Retour sur la Conférence annuelle (18-21 juin 2015)

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Pour sa 42e édition, La Conférence annuelle Suisse/France/Afrique du Nord de l’ Église évangélique méthodiste (EMU/UMC) s’est réunie du 18 au 21 juin 2015 à Aarau (Suisse).

Ensemble, au-delà des âges

Les dizaines de délégués, en parité laïcs et pasteurs, ont traité sous toutes les coutures du rapport entre les générations dans l’Église « Ensemble, au-delà des âges ». D’abord sur le mode de la méditation.

Matthias Bünger

Aux délégués venus de Suisse, Matthias Bünger explique la nécessité pour l’Église d’aller au-delà de ses frontières et limites pour remplir sa mission - suivre Jésus pour changer le monde à l’exemple des amis portant le paralytique aux pieds de Jésus pour qu’il le guérisse.

Théo Paka

Dans la soirée, devant l’ensemble des délégués enfin tous réunis, le pasteur Théo Paka part de la visite du vieux Siméon au Temple pour parler de la nécessaire interaction entre les générations: aucune génération ne se suffit à elle-même, chacune a besoin des autres. Même si leurs regards diffèrent, elles sont appelées à collaborer dans le respect et l’estime réciproques.

Markus Kleiner

Le pasteur Markus Kleiner part de l’image sportive du passage de relais pour illustrer une facette non négligeable du ministère de l’Église, transmettre l’héritage spirituel d’une génération à l’autre. Une fois qu’elles ont transmis le message, les anciennes générations soutiennent les plus jeunes par leur présence et encouragement.

Bänz Friedli

Samedi matin, c’est sur le mode de l’humour qu’étaient dépeintes les relations d’une génération à l’autre grâce au brillantissime Bänz Friedli, cabarettiste et humoriste de renom. En cette époque hier connectée, les jeunes adoptent un mode de communication propre à dérouter les aînés. Il y avait de quoi rire, sourire par les subtiles allusions de l’humoriste, mais aussi de quoi réfléchir : les jeunes qui se voient léguer un monde plein de conflits et d’exploitations de toutes sortes sont de tempérament à se le coltiner, Bänz Friedli en est convaincu en naturel optimiste. Le débat qui a suivi son show souligne la nécessité dans l’Église de faire prévaloir l’amour et la compréhension entre les générations et de bannir la peur séparatrice par nature.

L’évêque Patrick Streiff

L’Église est bel et bien le lieu où non seulement le fossé entre les générations se comble mais aussi le lieu où l’on fait l’apprentissage de l’écoute et du soutien mutuels, relève l’évêque Patrick Streiff dans sa prédication dimanche matin : « La communauté ne prend forme que là où les gens ont du temps les uns pour les autres, s’écoutent les uns les autres, font ensemble des expériences et les transmettent aux générations suivantes ». Ce programme se vit moyennant l’amour de Dieu versé dans les coeurs. Tel est le message clé à vivre et à transmettre en paroles et en actes.

Succès et échecs en Église

Mais vit-on toujours en Église le succès ? L’échec ne nous guette-t-il pas aussi parfois ? Telles sont les questions que les surintendants posent, se posent et nous posent dans leur rapport annuel. Partant du constat que « le succès visible échappe souvent à l’Église », ils suggèrent des pistes pour résister aux pressions, d’où qu’elles viennent et rappellent que le chrétien ne se définit moins en fonction du succès qu’il rencontre que de l’amour gratuit de Dieu qui en Jésus-Christ aime tout et chacun indépendamment de ses performances.

Au fil de décennies

Deux évêques et divers pasteurs à la fête

Tandis que Martin Streit arrive au terme de ses huit années de surintendance, deux évêques célèbrent des décennies de service dans l’Église : 70 années pour l’évêque Franz Schaeffer et 50 années pour l’évêque Henri Bolleter. Nous saluons au passage les pasteurs Pierre Geiser, Peter Siegfried et Daniel Roman, connus dans le monde francophone ont aussi été honorés pour leur 50 ans de service en son sein. Quant aux pasteurs Daniel Osswald et Daniel Nussbaumer, ils ont à leur actif 40 années de ministère dans l’Église.

L’heure de la retraite

Pour un certain nombre de pasteurs, l’heure de la retraite a sonné, les pasteurs Pierre Bertololy, Christophe et Myriam Waechter, Jean-Philippe et Joseline Waechter.

