par Patrick Streiff, évêque
À fin novembre, une campagne publicitaire présentait des affiches déchirées. Les voyelles manquaient dans le titre « F-m-n-» . Le texte indiquait combien de personnes meurent aujourd'hui encore de faim. Alors que commençait la ruée des achats de Noël, les affiches s'adressaient à la conscience des passants, les appelant à ne pas oublier ceux qui vivent du côté sombre des nations industrialisées riches.
En Suisse comme ailleurs, on débat de savoir si l'aide au développement induit vraiment des progrès. En se référant à l'Afrique, on affirme souvent que tous les milliards fournis n'ont produit aucune amélioration réelle. Ce faisant, on passe malheureusement sous silence qu'il y a plus d'argent repartant des pays d'Afrique vers les pays riches que de capitaux transférés de ceux-ci vers l'Afrique. Rien que pour l'achat d'armes légères, les montants renvoyés par des pays africains vers les nations industrialisées égalent ceux que l'aide au développement transfère pour le développement. À qui la faute ?
Bien évidemment, la faute n'est pas imputable seulement à l'« Occident qui est riche », mais à tous ceux qui s'enrichissent en Afrique, nationaux et étrangers. Mais un mauvais usage des moyens par les uns ne doit pas servir d'argument pour disqualifier le bon usage fait par les autres. Plutôt que d'en rester à lancer des accusations, nous avons besoin de donner des « affectations » à des personnes prêtes à s'engager pour le bien, au près comme au loin.
La pauvreté est, avec la menace nucléaire et le réchauffement global, l'un des trois thèmes que le Conseil des évêques entend traiter dans la nouvelle version de « Sauvegarde de la création ». C'est également un thème prioritaire de la Bible. Qui réfléchit à ces thèmes et souhaite donner son avis à ce sujet est encore une fois cordialement invité à « Théologie en débat », le 12 janvier à Zurich.
Traduction : Frédy Schmid
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