Réprobation quasi unanime des milieux religieux à l´annonce du "clonage" d´un embryon humain

Le spectre du clonage humain a ressurgi aux Etats-Unis. Les chercheurs d'une société privée, l"Advanced Cell Technology, inc.", ont annoncé le 25 novembre dernier avoir produit des embryons génétiquement modifiés à des fins thérapeutiques. Nombreuses ont été les réactions critiques à cette initiative. EEMNI s’en fait l’écho.


Le Vatican


Académie pontificale pour la vie (PAV) s’était prononcée dès le 25 août 2000 sur "la production et l´usage scientifique et thérapeutique des cellules souches embryonnaires humaines".


Elle analyse dans un document les questions scientifiques et éthiques, motivant son refus par l’identité personnelle de l’embryon: il n’est pas moralement licite de produire et/ou d’utiliser des embryons humains vivants pour la préparation de cellules souches, car loin d’être ”un simple amas de cellules”, l’embryon est effectivement ”un sujet humain avec une identité bien définie, qui, dès ce moment-là, commence son propre développement de façon coordonnée, continue et graduelle. Il s’ensuit que, comme “individu humain”, il a droit à sa vie propre; c’est pourquoi toute intervention qui n’est pas en faveur de l’embryon lui-même constitue un acte qui lèse ce droit.” C’est pourquoi toute manipulation de l’embryon humain, en arrêtant son développement, est ”un acte gravement immoral et donc gravement illicite”. Que cette manipulation vise à favoriser des traitements thérapeutiques ne justifie pas pour autant une telle intervention. ”Une fin bonne ne rend pas bonne une action en soi mauvaise”


L´Académie encourage par contre la recherche sur les cellules souches obtenues par d´autres méthodes (adultes, placenta, cordon ombilical, etc). Elle tient cette voie comme ”la voie la plus raisonnable et la plus humaine en vue d’un progrès convenable et valable dans ce domaine nouveau qui s’ouvre à la recherche et qui permet d’envisager des applications thérapeutiques prometteuses. Cela représente sans aucun doute une grande espérance pour un bon nombre de personnes qui souffrent.”.


La position des Evêques catholiques de France


Le comité permanent de la Conférence des Evêques de France (Eglise Catholique), s’était prononcé le 25 juin dernier contre le clonage thérapeutique. Il ne juge pas acceptable d´utiliser des embryons pour la recherche médicale vu ”le caractère humain de l´embryon ou son appartenance à l´humanité” quel que soit son stade de développement. Cette considération éminemment morale le conduit à récuser ”l´utilisation de "cellules-souches" prélevées sur des embryons”” à des fins thérapeutiques. Ce serait faire de l’embryon une chose, un simple amas de cellules. Il dénonce le danger d´instrumentalisation de ce qui est déjà humain et met en garde contre le "clonage thérapeutique", parce qu’il risque d’ouvrir la voie au clonage reproductif dont il est déjà le départ. ”Nous nous devons d´appeler avec force au respect de l´embryon, ce maillon faible de la chaîne humaine.”


Pour Johannes Rau, président de la République Fédérale d’Allemagne, ”nous ne sommes pas les Seigneurs de la vie


Le président fédéral Johannes Rau a confirmé son opposition de principe à la production, l'importation et la recherche de cellules souches sur l'embryon. Il soutient certes la liberté pour les scientifiques de poursuivre les recherches, mais toute liberté a des limites, fait remarquer Rau le 28 novembre à Erlangen devant le synode de l'Eglise Evangélique Luthérienne en Bavière. "Nous ne sommes pas les Seigneurs de la vie", ainsi parlait le président fédéral.


La Conférence des Evêques en Allemagne


Il s'agit là d'une "atteinte caractérisée portée contre la dignité humaine que nous condamnons avec la plus grande sévérité", expliquait la Conférence des Evêques (Eglise Catholique Romaine) (Bonn) Allemande. On encourt les conséquences les plus graves à force de respecter de moins en moins la création et Dieu.


”Les chrétiens démocrates pour la vie”


En Allemagne, la présidente fédérale des "Chrétiens-démocrates pour la vie" (CDL), Johanna Gräfin de Westphalie (Meschede), tient la tentative de clonage pour un scandale. L'affaire qui vient de survenir aux USA prouve à quel point il sera difficile de refermer la porte de l'exploitation de l'homme, que l'on vient à peine d'entrouvrir.


Les évangéliques méthodistes américains se joignent à d'autres responsables pour protester contre le clonage humain


Immédiatement après la tentative de clonage humain, une commission évangélique méthodiste a rejoint une coalition politique hétéroclite appelant à l’interdiction du clonage humain.


