Dans le monde virtuel, il est des groupes ou des individus qui se prévalent d'être "chrétiens" sont loin de l'être réellement. La Ligue 'Anti-diffamation' a répertorié les nombreux sites du Web alliés au «Christian Identity Movement» (Mouvement d'Identité Chrétienne) comme la partie "d'une manifestation pseudo-théologique empreinte de racisme et d'antisémitisme fort éloignée du droit."
Un site au nom inoffensif "Étude de la Bible Chrétienne" qualifie par exemple les Juifs comme étant les enfants de Satan et comme reproduisant l'image "de la Bête" de l'Apocalypse et tire la conclusion qu'il faut les mettre à mort. Au fur et à mesure que l'Internet se développe, le nombre de paroles et d'images haineuses n'a cessé de s'y répandre. Le Centre Simon Wiesenthal situé à New York suit à la trace les groupes vecteurs de haine, il rapporte avoir recensé sur le Net et enregistré dans sa base de données presque 3,000 sites incitant à la haine raciale.
"Par le biais d'Internet, ces crimes racistes deviennent d'autant plus dangereux," vient de dire Lois Dauway, cadre du Carrefour Féminin, branche d'activité de l'«United Methodist Board of Global Ministries». "Il procure l'anonymat et, dans le même temps, sert de tremplin à des individus qui prennent l'information, y trouvent matière à encouragement avant d'agir en conséquence. Il dispense de se joindre à un groupe.»
Il est difficile de suivre à la trace de telles personnes, ajoute Dauway, qui mène l'équipe spécialement formée pour susciter des «Ministères au milieu de la Haine et la Violence» (en anglais: «Ministries in the Midst of Hate and Violence»). "On peut contrôler le nombre de ces groupes racistes; mais on ne peut pas contrôler le nombre des individus remplis de haine," explique-t-elle.
Cette réalité dégrisante s'est imposée le week-end du 4 juillet 1999, quand Benjamin Nathaniel Smith - adepte de la suprématie blanche, qui se tuera plus tard pendant une course-poursuite avec la police - tirera à vue des rafales de mitraillette sur des Asiatiques, des Noirs et des Juifs. Parmi ses victimes figurait Yoon Gagné-Joon, un jeune homme de 26 ans, tué devant l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) de Bloomington, Ind., juste avant le culte du dimanche matin.
On a laissé entendre que Smith a tiré son inspiration de la «World Church» du site internet de «Creator», une affirmation démentie par son fondateur. Mais la pasteure Nancy Carter, consultante informatique de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), croit que les actions de Smith étaient à la fois racistes et anti-chrétiennes, et que ces attitudes étaient promues par l'Église du Créateur (dans le texte: «the Church of the Creator»). "Les groupes racistes anti-chrétiens ne sont pas nombreux, mais ce groupe-là est du nombre»," a-t-elle dit.
Smith est l'exemple d'un homme capable de résistance menée «sans meneur» et de l'activisme d'un «loup solitaire». Selon un rapport sur la haine "Hacking and Hate", publié par l'association «Hatewatch», "la résistance menée sans meneur est une idéologie reposant sur l'empressement d'un individu à agir seul... Au lieu d'agir sur l'ordre d'un leader." Des sites Web préconisent le harcèlement ou la violence et "créent un contexte favorable où l'individu estime que ses actions sont bénéfiques au mouvement".... «Il est difficile d'identifier et de poursuivre les parties impliquées," poursuit le rapport d'«Hatewatch». "Beaucoup de sites racistes publient préventivement dénis et avertissements, de manière à se protéger de toute poursuite pénale, si leurs patrons décidaient un jour d'attaquer en justice une des cibles mentionnées sur leurs sites Web. Les groupes extrémistes en ligne utilisent toujours plus fréquemment cette stratégie."
Sandra Peters, consultante auprès de la commission chargée des «Ministères au milieu de la Haine et la Violence», a précisé que la technologie est en elle-même une force neutre, dépourvue de moralité. "La technologie d'Internet est un outil d'organisation extrêmement influent qui peut être employé en bien ou en mal," a-t-elle aussi dit. "Une des techniques plus insidieuses consiste à utiliser des jeux séduisants pour attirer une jeune personne sur un site. Mais pour en arriver là, l'enfant s'expose au barrage de messages racistes."
Mark Weitzman, directeur de l'Équipe spéciale Contre la Haine du Centre Simon Wiesenthal, a reconnu que quelques sites utilisent pour procédés un graphisme brillant, des pages colorées et des énigmes pour promouvoir leurs mots d'ordre racistes. Il y a danger, parce que les jeunes gens "ne sont pas nécessairement capables d'évaluer de façon critique ce qu'ils regardent," a-t-il expliqué.
D'autres sites ont de prime abord une apparence respectable mais révèlent leur véritable nature plus tard. Un site qui semble être lié à Martin Luther King junior, par exemple, s'avère être dirigé par un groupe néo--nazi, déclare Weitzman. Des sites Web négationnistes, -où l'existence de l'Holocauste est nié-, peuvent imiter des établissements universitaires honorables. Carter estime qu'il est nécessaire d'informer les gens sur ces sites, mais il est en même temps assez prudent pour ne pas vouloir faire de la publicité en leur faveur.
"Nous devons être conscients de l'existence de ces sites racistes," a-t-elle dit, mais "nous ne voulons pas leur reconnaître plus de pouvoir qu'ils n'en ont."
*Bloom est la nouvelle directrice du bureau de l'UMNS à New York.
>Source: United Methodist News Service