Hier samedi, la Conférence Annuelle de l'Allemagne du Sud-Ouest (Synode) de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) a voté le message suivant à l'intention des communautés locales à propos de la guerre au Kosovo:
Eglise Evangélique Méthodiste
Conférence Annuelle de l'Allemagne du Sud-Ouest - 32e session du 2 au 6 juin 1999 à Braunfeld
Message de la Conférence Annuelle de l'Allemagne du Sud-Ouest aux communautés à propos de la guerre au Kosovo
Compte-tenu des bombardements des semaines écoulées et de l'espérance que fait naître la fin prochaine de la guerre, la Conférence Annuelle de l'Allemagne du Sud-Ouest adresse le mot suivant aux communautés: Ce qui est rapporté dans les «Principes Sociaux» de notre Eglise à propos de la guerre et de la paix, révèle précisément son actualité et sa pleine signification au regard de la guerre au Kosovo:
«Nous croyons que la guerre est inconciliable avec l'enseignement et l'exemple du Christ. Nous rejetons par conséquent la guerre en tant qu'instrument politique. Nous sommes convaincus que le plus important devoir moral de tous les Etats est de régler tous les conflits auxquels ils sont confrontés par des moyens pacifiques.»
Nous voyons le dilemme en cause: la déportation et le génocide sont également contraires à l'enseignement du Christ et on doit faire en sorte qu'ils n'aient pas lieu. Aussi certains d'entre nous ont estimé pour cette raison justifiée l'intervention de l'Otan. Mais nous voyons avec effroi que le lâcher de bombes contre la Yougoslavie n'a pas atteint le but recherché. La souffrance des Kosovars n'a pas été réduite, et la population civile serbe a dû endurer toujours plus de souffrances. Et les chances pour les peuples de la région de cohabiter ensemble se sont considérablement amoindries maintenant. Nous découvrons que la violence opposée à la violence ne met pas fin à la violence mais conduit à un surcroît de guerre et de vengeance. Nous sommes profondément choqués de la cruauté inhumaine imposée à la population albanaise du Kosovo. Il est juste que devant pareille situation on ne se contente pas d'être spectateur passif et que la communauté internationale cherche à mettre fin à cette injustice.
Mais nous sommes aussi choqués de constater que les politiciens occidentaux n'ont pas réussi à se défaire de l'engrenage et de la logique de la guerre ni à mettre un terme à la violence en défendant leurs propres positions. Une stratégie, qui détruit aussi toute l'infrastructure civile d'un pays perd aussitôt sa légitimité morale. Nous sommes inquiets de constater que l'ONU a été mise de côté dans ce conflit, elle a été écartée de toutes les actions politiques en cours; nous déplorons aussi qu'entre les grandes puissances émergent de nouveau des comportements rappelant la 'guerre froide'. On remarquera particulièrement la détermination à retenir de préférence les forces de l'Otan plutôt que celles de l'ONU pour rétablir l'ordre globalement.
Nous-mêmes, en tant que Conférence Annuelle de l'Allemagne du Sud-Ouest de l'EEM, nous nous engageons et nous appelons nos communautés à redécouvrir tout à nouveau le témoignage rendu à la paix dans la Bible et le mandat de Jésus relatif à la paix et à chercher à résoudre sans violence les conflits par tous les moyens et à tout prix; voilà ce que nous devons apprendre et enseigner. Cela concerne notre rapport à la violence dans notre travail avec les enfants et les jeunes, dans notre travail de formation dans l'Eglise à tous égards mais cela concerne aussi le soutien clair et net, théorique et pratique qu'il convient d'apporter au service civil; il s'agit aussi de donner une place consistante dans notre prière comme dans nos cultes à la prière en faveur de la justice et de la paix également en dehors des crises aiguës. Il s'agit aussi de résister à la logique de la violence et de la guerre, précisément là où à vues humaines elle semble être la seule façon d'agir. Nous devons ensuite aussi savoir écouter et prendre au sérieux ce que nos frères et soeurs des pays concernés ressentent, leur perception des choses et leurs peurs, également quand leurs perceptions diffèrent des nôtres et également quand nos informations sont partielles et nos appréciations subjectives. Nous devons être par tous les moyens possibles aux côtés de ceux qui souffrent à cause de cette guerre, spécialement à côté des réfugiés, qui cherchent un abri chez nous. Par ailleurs, nous renvoyons nos communautés à la résolution du Conseil Episcopal de notre Eglise par rapport à la situation de la République Fédérale de Yougoslavie datant de mai 1999 (podium 6/1999).
>Source: Paul Graesle