Canada, Toronto: l’Église Unie du Canada fait une déclaration sur le Carême et La Passion du Christ

L'Eglise Unie du Canada, fruit de la fusion de plusieurs Eglises protestantes dont l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), publie la déclaration suivante à propos du Carême et du film de Mel Gibson "La Passion du Christ".


Pour les membres de l’Église Unie du Canada, comme pour beaucoup de chrétiens et chrétiennes, le Carême est un temps de réflexion, de prière et d’examen de conscience personnel et communautaire en préparation de la fête de Pâques.


Mais en ce Mercredi des cendres, une bonne partie de l’attention de l’Amérique du Nord semble plutôt se porter sur la sortie du film de Mel Gibson La Passion du Christ.


Certains chrétiens et chrétiennes espèrent que ce film entraînera un réveil spirituel sans précédent qui fera que l’on se tournera vers Jésus.


En même temps, d’autres s’inquiètent que le film puisse attiser, intentionnellement ou non, une montée de l’antisémitisme, du fait que les Juifs et les leaders juifs y sont décrits comme ayant joué un rôle clé dans la mise à mort de Jésus.


De plus, d’autres groupes sont préoccupés du fait que ce film, sous le couvert de «l’authenticité» et de la vérité historique, exalte la violence et la souffrance au point de dénaturer la valeur et le sens de la passion et de la mort de Jésus.


L’Église Unie du Canada condamne vigoureusement l’antisémitisme. Lors de son 38e Conseil Général l’été dernier, elle a déclaré que l’antisémitisme et l’anti-judaïsme représentaient une insulte à l’Évangile. Cette déclaration rejetait également tout enseignement d’une théologie préconisant le mépris des Juifs et du judaïsme.


Nous invitons donc toutes les personnes qui verront ce film à tenir compte de cette perspective: ce ne sont pas les leaders juifs qui ont tué Jésus, c’est l’Empire romain. Rien de ce qui a trait à la vie ou à la mort de Jésus ne devrait être utilisé pour offenser ou diffamer le peuple juif.


Les membres de l’Église unie qui verront ce film et réfléchiront à leurs convictions au cours du Carême sont également invités à remettre en question le sens et l’interprétation de la violence et de la souffrance tel que présentées par Gibson, nous dit le révérend Bruce Gregersen, ministre du Conseil général des Programmes pour la mission et le ministère.


«Il est incontestable que Jésus est mort de façon violente aux mains des Romains. Mais mettre l’accent de manière soutenue et excessive sur la souffrance de Jésus, séparément de sa vie et de son ministère, et séparément des vies de toutes les personnes qui ont souffert sous le joug des Romains, engendre le risque de glorifier la violence et de célébrer la souffrance», ajoute-t-il.


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«En ce temps de Carême, nous sommes invités-es à considérer la souffrance de Jésus comme un signe puissant de l’amour et du soucis de Dieu pour les personnes marginalisées par la société et les victimes de torture, d’oppression et d’injustice. Jésus a aimé, guéri et défendu ceux et celles qui souffraient. Il est mort comme l’un d’entre eux et par le fait même il a apporté l’espérance de l"amour qui sauve à toutes les personnes qui souffrent d’injustice », ajoute Gregersen. «La résurrection de Jésus révèle la puissance de cet amour, un amour destiné à tous les peuples et plus fort que n’importe quel empire».


Bruce Gregersen explique que le Carême est un temps de réflexion : «La passion de Jésus devrait nous amener à penser aux personnes qui souffrent d’oppression, de torture, de marginalisation, et qui meurent à cause de la pauvreté et de la violence. Jésus nous a démontré l’amour de Dieu pour ces personnes. Et nous sommes appelés à faire de même aujourd’hui. Devant la souffrance de Jésus dont le film La Passion du Christ nous rend témoins, l’Église unie nous invite à prendre conscience des souffrances des gens que Jésus a aimés jadis et des souffrances de ceux et celles qu’il aime encore aujourd’hui, et à devenir témoins d’espérance en partageant l’amour de Dieu en recherchant la justice.»


Le 25 février 2004

Source: Église Unie du Canada