Côte d'Ivoire: interview du pasteur Benjamin Boni à propos des récents développements

A l'heure où le président Laurent Gbagbo rend visite à Jacques chriac à Paris, le journal ivoirien NOTRE VOIE a interrogé le pasteur Benjamin Boni, responsable de l'Eglise Méthodiste Unie - Côte d'Ivoire (EMU-CI).


Révérend Benjamin Boni : “Que tout ce qui se fera et se dira soit pour le bonheur des Ivoiriens”


Notre Voie : Le processus de réconciliation enclenché depuis quelques semaines apparaît irréversible. Quelle est votre opinion sur la conduite de ce processus et que peut-on faire pour que ce challenge réussisse, selon vous ?%endfett


- Révérend Boni : Le 4 juillet 2002 lorsque nous étions au palais de la République et que nous avions vu les forces armées des deux côtés prendre la décision de déposer les armes, nous avions tous salué cette décision. Elle est historique même s'il ya encore des zones où les balles crépitent.


Il faut mettre ces velléités sur le compte d'éléments incontrôlés. Qu'il faut contrôler. Nous allons pas à pas vers la fin de ce conflit. Il faut faire en sorte que ce pays qui a tant souffert et là je fais allusion aux victimes de la guerre retrouve la paix. J'ai personnellement visité le Sud et l'Ouest du pays. Je suis allé aussi au Centre et au Nord jusqu'à Korhogo avec les membres du collectif de la société civile pour la paix.


J'ai vu les souffrances des populations. On ne peut pas se permettre d'aggraver cette situation.


C'est donc un impératif pour chacun de nous de mettre fin à cette guerre. Les acteurs politiques doivent être sensibles à cela. Que ce qu'ils font vienne vraiment du cœur et que certains ne disent pas oui et qu'au détour du chemin tiennent un autre langage. Il ne faut pas que la main droite soit tendue vers autrui et que la main gauche tienne l'arme.


Il faut faire en sorte d'éviter le tribunal de l'histoire et celui de Dieu. Craignons Dieu et travaillons au retour de la paix véritable pour que les cœurs meurtris , les cœurs froissés retrouvent la joie de vivre.


NV. : Le Chef de l'État est en visite à Paris du 3 au 7 février à l'invitation de son homologue français, Jacques Chirac. En tant que leader religieux, qu'attendez-vous de ce séjour?


- R.B. : Je sais que l'opinion nationale est divisée au sujet de ce voyage. Il ya des éléments d'information que nous n'avons pas. N'ayant donc pas toutes les données, nous ne pouvons pas nous prononcer comme il faut. Mais, ce que je peux dire, c'est qu'il faut que tous, nous nous mettions en prière afin que ce voyage soit couronné de succès. Devant Dieu qui a dans sa main, la destinée des nations et celle de la nation ivoirienne, prions pour que de cette rencontre que le chef de l'État aura avec son homologue de France, jaillisse des solutions qui fassent espérer la Côte d'Ivoire.


Les relations ivoiro-françaises ont pris un coup de froid à cause de la guerre comme nous le savons tous. Si cette visite peut permettre le réchauffement, c'est une très bonne chose. Dans tous les cas, il faut faire en sorte que tout ce qui se dira et se ferapour le bonheur de la Côte d'Ivoire. Notre pays a le droit de vivre sa dignité en tant que nation indépendante. Comme toutes les autres. On nous donne l'impression que la Côte d'Ivoire est une nation particulière. Non, la Côte d'Ivoire est une nation comme toutes les autres nations du monde. Et les lois qui gouvernent les nations modernes doivent être celles qui définissent aussi la Côte d'Ivoire. Cela est très importante.


N.V. : L'église protestante méthodiste se dénomme désormais l'Eglise Méthodiste Unie -Côte d'Ivoire (EMU-CI). Qu'est-ce que ce changement a-t-il apporté à votre communauté?


R.B. : Depuis le 4 octobre 2001, nous sommes devenus l'Église Méthodiste unie. Nous avons célébré cela comme il est de coutume, lorsqu'une église méthodiste devient membre de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) du monde. C'est une décision majeure prise par notre communauté lors de la conférence de décembre 2001.


A l'heure où nous sommes, nous passons par la phase de transition. Nous sommes en train d'élaborer les textes qui prévalent. Nous nous réjouissons aussi des visites à l'extérieur à travers ce que nous en tirons pour le bien de l'église. Très bientôt nous prendrons part en Pennsylvanie (États-Unis), à la conférence centrale de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) du monde.


Nous serons donc là-bas pour ratifier notre décision d'intégration.


N.V. : Est-ce à dire que l'Eglise Evangélique Méthodiste mondiale n'était pas informée de votre décision d'intégrer la structure et de changer de dénomination?


  • R.B.: Non, elle ne l'était pas. C'est de façon autonome que nous avons pris cette décision. Il faut savoir que nous sommes autonomes depuis le 9 février 1985. Nous avons décidé et cela a été accepté. En mai prochain, notre intégration sera officielle. Nous sommes nombreux à travers le monde à être les nouveaux membres de l'Eglise Evangélique Méthodiste du monde. Il y a par exemple le Salvadore.

Source: Notre Voie