Norvège, Trondheim: l’Europe des Eglises s’affirme

La 12e Assemblée de la Conférence des Églises européennes (KEK) s’est tenue en Norvège du 25 juin au 2 juillet. Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la FPF, a été élu au comité central



Au-delà des votes finaux qui ont trainé en longueur, les délégués des 126 Églises membres rassemblés dans le centre de congrès de Trondheim (Norvège) ont participé à l'assemblée générale de la KEK. Même éprouvante par moments, l'expérience est unique.


Les temps forts spirituels qui ont ponctué ces journées retiennent l'attention. Ainsi, les prières du matin et du soir inspirées successivement des matines orthodoxes, de la tradition arménienne ou des cultes pentecôtistes, et toujours magnifiquement chantées, ont été des moments intenses. 


«À la différence de ce qui s’était passé lors du comité central du Conseil Oecuménique des Églises (COE) en août dernier, où il était impossible d’envisager des prières communes, l’ambiance de cette semaine à Trondheim a été bonne», souligne Jean-Daniel Birmelé, secrétaire exécutif de la KEK. Même si, lors des pauses repas, les délégations restaient entre elles, les partages bibliques en petits groupes, chaque matin, permettaient des échanges profonds et simples. 


Autre temps fort: la visite de l’ancien camp nazi de Falstad, à 80 kilomètres de Trondheim. Là, des milliers de Norvégiens, de Russes et d’autres prisonniers des pays de l’Est furent exterminés. 


«La cérémonie devant le mémorial m’a particulièrement émue», confie Birgit Lechat, déléguée du conseil des Églises de Suède, qui, comme beaucoup d’autres, ignorait tout de ce passé douloureux. 


L’Europe vit une étape déterminante de son histoire


Il faut dire que le thème choisi pour cette assemblée était justement la guérison de la mémoire et la réconciliation entre les peuples d’Europe. «Les pays et les gouvernements doivent reconnaître leurs erreurs et leurs torts commis dans le passé», peut-on lire dans le rapport du Comité d’examen des directives. 


Alors que le message de clôture rappelle que cette assemblée, «se déroule en une étape de grande importance pour l’histoire de l’Europe, au moment où tombent les barrières traditionnelles qui divisaient notre continent», l’ambassadeur français retraité François Scheer, a, lui, montré combien l’Europe traversait actuellement une «crise déterminante», tant économique, que politique et institutionnelle. «Nous avons des mécaniciens pour réparer les pannes, mais nous manquons d’architectes pour élaborer une vue d’ensemble», a-t-il expliqué. 


Un même appel avait été lancé le second jour par Kenneth Kaunda, ancien président de la Zambie, en invitant expressément l’Europe à redécouvrir sa place sur la scène politique mondiale. Le rapport du comité des déclarations publiques a ainsi demandé, entre autre, à la KEK, «d’analyser attentivement les changements dans les États européens et de suivre de près le travail législatif de l’Union européenne, notamment à propos de la liberté religieuse et les droits sociaux»


Les Eglises européennes entendent s'engager plus que jamais contre l'esclavagisme; elles plaident en faveur des personnes déracinées en Europe.


Cette assemblée générale a voté l’intégration de la commission auprès des migrants en Europe ( Ceme) au sein de la KEK, ce qui devrait permettre aux Églises membres une «meilleure coordination de leur travail auprès des réfugiés» comme l’a estimé Anne-Marie Dupré, rapporteur de la Ceme. 



Cette Commission auprès des migrants en Europe (Ceme) fondée en 1964 s'occupait alors avant tout de la situation des travailleurs immigrés de l'Europe de sud dans les pays nordiques. Avec les changements politiques survenus depuis, la question de l'immigration se pose de plus belle; la situation des réfugiés, l'immigration irrégulière et l'esclavagisme sont devenues des questions prioritaires en conséquence directe de la globalisation.


La commission Ceme a pour mission de soutenir les Eglises dans leur travail avec les migrants et les réfugiés, dans leur rapport avec les institutions politiques européennes, dans leur lutte contre le racisme et leur engagement en faveur de la paix et des droits de l'homme en Europe. A Trondheim, la secrétaire générale du CCME, Doris Peschke (Allemagne / Belgique), a évoqué l'aide pratique que la commission dispensait en faveur de jeunes femmes déplacées dans des pays occidentaux. "La commission remporte quelques succès, des succès modestes peut-être, mais des succès très concrets."


"Nous espérons pouvoir étendre ce travail à l'ensemble des Eglises membres de la KEK", expliquait le secrétaire général de la KEK Keith Clements (Grande-Bretagne / Suisse) en séance plénière. "Les Eglises européennes ont toutes le même souci de s'engager en faveur des migrants et des réfugiés." L'Assemblée plénière de la KEK a voté une résolution à l'unanimité soulignant cette mission comme une obligation oecuménique.


Dans leur travail, la KEK et la Ceme veulent renforcer le contact avec les Eglises créées par des immigrants au cours des années passées dans les pays européens les plus grands. C'est ainsi que des communautés coréennes et africaines déjà intégrées à des conférences en Europe sont déjà invitées dans la communion de la KEK.


Une autre décision importante a été entérinée à Trondheim: celle d’organiser, en 2007, un troisième grand rassemblement oecuménique européen, après Bâle (Suisse) et Graz (Autriche) en 1997, organisés conjointement par la KEK et le CCEE. Cette fois-ci, il devrait se tenir dans un pays majoritairement orthodoxe, sans doute l’Albanie ou la Roumanie. 


La 12ème Assemblée plénière s'est achevée mercredi par une célébration solennelle à Trondheim.



Source: EEMNI/RNA/LaCroix