Une entrée dans le ministère et deux confirmations

Si les uns tournent la page du ministère actif, les autres y entrent et s’entendent confirmée leur intégration dans l’église : admise comme membre probatoire de la Conférence annuelle, Catherine Ehoussou est affectée dès la rentrée à l’église Paris-Résurrection. Quant aux pasteurs Freddy Nzambé et Antoine Da Silva, ils ont été admis comme membres à part entière de la Conférence et ordonnés anciens lors du Dimanche de conférence. - Nous parlons ici essentiellement des mouvements chez les francophones -.

Le Prix de la Paix 2014

Un des événements majeurs de cette Conférence a été la remise du Prix de la Paix 2014 à Hugh et Shirliann Johnson des mains mêmes d’Yvan Abrahams et de Gillian Kingston, successivement président et vice-présidente du Conseil méthodiste mondial (CMM) lors d’une soirée mémorable le 19 juin. Au micro se sont succédés divers intervenants qui ont connu de près le couple Johnson missionnaires de notre Église en Algérie, terre d’islam.

Le pasteur Daniel Nussbaumer

A commencer par le pasteur Daniel Nussbaumer qui retrace brièvement l’histoire de l’Église méthodiste en Algérie dès l’origine à nos jours.


L’évêque Henri Bolleter

L’évêque Henri Bolleter est revenu sur ces années de ministère éprouvant au coeur des années noires, quand le terrorisme sévissait au grand jour et de rappeler que le couple Bolleter n’a jamais déserté la place quand bien même sa sécurité ou celle de sa famille étaient en jeu convaincu que «L'Église doit être présente là où le besoin se fait le plus sentir ».



Le GBGM

Au nom du GBGM (le département missionnaire de notre Église à l’échelle du monde) et de son secrétaire général Thomas Kemper, Andreas Staempfli a honoré à son tour le couple de missionnaires fidèles au poste jusqu’à son expulsion en 2006 du pays.


Mgr Henri Teissier

Compagnon de route de longue date, l’évêque émérite d’Alger Henri Teissier a témoigné du haut niveau de collaboration qui était le leur durant ces longues années. L’oecuménisme était vécu au fil des jours et des épreuves. Ensemble, ils ont travaillé au rapprochement des églises minoritaires dans ce pays musulman et à la formation des responsables de la jeune Église protestante d’Algérie. La diffusion de la Bible sous couvert de la Société Biblique était aussi leur souci permanent, de même que sa traduction en langue arabe et berbère sous les auspices de la Société biblique.Il mentionne aussi le travail social entrepris auprès des migrants sur place à Alger comme dans le Sud du pays auprès de la population sahraouie. Il partageait avec Hugh et Shirliann le maintien d’une présence chrétienne au sein de cette société musulmane, et saluait dans ce cadre la poursuite des cultes à la radio nationale, occasion exceptionnelle de témoignage auprès de la population du pays, heureux de partager ce message évangélique au plus grand nombre et d’être ainsi « cette Église  qui non seulement donne la joie de l’Évangile à ses membres, mais aussi cette Église qui fait signe dans la société ». Le ministère des Johnson en Algérie est bien la preuve, affirme-t-il en conclusion, « qu’on peut être une Église chrétienne qui vit la fraternité  même dans une société musulmane, même dans une période où l’on nous assassine ».

Mme Gillian Kingston

La Vice-présidente du Conseil méthodiste mondial (CMM/WMC) Mme Gillian Kingston explique que ce prix a été remis aux Johnson tout simplement parce qu’au fil de leur ministère en Algérie ils ont fait preuve de courage, de créativité et de cohérence au plus haut degré :  « Votre histoire révèle un courage d'une nature tout à fait extra-ordinaire. …Vous n’avez pas seulement fait de l’Afrique du Nord votre patrie, mais vous vous êtes opposés aux autorités dans votre résistance spirituelle. ». L’hommage n’est pas seulement rendu au couple Johnson mais à travers eux à « l'Église en souffrance dans le pays que vous aimez tant ». En leur remettant le Prix de la Paix, Le Conseil méthodiste mondial s’identifie aux nombreux chrétiens en Afrique du Nord comme au Moyen-Orient qui souffrent pour leur foi. Et de conclure à propos des Johnson : « Vous êtes pour nous une source d’inspiration et de profonde humilité ».


