Je partirai à la retraite au cours de l'année prochaine; dans cette perspective, des amis me disent souvent: "Alors tu seras libre et n'auras plus besoin de te soumettre à l'agenda archi-chargé d'un évêque". Si nous concevons la liberté comme délivrance de toute pression dans la vie et considérons que la liberté de satisfaire tous nos vœux et désirs est le bien suprême, on en arrive effectivement à de telles déclarations. C'est sans doute bien l'envie de beaucoup de contemporains: une vie "with no limits" ! Une vie sans limitations.
Mais ce n'est pas ainsi que je me représente ma retraite. Je suis persuadé que chaque but et chaque engagement, même à la retraite, impose des limites à notre liberté. Que je veuille, pendant ma retraite, renforcer les liens de mes amitiés, écrire un livre ou enfin escalader le Kilimandjaro…tout nécessite un engagement, une discipline ainsi que le respect de certaines règles. De telles limitations ne restreignent pas ma liberté. Au contraire, elles permettent l'épanouissement d'une liberté plus profondément ressentie et plus importante: la liberté "pour", au lieu de la simple liberté "de" quelque chose. "No limits" n'est pas un objectif chrétien. La liberté, à laquelle Christ nous libère, est toujours une liberté "pour" une nouvelle vocation.
Heinrich Bolleter
Evêque de l'EEM pour l'Europe centrale et méridionale
Source: Kirche+Welt, n° 16, 22 septembre 2005
