mouvements de prier dans ce lieu important pour l’œcuménisme, puisque « Foi et Constitution » y a tenu sa première conférence mondiale en 1927.

« Une unité symphonique »

Ces projets primés ont témoigné de la vitalité de l’œcuménisme. Quand les Eglises se rencontrent, elles découvrent tout ce qu’elles ont en commun, mais aussi leur grande diversité. « Dans le langage usuel, quand on parle d’ « Un » et « Divers » on perçoit ces deux termes comme différents, même contradictoires », remarque Ioan Sauca, directeur de l’Institut œcuménique de Bossey et prédicateur de la célébration. « On est devant le même paradoxe lorsqu’on parle du Dieu Trinitaire qui et un et trois à la fois. La catholicité exprime cette réalité qui englobe les diversités dans une unité symphonique...On est tenté de se demander ce que Dieu préfère : l’unité ou la diversité ? Laquelle est la plus chère Dieu et quel est son plan pour le monde, sa création et son Eglise » ?

Cette célébration a cherché à témoigner de cette « Unité symphonique »  par la diversité des chants entraînés par un grand chœur, un chœur africain, des danses de jeunes et de l’Eglise orthodoxe érythréenne et des prières prononcées dans une dizaine de langues. A la fin les 25 pièces d’un vitrail furent mises en place par des représentants des Eglises et communautés. Une manière de signifier la communion à rechercher entre les niveaux local et universel et entre les Eglises et les mouvements.   Chaque pièce comporte les sept couleurs de l’arc-en-ciel, symbole de la présence de la lumière  du Christ ressuscité dans chaque Eglise. Le vitrail a une forme de coupe : un rappel de l’unique source de notre réconciliation – la croix du Christ – et un fort appel à la communion dans le service, le témoignage et la prière... « afin que le monde croie ».

* Martin Hoegger est pasteur de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud, où il est responsable de l’œcuménisme. Il est secrétaire exécutif de la Communauté des Eglise chrétiennes dans le Canton de Vaud.


La Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud se compose de 20 Eglises, ensemble pour la prière, le témoignage et le service. Son  siège est à la Maison de l’Arzillier, Lausanne.

5 septembre 2010

CECCV