Message du Conseil des évêques de l’Église méthodiste unie

Au cœur d’un monde instable, seul l’amour durable est de mise pour le règlement des conflits, une des intuitions des évêques réunis à Panama au début de novembre 2010.

Photo UMC

À l’issue de leur rencontre annuelle début novembre à Panama, les évêques de l’Église méthodiste unie ont rappelé des vérités élémentaires : on ne vainc le mal que par un surcroît d’amour. Rappel salutaire et nécessaire en notre monde virevolté et survolté.

Grâce et paix au nom de Jésus-Christ

Nous, les évêques de l’Église Méthodiste Unie, nous sentons poussés à renouveler notre engagement à devenir la communauté bien-aimée du Christ. En tant que Conseil, nous souhaitons aborder les problèmes cruciaux et critiques que sont le racisme et le caractère sacré de chaque être humain. Par conséquent, en tant que dirigeants spirituels et administratifs de l’Église, nous lançons un appel urgent à tout le peuple de Dieu, laïques et clergé : dans vos interventions tant publiques que privées, dites la vérité avec amour, agissez avec compassion, œuvrez pour la paix et la justice dans le monde.

Pour transformer le monde, par fidélité au commandement du Christ, nous avons à montrer l’exemple du respect et de la bonté et à éteindre les feux de l’animosité. C’est pourquoi nous appelons toutes les églises à s’engager dans un dialogue vraiment honnête et une discussion empreinte de respect, de telle manière que les autres qui en observent l’effet dans nos vies puissent déclarer "Voyez comme ils s’aiment les uns les autres".

En tant que personnes de foi, nous avons reçu la mission de construire la communauté bien-aimée parce que le Christ a fait tomber les murs qui divisent et a mis fin aux hostilités entre nous. Pourtant, nous continuons à construire, à l’intérieur de l’Église et dans le monde, des murs qui nous séparent et emplissent nos cœurs de tristesse.

Dans le continent africain et dans de nombreuses parties de l’Asie, y compris le Moyen-Orient, les Philippines et l’Inde, l’impact tant historique que contemporain du colonialisme, du racisme, du tribalisme, de l’hostilité et de la persécution religieuse continue à affecter les relations humaines.

Aux Philippines, le défi consiste à faire tomber les barrières entre la majeure partie de la société et les populations tribales. Relever ce défi signifiera accorder à tous des droits égaux, tels que la propriété de la terre et l’éducation gratuite.

Par nature, le colonialisme en Afrique se développe sur un fond de relations humaines hostiles, violentes et dégradantes. Le racisme et le tribalisme créent des blessures profondes, non dans la chair et le sang, mais aussi dans l’âme et l’esprit. Ces blessures béantes laissent des cicatrices permanentes.

En Europe, le racisme constitue un problème croissant, avec des partis politiques travaillant ouvertement contre des communautés minoritaires, ethniques et religieuses. Les préjugés sont ouvertement discutés dans les médias, la politique et même dans les églises.

Aux États-Unis, il y a eu partout une rapide augmentation de la violence liée à la race, à l’ethnicité, à l’orientation sexuelle et aux préférences religieuses. Cette violence accrue prend la forme d’attaques personnelles, de brimades et d’actes haineux et criminels contre l’esprit, le corps et l’âme des personnes. Ces actes amoindrissent la vie des victimes et de leurs familles, comme aussi celle de leurs auteurs et de toute la communauté. C’est une culmination d’attaques insidieuses et irrévérencieuses contre le caractère sacré de la vie donnée par Dieu.

Dans le monde entier, le terrorisme – ainsi que le montrent les actes de violence gratuite perpétrés contre des personnes innocentes – laisse une traînée de pertes de vies, de membres, de foyers et de communautés. Partout dans le monde, des mesures discriminatoires sont couramment appliquées à l’encontre d’immigrants et de réfugiés. Tout ceci crée une atmosphère universelle de suspicion, de méfiance et de peur. C’est souvent le résultat de persécutions religieuses subies par diverses communautés confessionnelles, y compris chrétiennes, qui menacent la capacité ou l’espoir de réconciliation et de paix. L’Eglise est appelée à s’opposer à ces actes de manière décidée et directe et à engendrer et rendre possible un "parfait amour qui jette dehors la crainte" (1Jn 4.18, TOB) Par des actions intentionnelles, nous pouvons "vaincre le mal par le bien." (Rm 12:21)

Il revient aux porteurs de cette vision d’une communauté bien-aimée d’entreprendre aujourd’hui tout ce qu’il est possible de faire pour hâter l’avènement d’un monde de justice et de paix. C’est là notre espérance, notre prière et notre engagement.

Panama, le 4 novembre 2010

Traduction Frédy Schmid

eemni