Jaydee R. Hanson, un des responsables de la Commission évangélique méthodiste Église et Société, a prôné l'interdiction du clonage pendant une conférence de presse au Capitole avec les représentants de sept autres groupes les plus divers, allant des écologistes progressistes, des organisations pro-choix à des membres de la droite religieuse. La conférence de presse a été parrainée par le sénateur Sam Brownback, R-Kan., qui s'est engagé à déposer avant les vacances de Noël du Sénat un projet de loi pour interdire le clonage.


"Quelques journalistes éprouveront peut être une surprise à constater qu'une organisation comme la nôtre soutenant le droit des femmes à choisir (Pro-choice) soit présente ici," disait Hanson à 75 journalistes et face à une douzaine de caméras de TV réunies dans le "Russell Senate Office Building" pour la conférence de presse du 26 novembre.


D'autres groupes religieux étaient représentés, à savoir la Conférence des Évêques Catholiques des Etats-Unis et la Coalition Chrétienne.


Hanson a dit que la Conférence Générale de l’an 2000, la plus haute instance législative de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), avait adopté une résolution appelant de ses voeux "l’interdiction complète et totale" des activités menées par la société du Massachusetts, "Advanced Cell Technologies", qui a annoncé le 25 novembre le premier embryon cloné.


"L'Eglise a demandé l'interdiction de tout clonage humain, y compris le clonage d'embryons humains," a déclaré Hanson aux journalistes. ...


Le clonage et l'avortement sont des questions morales "très différentes" l'une de l'autre, a ajouté Hanson lors d'une interview qu'il a accordé à l'issue de la conférence de presse. "C'est une chose pour une femme et sa famille de prendre une décision vraiment dure dans une situation tragique," a-t-il dit. "C'en est une autre pour des scientifiques dans un laboratoire de faire breveter des embryons humains, de monter une banque d'embryons humains, qu’on ne peut obtenir que moyennant finances."


L'Eglise a vu venir ce phénomène dans l'industrie et n'a pas voulu le soutenir, a-t-il dit. "Voulons-nous vraiment une industrie qui prélève des ovocytes sur de pauvres femmes contre de l'argent pour promouvoir la recherche?"


La résolution contre le clonage humain a été votée par la Conférence Générale en l'an 2000; elle a été le résultat d'une étude menée par l'Équipe spéciale Science Génétique de la Commission Eglise et Société formée en 1988. "Les évangéliques méthodistes étaient parmi les premiers à esquisser une politique dans ce domaine," a dit Hanson. "Notre équipe spéciale de science génétique a pris en compte la recherche qui a été faite et les initiatives susceptibles d'être prises et dit 'non.'"


Pendant la conférence de presse, Hanson a exprimé la crainte que les discussions que génère l'opération menée par cette société "Advanced Cell Technologies" aient pour effet de confondre le clonage et les recherches sur les cellules souches.


"La création d'embryons humains par le clonage ou par d'autres procédures n'est pas nécessaire pour poursuivre la recherche sur les cellules souches adultes, placentaires ou même embryonnaires," a-t-il dit. "Et c'est la recherche sur les cellules souches qui permet d'espérer des traitements - mais non la création d'embryons humains."


James Winkler, responsable de la Commission Église et Société, presse le Congrès d'interdire le clonage humain dans sa déclaration du 27 novembre. "L'Eglise Evangélique Méthodiste a depuis longtemps compris que tout qui est actuellement légal n'est pas moral," a-t-il expliqué. "La Conférence Générale de l'Eglise Evangélique Méthodiste a réclamé une interdiction de toute forme de clonage humain. Le congrès doit rapidement se prononcer en faveur d’une telle interdiction."


L'Église Presbytérienne (U.S.A) et des responsables du Judaïsme Réformé défendent de leur côté le clonage thérapeutique pour guérir des maladies tout en s'opposant au clonage reproductif, selon l'AP.


Les responsables religieux marquent ainsi leur opposition au clonage; quant au Président Bush, il est sur la même longueur d'onde que ces derniers; il a invité le Congrès le 26 novembre à interdire le clonage d'embryons humains. Bush est un évangélique méthodiste.


La résolution de la Conférence Générale sur le clonage humain inclut la déclaration suivante: "nous nous prononçons pour une interdiction de tout clonage humain, y compris le clonage d'embryons humains. Cela inclut tous les projets réalisés grâce à des fonds privés ou gouvernementaux et destinés à faire progresser le clonage humain. Si le sort des embryons surnuméraires nous causent du souci, d’autres questions nous préoccupent, qui restent non résolues et que l’on a encore à peine explorées avec des ramifications sociales et théologiques substantielles: la manipulation ou l'abus des gens, l'exploitation de femmes, le déchirement du tissu familial, la mise en cause de la spécificité humaine, la réduction de la diversité génétique, l'orientation des recherches, etc ... . Ces questions encore non résolues suscitent une méfiance significative et de la crainte auprès du grand public." (Livre des Résolutions de l'an 2000, p. 254)

Source: ZT/CEF/IDEA/UMNS/idea Allemagne