France, Anduze: retour sur l’Assemblée Générale de l’Union de l’Eglise Evangélique Méthodiste de France (UEEMF)

Pour le compte du mensuel de l’EEM, ENroute, Luc Brinkert (Mulhouse) retrace dans ses grandes lignes l’Assemblée Générale de l’UEEMF qui s’est tenue les 1/2 avril 2006 à Anduze. Il livre là quelques réflexions et impressions de cette AG d’Anduze qui lui sont venues lors du voyage de retour. Après quoi, nous recueillons aussi le témoignage d’Yves Plantier, président laïque de l’EEM d’Anduze.


Le voyage en car


4 h 30 samedi matin à l’arrêt de Mulhouse. 4 heures déjà que les premiers sont partis de Metz. Sommeil léger ou peu profond, ce sont après les arrêts alsaciens, puis 2 grandes pauses et quelque 9 heures plus tard que le bus atteint la mairie d’Anduze. Avec une précision digne des confrères suisses. Le sud n’a pas menti : le temps est agréable, et l’accueil déjà chaleureux fait oublier les quelques heures de repos qui manquent. Le casse-croûte fut avalé furtivement dans le bus même : une délégation de conseillers se doit d’être efficace. Pas de temps pour quelque flânerie quelle qu’elle soit, même si les chaleureuses retrouvailles retardent un peu le début de cérémonie. On y perçoit déjà, comme à l’accoutumée en pareille occasion, cet esprit particulier cher aux rencontres fraternelles que sont aussi celles des AG de l’Union. Car c’est une AG véritable, celle qui rassemble divers membres de la vaste Eglise Evangélique Méthodiste du côté français, en France. On en reparlera de cette particule…


Au rapport, M. le président


14 h 00 c’est le début officiel de l’AG. Après un café de réconfort offert par les sœurs (et frères) d’Anduze, le Président Bernard (Lehmann) ouvre la session sous l’œil du Surintendant Daniel (Nussbaumer) et du futur Evêque Patrick Streiff. Deux Pierre encadrent la tribune comme scribes. Après les salutations et présentations officielles ainsi qu’une introduction/méditation/exhortation par Daniel Husser, le vif du sujet est abordé au point du rapport du comité directeur que présente Bernard. Son rapport est centré sur l’Eglise.


Eglise motivée, visionnaire, fructueuse, de qualité et missionnaire. Le rapport complet est à la disposition chez nos conseillers et sur le net. Bernard nous invite à nous poser la question de la motivation profonde dans nos « activités » intra – inter – extra -église. Je ne voudrais amputer ce bon rapport de sa richesse. Demandez-le ou téléchargez-le, c’est gratuit ! Je résumerais juste ses propos avec le mot d’ordre souvenir qu’avait prononcé J. Wesley qualifiant sa plus grande crainte (à 83 ans) : « Je n’ai pas peur que les gens appelés méthodistes cessent d’exister en Europe ou en Amérique. Je crains seulement qu’ils ne deviennent un groupe sans vie ayant la forme de la religion, mais sans puissance, et ceci arrivera assurément s’ils ne tiennent plus fermement à la doctrine, à la discipline et à l’esprit avec lesquels ils ont commencé ».


Librairies Certitude


Puis, deux points importants seront soulevés afin d’obtenir l’approbation de l’AG. Car c’est son rôle de décider lorsque prise de position est nécessaire. Un brin d’ordre et de méthode, cela est non seulement nécessaire, mais cette discipline n’est pas une pure lubie empruntée à l’histoire ou la tradition, c’est également une force marquée de respect envers tous les membres qui composent cette Union. Et l’union fait la force… Si toutefois l’Esprit est aux commandes. Deux gros débats tournaient autour de la Librairie Certitude et de l’acquisition des locaux de Saint-Jean de Valériscle (SJdV). Ce sont des aspects plutôt matérialistes de gestion de biens, mais ils procèdent d’œuvres portées et supportées par l’Eglise.


Pour la première, quitus est donné à Pierre Patient, le gérant, pour négocier la meilleure sortie de crise financière que traverse Certitude. Plusieurs pistes existent, mais dans un peu de temps nous en saurons davantage.


