Lors de la réunion semestrielle du Conseil des évêques évangéliques méthodistes, l'évêque Walter F. Klaiber, qui supervise le travail de l'Eglise en Allemagne, a émis quelques réflexions sur les événements qui ont ébranlé la planète. Il a construit son propos à travers trois questions, que ses contemporains sont les premiers à se poser dans son pays:
· en qui avons-nous confiance?
· que pouvons-nous continuer à attendre des autres?
· Quelle forme d'espoir offrons-nous au monde?
"Nous n'essayons pas d'expliquer par ces questions la cause de ces événements, mais nous nous demandons quelles conséquences en tirer," a dit l'évêque le 5 novembre.
"Une pièce dollar mentionne, 'en Dieu nous avons confiance'," a-t-il observé. "Mais une partie du problème, c'est précisément le dollar. L'argent est un témoin très problématique de notre confiance en Dieu." Les Églises en Allemagne ont été bondées de monde après le 11 septembre par des gens cherchant un lieu pour pleurer, prier et retrouver un peu de confiance, a-t-il noté.
"Pour moi, des événements comme ceux-ci sont un défi pour évaluer si je mets ma confiance dans le fonctionnement des systèmes de sécurité ou si j'ai vraiment confiance en Dieu. Il ne sont pas rares les gens en Allemagne qui se demandent pourquoi 'ces deux tours, symboles de notre économie globale, ont été frappées, quelle signification a cet événement tragique pour nous?'"
A la place de l'observation qui revient fréquemment depuis le 11 septembre, à savoir que rien ne sera plus comme auparavant, l'évêque a dit, "Rien n'existe qui n'ait déjà existé." Se remémorant l'incendie de sa ville natale l’espace d’une nuit et d’un jour à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a dit que son enseignant lui avait dit, "les guerres les plus cruelles entre humains seront toujours celles que mèneront des gens convaincus de combattre pour une grande idée."
L'enseignant a expliqué que pour ces gens les ennemis n'étaient pas considérés comme de simples êtres humains, mais comme des ennemis du bien ou même de Dieu. Leurs buts justifient à leurs yeux n'importe quels moyens. Klaiber a noté qu'aucun gouvernement ou mouvement n'est immunisé contre ce processus de déshumanisation.
"Aucune puissance nucléaire n'a refusé d'employer des armes nucléaires à la première attaque," a-t-il observé. "Pourquoi ce refus? Que pouvons-nous encore attendre des uns et des autres comme êtres humains?"
Bien que l'occident ne se confonde pas avec la Chrétienté, Klaiber a dit que "de l'extérieur, on nous voit toujours comme une société chrétienne et on nous demande quelle forme d'espoir et de perspective nous offrons au monde." C'est là à ses yeux la question la plus importante pour l'avenir: "sommes-nous capables de donner de l'espoir aux habitants du monde entier?"
"Je suis sûr que l'effet à long terme de ces événements sera fonction de l'espoir et de l'aide que les jeunes du monde entier peuvent attendre de notre manière de vivre," a-t-il dit. "Nous prétendons défendre les droits de l'homme et les valeurs de base de la vie humaine. Mais avec nous les gens du monde entier font l'expérience du primat des valeurs boursières et du mode de vie occidental comme défense pure et simple du consumérisme. Ce mode de vie attirera toujours ceux qui recherchent seulement la prospérité et la richesse, mais, je le crains, il n'attirera pas ceux qui aspirent à la justice et à la paix. Telle est la question décisive à nous poser par rapport à l'action militaire où nous sommes engagés. Vise-t-elle la justice ou la vengeance?"
En conclusion, Klaiber relève une évidence: l'histoire a montré qu’il existait deux sortes de mouvements particulièrement dangereux: "ceux qui pensent être les seuls à devoir établir le paradis sur la terre et ceux qui n'attendent plus rien du tout de cette vie, mais le tout au contraire d'une vie à venir et du paradis céleste.
"Évidemment, nous devons conserver la perspective du ciel aussi bien qu'un sens aigu de notre responsabilité dans les événements présents affectant les habitants de la terre."
L'évêque Elias Galvan, Seattle, est le président du conseil international, qui comprend 50 évêques actifs aux Etats-Unis, 17 évêques actifs dans d'autres pays et environ 50 évêques retraités. L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) compte 8.4 millions de membres aux Etats-Unis et plus d'1 million dans d'autres pays.
8 novembre 2001
Source: UMNS