Grande Bretagne: les Méthodistes reviennent au pacifisme évangélique

La Conférence Méthodiste Britannique a recommandé un nouveau livre, Artisans de paix : une Vocation Chrétienne, qui examine les guerres modernes sous l’angle de l’éthique et avance des réponses chrétiennes positives aux conflits déclarés dans la société moderne.


Produit conjointement par l’Église Méthodiste et l’Église Reformée Unie, l’ouvrage aide les chrétiens à réfléchir à l’appel que Jésus lance à ses disciples : soyez des artisans de paix, aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs.


Affirmant qu’un conflit armé ne peut être qu’un dernier recours, le document pose la question de l’usage de la force dans un conflit: peut-on jamais faire un usage positif de la force dans un conflit et, s’il en est ainsi, qui a l’autorité pour poursuivre la guerre?


Il explore aussi les stratégies non violentes possibles pour régler un conflit et parle de conciliation à différents niveaux, locaux et internationaux.


Le livre évoque ensuite les facteurs économiques, social, politique et les facteurs exogènes qui contribuent à la relance de conflits dans les communautés et entre nations.


L’Église Méthodiste a pris de longue date l’engagement de faire la promotion de la paix et d’être une petite communauté pacifiste. Mais elle a en grande partie fonctionné à partir de la tradition de 'la juste guerre' qui cherche à limiter les conflits, au lieu de suivre ces chrétiens qui croient que toute forme de violence s’oppose à l’enseignement de Jésus.


Cependant, un certain nombre d’Églises historiques, notamment l’Église Catholique Romaine, se sont rapprochées de plus en plus de la position de non-violence chrétienne ces dernières années.


Les "Églises historiques pacifiques", comme les Mennonites, croient que des chrétiens vivant dans un monde de violence religieuse et séculière se caractérisent avant tout par leur refus de la guerre et leur vif engagement en faveur de la paix en signe du royaume de Dieu à venir.


Ils soutiennent que le premier devoir de l’église est de témoigner face à l’État, certainement pas de justifier ni d’adoucir la politique du gouvernement qui ne serait pas inspirée fondamentalement par l’enseignement du Christ.


La pensée de 'la juste guerre' est née dans un contexte où l’on cherchait à défendre la chrétienté, en un temps où prévalait l’alliance entre l’Église et l’État. Dans ce contexte-là, le traitement de questions comme la guerre était limité. Un nombre croissant de chrétiens déclare maintenant cette pensée-là comme étant théologiquement et politiquement indésirable et non défendable.


En attendant, "Être artisan de paix : une Vocation Chrétienne", rapporte le témoignage de soldats, d’aumôniers militaires et d’acteurs engagés malgré eux dans un conflit. Il réfléchit à la manière de répondre au terrorisme dans un environnement changeant et lance un appel aux chefs des nations pour qu’ils rejoignent les chrétiens dans la recherche de solutions pacifiques. 


En parlant de sa propre expérience de bombardements 7 jours sur 7, Steve Hucklesby, Secrétaire des Affaires Internationales, a fait les remarques suivantes : "j’ai été soudainement mêlé à une scène indescriptible de carnage, de mort, de chaos et de crainte. Je rencontrais de nouveau ceux qui étaient avec moi à l’époque y compris certains qui avaient été très sévèrement blessés. De multiples façons, leurs vies avaient été changées. Certains ont mené une véritable lutte pour surmonter le traumatisme de leur expérience, je m’en rends compte."


Il a poursuivi : "Dans la semaine qui a suivi le bombardement, 50 personnes ont été tuées dans des explosions en Irak. Israël a vécu ses premiers attentats suicide et dans la Bande de Gaza une jeune femme avait été tuée en conséquence de l’action militaire israélienne. Nous courons le danger de nous habituer à de telles images au point que nous ne percevions plus le chagrin des victimes impliquées dans ces drames et le traumatisme subi non seulement par des individus, mais aussi par des communautés entières."


Hucklesby ajoute : "Être artisan de paix ne signifie pas passivité ni indifférence envers l’injustice — mais une démarche active, créatrice et stimulante ; nous sommes tous appelés à nous y engager comme chrétiens. C’est au cœur de l’enseignement de Jésus, ce n’est pas une option facultative. Ce rapport défie l’Église à quitter le confort de débats familiers et de protestation douce pour agir réellement en faveur de la justice et de la réconciliation."


La Conférence Méthodiste a aussi voté une motion pour s’opposer au remplacement du Trident, système d’armement nucléaire, à son expiration en 2025 environ. Il a pressé le Gouvernement d’ouvrir les négociations de désarmement conformément au Traité de Non-prolifération, et de travailler à l’élimination de toutes les armes nucléaires.


Steve Hucklesby a fait la remarque que "le remplacement du Trident enverrait un mauvais message au restant du monde. Le Traité de Non-prolifération avait comme objectif de limiter la prolifération d’armes nucléaires et le Gouvernement devrait au lieu de cela continuer à réduire la taille de l’arsenal nucléaire britannique, avec pour objectif final le désarmement total, une fois que les derniers éléments du Trident seront désarmés."


La Conférence Méthodiste, réunie à Edimbourg, Écosse, a accueilli favorablement "Être artisan de paix : une Vocation Chrétienne", et recommande l’ouvrage à la réflexion et à l’étude et encourage la production d’autres ouvrages ainsi que la collaboration avec d’autres églises et groupes religieux.

Source: ekklesia/umns