Nous avons été élevés à la tolérance. Ce qu’on appelait tolérance, c’était de tolérer d’autres cultures, d’autres opinions, d’autres modes d’éducation. Elle était comprise comme une vertu chrétienne. Ces derniers temps, l’approche s’est inversée. Des parents tolérants désemparés font appel à des conseillers pédagogiques. La violence dans les écoles et les rues provoque des mesures plus dures et dissuasives. La peur de ce qui est étranger est manifeste. On dit : "Il y a des limites à tout". Le mot "tolérance" vient de "tolérer", supporter. Dans l’empire romain, une personne "tolérante" était quelqu’un qui avait 'toléré', supporté courageusement la torture. L’histoire chrétienne primitive a beaucoup parlé de tolérer, de subir. C’était l’attitude d’une minorité persécutée. Mais après l’empereur Constantin, l’histoire chrétienne a de plus en plus tendu vers l’intolérance. Augustin rejetait encore la peine de mort pour les hérétiques. Mais plus tard, Thomas d’Aquin a justifié celle-ci et dès lors, les hérétiques ont fini sur le bûcher. Ce n’est qu’aux Lumières que l’on s’est remis à revendiquer la tolérance, faisant référence à Dieu et à la raison. Et maintenant ? Engagé dans un conflit, le concitoyen moderne pousse jusqu’à la limite de la destruction de l’autre. Les héros modernes sont ainsi ! Au long des hauts et des bas de l’histoire, la tolérance reste une vertu chrétienne. Dans le Sermon sur la montagne, Christ a enseigné : "Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent. Bénissez ceux qui vous maudissent !"
Il ne s’agit pas de faiblesse, mais de la loi d’amour.
Heinrich Bolleter
Evêque de l’EEM pour l’Europe centrale et méridionale
Kirche + Welt, n° 17, 13 octobre 2005
Source: EEMNI