Conférence internationale sur le financement du développement de 2002: une équipe oecuménique donne la priorité à «la transformation du système financier international»

L'équipe oecuménique qui suit les travaux préparatoires de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en vue de la Conférence internationale sur le financement du développement a affirmé que «le coeur du problème» est la justice plutôt que les questions financières. Les modèles actuels de développement doivent être soumis à un examen critique, car «une vision morale implique la pleine participation de toutes les communautés, en particulier celles qui sont marginalisées par la pauvreté et exclues de toute participation», affirment les membres de l'équipe.


Les délégués des gouvernements se sont réunis au siège des Nations Unies à New York du 15 au 19 octobre pour la deuxième partie de la troisième session du Comité préparatoire (prepcom) de la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Monterrey, Mexique, du 18 au 22 mars 2002. L'équipe de 21 membres présente à New York pour suivre les discussions et nouer des contacts avec les délégués était coordonnée par le Conseil oecuménique des Eglises (COE), en coopération avec la Fédération luthérienne mondiale (FLM). Selon Gail Lerner, membre du personnel du Conseil oecuménique des Eglises travaillant au Church Center for the United Nations, la plupart de ces personnes, plus quelques autres, assisteront aussi à la quatrième session du Comité préparatoire à New York en janvier, puis à la Conférence de Monterrey elle-même.


Certains membres de l'équipe oecuménique ont assisté également aux sessions précédentes du Comité préparatoire, et une réaction de l'équipe au projet de document de l'ONU que les délégués discuteront à Monterrey a été rédigée et mise à jour au fur et à mesure de la publication de nouvelles versions, signale Madame Lerner. 


Changer le système


Le projet de texte de l'ONU, qui subira une nouvelle révision à la lumière des discussions d'octobre, commence par un appel à «mobiliser des ressources financières nationales au service du développement»; il considère ensuite les questions de la mobilisation des ressources internationales privées, du commerce international, de la coopération financière internationale et de la dette, et consacre un sixième et dernier point au «règlement des problèmes systémiques»


Renversant la perspective tracée par l'ONU, l'équipe oecuménique préfère donner priorité à la «transformation du système financier international»


Ensuite, au lieu de considérer le «financement viable de la dette» ou l'allégement de celle-ci, l'équipe demande «l'annulation immédiate et complète» de la dette pour les pays pauvres très endettés, une «réduction substantielle de la dette» pour les pays à revenu moyen, et la suppression des «programmes d'ajustement structurel» imposés par les institutions financières internationales.


Dans le cadre du changement de l'ensemble du système, l'équipe souhaite que ce soit l'ONU, plutôt que le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, qui prenne la direction des opérations en matière économique. «Si on veut véritablement démocratiser le système financier international, souligne-t-elle, l'ONU doit devenir le pilier central des structures financières et économiques internationales.» 


Nouveaux modèles économiques possibles


Commentant la session d'octobre, les membres de l'équipe racontent qu'ils ont entendu certains des pays les plus riches s'opposer au changement et soutenir que le modèle capitaliste ou «néolibéral» existant est le seul possible. Toutefois, les membres de l'équipe ont aussi entendu des appels à de nouvelles approches. Ils sont convaincus qu'un processus utile a été lancé, même dans le cas où les résultats de la réunion de Monterrey se révéleraient décevants. 


Patricio Castillo-Pena, méthodiste du Chili, constate que si, dans le passé, l'économie ne laissait aucune place aux aspects sociaux du développement, les discussions engagées dans le cadre de la préparation de Monterrey montrent que des changements se produisent dans les mentalités. 


Selon Hellen Wangusa, anglicane de l'Ouganda, le changement est nécessaire, parce que « la base n'est pas satisfaite des services du FMI et de la Banque mondiale et souhaite que l'ONU, organisation plus démocratique, prenne leur place. 


Taimalelagi Fagamalama, femme laïque du Samoa, archidiacre, et observatrice de l'Eglise anglicane auprès des Nations Unies depuis le mois d'août, estime que les gens qui parlent de la pauvreté songent souvent à l'Afrique, alors que son propre pays figure parmi les moins développés et mérite qu'on porte aussi attention à sa situation. 


Bien que d'origines religieuses et géographiques fort diverses, les membres de l'équipe oecuménique se sont trouvés d'accord sur les points essentiels. Wendy Flannery, soeur de la Miséricorde (catholique romaine) d'Australie, fait état d'une «forte convergence». Demba Moussa Dembele, musulman du Sénégal, affirme que sa vision de questions telles que l'annulation de la dette, la privatisation et le financement du développement rejoint dans une large mesure celle des membres chrétiens de l'équipe. 


Selon Hans Morten Haugen, luthérien de Norvège qui travaille pour son Eglise dans le domaine des affaires internationales et qui était également membre de la délégation norvégienne au Comité préparatoire, les délégués et autres représentants des organisations non gouvernementales ont admiré la préparation approfondie de l'équipe oecuménique. Celle-ci, dit-il, a exercé son influence non seulement en tant que groupe, mais aussi individuellement, par l'inspiration que ses membres ont donnée aux groupes d'ONG travaillant sur des thèmes particuliers. 


24/10/2001

Source: COE