Dr Hugh Johnson

Non sans émotion, le pasteur répond à cette succession d’hommages en insistant qu’en définitive ils n’avaient fait rien d’extraordinaire, mais seulement suivi l’impératif divin : « aimer, aimer Dieu, aimer les enfants, aimer le lieu où Dieu nous envoie ». Au même titre  que les milliers de témoins qui les ont précédés, qui les entourent dans le présent et qui prendront le relais demain. « Tous les chrétiens passés, présents et futurs mettent en pratique l’amour de Dieu pour tous les hommes. Nous sommes réconciliateurs au nom de Dieu, mais cela de maintes façons » admonestant l’assemblée présente à s’investie elle aussi dans le projet de Dieu pour le monde, « un monde où notre vie au nom de Dieu est vécue sans ambition personnelle, mais aussi sans ambiguïté pour que la joie de Dieu en nous et en tous soit complète ».


Shirliann Johnson

Shirliann, l’épouse de Hugh touchée par cette récompense a insisté sur l’importance et le risque du dialogue et de l’amour, plus que jamais d’actualité sur cette terre d’islam : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ce premier des commandements nous a servi de guide dans notre vie. Aller à la rencontre de l’autre, dans le respect total et l’accepter sans condition en lui tendant la main fraternelle. Ce n’est qu’à ce moment-là que le dialogue est possible. Certes le dialogue comporte des risques de changer l’autre mais aussi d’être changé soi-même ». Elle s’est dite heureux d’avoir pu vivre pareil témoignage proche des autres chrétiens au sein d’une communauté chrétienne minoritaire a dans un monde musulman.


Connexio

La migration est une partie de l’ADN de l’EEM

Dans leur intervention successive, Andreas Stämpfli ainsi que les deux co-présidents de Connexio, l’évêque Patrick Streiff et le pasteur Simon Zürcher se sont focalisés sur le sort des réfugiés et des populations déplacées et des interventions de plusieurs églises locales en leur faveur en concertation avec Connexio:

• 100.000 réfugiés venus du Burundi arrivent au Sud-Kivu (RDC). De nouveaux camps ont été établis par l'ONU dans le voisinage des églises locales EEM.

• En Ukraine, les gens fuient le conflit dans l'est du pays vers l'Ukraine occidentale.

• Des réfugiés de Syrie et de pays africains viennent à pied et en vélo en Grèce et aux Balkans pour rejoindre l'Europe occidentale - dans l'espoir d'une nouvelle vie.

Connexio est conscient qu'il n'y a pas de solution miracle pour la migration mondiale, mais cherche à développer de nouvelles mesures dans ce domaine.

Concours de projets Connexio et pour la première fois le Prix du Public

1er Prix et Prix du Public aux deux églises méthodistes de Gennevilliers

Cette année aussi, Connexio a décerné un prix à des projets missionnaires et diaconaux. Pour la première fois, les délégués de la Conférence ont pu attribuer un Prix du Public. Tant le Prix du Public que le premier Prix du Jury sont allés à la Braderie des Chevrins à Gennevilliers, dans la banlieue de Paris créée conjointement par deux communautés méthodistes, l’EEM Gennevilliers et l’EMU Paris Résurrection). Les gens qui vivent dans des circonstances financières difficiles ont, à travers le projet, la possibilité d'acquérir des vêtements de seconde main et divers ustensiles utiles à des prix attractifs. A travers cette implication sociale et diaconale, les communautés locales de l’EEM gagnent en visibilité dans la cité.

Le deuxième Prix du Jury est allé au Bistro-culte, dont l’EEM Zofingen en a déjà  plus de 15. Ces services sont destinés spécifiquement aux personnes qui normalement ne se rendent pas au culte. Un entretien avec un invité de marque, « de la musique-de qualité» et un court sermon font partie intégrante de ce culte bristro. Les visiteurs sont assis à des tables et prennent le petit déjeuner.

L’EEM Schwarzenburg a remporté le troisième Prix du concours Connexion avec un festival de cinéma „Film hoch zwei“ » organisé sur sept soirées depuis 2012, durant les mois d'hiver. Après chaque projection, les cinéphiles partagent les émotions et les questions que le film a déclenchées.

Reportez-vous au site de l’UEEM pour retrouver la totalité des articles et documents relatifs à cette Conférence annuelle. 

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