L’église de SJdV


Pour la deuxième, l’église de SJdV est devant un dilemme : les bâtiments où elle loue la salle de culte sont en vente. Deux options : soit elle achète tout l’immeuble en indivisible, soit elle se réunira quelque part, autre part, quand elle aura trouvé ailleurs… Le montage financier tarde un peu à être éclairci dans les cerveaux encore embrumés par le voyage. La décision sera prise le lendemain matin. Pierre Geiser use de toute sa diplomatie pour en faire ressortir l’essence du projet : acquérir l’ensemble pour avoir la salle de culte, mais aussi en profiter pour réaliser des logements sociaux, et qui pourront financer une partie du projet tout en étant une possibilité de faire cohabiter église et projet social à vocation missionnaire. Une deuxième option, complémentaire, pourrait se rajouter pour un lieu de vie pour mères célibataires. Après les hésitations de quelques-uns, académiquement bien fondées, car les chrétiens sont soumis aux mêmes lois de financement et d’emprunt, la foi des « sudistes » aura réchauffé la frilosité « nordiste » pour aboutir au vote de confiance et à la poursuite du projet pour l’acquisition.


Choix du libellé UEEMF


Mais c’est bien la particule « de » ou « en » France pour désigner le F du nouveau nom de « l’Union » qui suscita le plus de temps, entre mode d’élection au 2/3 ou majorité simple, selon les statuts pour respecter la discipline. L’EEM est finalement rebaptisée UEEMF, ou l’U de l’Union marque cette force que représente la diversité géographico-historico-culturelle de 2 ex-Unions, celle du « Nord + Sud-Ouest » et celle du « Sud ». N’oublions pas les Suisses (on les compta sur les doigts d’une main). Mais cette particule a-t-elle seulement beaucoup d’importance dans le sigle UEEMF ?


Hommage aux comptables

Saluons également le travail des enthousiastes et compétents Corine Erdmann et Marc Berger aux bourses de l’Union. Leur comptabilité est claire, efficace, et le budget bien calé. Voilà un contrat qui prend un air de durée indéterminée…


Solidarité et Communion


20 h 30. (Les conseillers ne mentionnent pas les agapes servies agréablement par les locaux de l’étape, mais se sont bien régalés. On se retrouve donc après le dîner).

Nonobstant les formalités souvent obligatoires, le temps de partage du soir était centré sur la Parole de Dieu après une présentation du « défi Michée » (défi à la pauvreté dans nos régions, pas forcément outre continent).


La Parole de Dieu, c’est quand même elle qui rassemble, toujours et encore. Et ce qui rassemble le mieux, c’est la communion autour de la Sainte Cène comme ce soir-là. Ni la brochette exceptionnelle de pasteurs ni celle des conseillers engagés n’ont rajouté à la simplicité et la profondeur du repas pris autour du pain et de la coupe. Rituel et habitude ne sauront prévaloir la communion avec notre Sauveur et Seigneur à ce moment, et c’est une joie de la sentir et la vivre les uns avec les autres, sans apparat ni cérémonie, en présence du Saint-Esprit.


Repos de la nuit


22 h 15. L’heure du sommeil, le vrai et autorisé, a enfin sonné. Nous sommes emmenés dans nos quartiers, chez les frères et sœurs qui nous accueillent simplement mais si fraternellement chez eux. Les étoiles brillent, et certains auraient voulu ronfler sous la belle…


« Mille Voix pour te chanter »

9 h 00. Le dimanche matin. Ciel clair, un peu frais. Reprise des formalités pour entériner le oui pour l’acquisition de SJdV. Claire-Lise Meissner-Schmidt nous expliqua le comment et le pourquoi du nouveau recueil d’anciens chants (Mille voix pour te chanter), ceux de nos pères tels Wesley, et leurs configurations dans plusieurs langues. A notre charge de les faire connaître, et de les chanter en langue africaine si nous en avons l’occasion.


Etre disciple et former des disciples


10 h 30. Patrick Streiff nous conduit dans la méditation à votre disposition sur le net. Ce qui m’a profondément interpellé, c’est qu’il recentrait la mission première de l’église, à savoir de former des disciples. Nous avions parlé d’activités, de bâtiments, de grands thèmes, de nom d’Union,… Bref de « business et de politique », et nous voilà rendus à nous recentrer sur la question fondamentale de la mission de l’Eglise. Former des disciples !

