« Il sera l'arbitre des peuples. Oui, il sera le juge de nombreuses nations. Martelant leurs épées, | ils forgeront des socs pour leurs charrues, et, de leurs lances, ils feront des faucilles. Plus aucune nation ne brandira l'épée contre une autre nation, et l'on n'apprendra plus la guerre. Esaïe 2.4
Par Joey Butler
Alors que les pistolets sont considérés comme quelque chose de beau, un groupe d'artistes au Mozambique transforme l’artillerie en art, et dans ce processus, enseignent les autres à "fabriquer avec leurs épées des socs de charrue."
Basé sur Esaïe 2.4, "fabriquer avec leurs épées des socs de charrue" est un effort de collaboration entre un collectif d’artistes locaux et le Conseil chrétien du Mozambique.
Le conseil recueille les caches d'armes abandonnées par le Mozambique depuis 16 ans de guerre civile, les met hors service et les donne aux artistes locaux pour qu’ils les transforment en sculptures. Les pièces de canon ont été transformées en musiciens, en oiseaux, et même en chaises et tables.
Feel Dos Santos, un artiste du collectif Núcleo de Arte, cherche à produire des images pacifiques dans son travail. "Je fais surtout des oiseaux, car l'oiseau est un symbole de la paix. Lorsque nous voulons voler, quand on veut être libre, on pense aux oiseaux", a-t-il dit.
Pour un évangélique méthodiste comme dos Santos, le message du projet lui tient à cœur. Pendant la guerre civile, son frère a été enlevé par des rebelles et détenu pendant six ans. "Ce projet est ma contribution à la société", a-t-il dit.
Le coordonnateur national, Boaventura Zita, dit que cette idée de transformer les épées en charrues était née d'une rencontre avec une femme âgée qui avait demandé ce qui pouvait être fait de toutes les armes.
Le Conseil chrétien s’est engagé auprès du gouvernement du Mozambique à recueillir les armes. Dans de nombreux cas, les citoyens ont échangé leurs fusils contre des outils, des bicyclettes, des céréales ou d’autres nécessités. Un village a échangé 500 fusils découverts dans un dépotoir pour un tracteur.
Héritage de la guerre
La guerre civile a tué plus de 1 million de personnes et déplacé 2 millions d'habitants et, même si le conflit a pris fin en 1992, les conséquences de la guerre continuent encore à se faire sentir aujourd’hui sur le plan des infrastructures économiques.
"La Guérilla signifie que vous avez à cacher des armes et seules quelques personnes sont au courant", a déclaré Zita.
Lorsque la guerre a pris fin, les stocks sont restés cachés - un danger non seulement pour les enfants qui pourraient tomber accidentellement sur eux, mais aussi parce qu’il favorise le commerce clandestin des armes à feu. La pauvreté généralisée au Mozambique encourage beaucoup d’habitants à vendre les armes dont ils disposent ou à les échanger contre de la nourriture. D'autres, conditionnés par des années de guerre, s'accrochent à leurs armes pour des raisons de sécurité. "Nous devons convaincre les gens de la nécessité pour eux de renoncer à leurs armes à feu comme une contribution à la paix", a déclaré Zita. "Les armes sont destinées à tuer et à imposer des idées par la force ; nous devons chercher à régler nos divergences par des moyens autrement plus valables".
Zita aime le concept : transformer les armes de guerre en objets d'art. "Dans le passé, on utilisait ce type d'armes pour tuer des gens et créer du chaos. Aujourd'hui, c'est quelque chose d'utile à notre société", a-t-il dit.
Non seulement la cause est valable, mais cette expression artistique a attiré l'attention du monde entier. Des œuvres ont été affichées dans l'édifice des Nations Unies à New York, aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, au Kenya et au Zimbabwe. En 2005, dos Santos a collaboré avec plusieurs artistes sur l’"Arbre de vie", une sculpture de 10 pieds de hauteur, entièrement construite grâce à des éléments d’artillerie, commandée et affichée par le British Museum à Londres. "Notre technique montre qu’un monde sans armes pourrait être meilleur", a déclaré Dos Santos. "Nous détruisons les armes et les utilisons dans le bon sens."
7 novembre 2007
traduction eemni
Source: EEMNI