Sommes-nous d’abord des disciples ? Sommes-nous des disciples dans nos églises et faisons-nous des disciples afin que nos églises croissent (en nombre et en sagesse) ? Quelle vision avons-nous aujourd’hui de l’Eglise ? Empêtrée dans les tracasseries de mise en conformité des bâtiments, occupée à constater la baisse de fréquentation et des recettes, occupée à chercher une autre activité activiste pour les jeunes sur un autre continent ?


Eglise missionnaire


Eglise missionnaire : le dernier point soulevé par Bernard dans son rapport. Peut-être que l’on aurait pu commencer par là notre AG, par l’essentiel et par les questions qui en découlent. Alors « le business et le politique » n’auraient pris qu’une demi-heure, vers la fin de la rencontre… Un air de déjà-vu dans nos réunions de conseil, n’est-ce pas ? Allons, la tâche est immense et il y a peu d’ouvriers. Qui de vous se lève, quitte à rompre avec les (mauvaises) habitudes ?


Cet appel était pour moi le point d’orgue de l’AG, une sorte d’appel lancé dans ce sud, mais pas seulement pour le sud. Appel discret, mais certainement le plus pressant, le plus fort, le plus profond. Pour que chacun de nous reparte avec l’essentiel, l’essence-ciel : notre engagement missionnaire.


Tempus fugit semper


12 h 15. Le repas est vite pris, mais on profite encore les uns des autres autour d’un dernier buffet si généreusement garni. Bravo aux « sudistes », et merci pour le soleil qui brille aussi à l’intérieur des bâtiments.


13 h 30. Le bus repart après 24 heures dignes d’un marathon pour députés. Mais quelle joie d’avoir vécu ces moments où l’on se rend compte de la diversité et de la complémentarité dans la fraternité de notre Union. A vivre et à redécouvrir encore, et encore sous le regard du Père. Une autre idée me caresse, celle de regrouper les différentes chorales de nos églises le temps d’un WE, soit au soleil dans le sud, soit à Landersen dans les Vosges. Et comme un appel avait été lancé par deux fois pour le « En route », mensuel trait d’Union de nos églises, vous trouverez dans ce même numéro une proposition d’engagement visant à réduire l’écart financier tout en étant sur la voie missionnaire… L’engagement par l’exemple.


21 h 30. Les premiers chez eux seront les Mulhousiens. Les autres doivent encore souffrir un peu. Mais plus pour longtemps…


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En marge de l’AG

Le témoignage d’Y. Plantier (Anduze)


C'est avec beaucoup d'émotion et de fierté que les Eglises d'Anduze et d'Alès ont accueilli l'Assemblée Générale de l'UEEMF.


Ce fut une joie de préparer ensemble ces journées du 1 et 2 avril : logement, repas, chorale, etc ... pour des frères et soeurs en Christ venus d'Alsace, de Paris, du Sud-ouest, du midi, de Suisse ou d'ailleurs.


Pour la première fois de leur toute nouvelle histoire, les Eglises Méthodistes se réunissaient pour parler du passé, bien-sûr, du présent, et de leur avenir. Se retrouver, se connaître, se reconnaître, méditer, chanter, prier ensemble, quel enrichissement !


Les messages, les projets, les discussions ont été fructueux :

-Jésus, vainqueur de l'indifférence.

- L'Eglise, motivée, visionnaire, missionnaire.

-L'appel à la sanctification qui amène au témoignage et à l'évangélisation.


Que de mots d'ordre et encouragement d'aspiration vers le meilleur pour l'avenir de nos Eglises !


Nous avions besoin de cela, nous avions besoin de vous tous. Nous nous sentons, avec tous, partie prenante pour la vie de l'Eglise pour «vivre ensemble cette ouverture vers les autres», comme cela nous fut rappelé au culte de dimanche.


Merci à tous, et surtout à notre Dieu qui a certainement béni ce temps en commun.

Qu'Il continue son oeuvre dans le coeur de chacun des participants.


Source: EEMNI