Daniel Sommer-Sidler, responsable laïc de la Conférence*
Quelle est la place du pasteur ou de la pasteure dans votre communauté ? En d'autres termes : que serait votre communauté sans pasteur/pasteure? Compte tenu des effectifs actuellement en service au sein de l'EEM, il y a chaque année un certain nombre de communautés qui doivent se passer de pasteur/pasteure. Une telle expérience interpelle une communauté. Il y a d'abord des questions très pratiques: qui fait le travail normalement assumé par le pasteur/la pasteure, par exemple prêcher? Ou encor : qui assume quelle fonction dirigeante? On pourrait allonger cette liste de questions pratiques. Les choses se corsent quand on aborde les questions fondamentales, telles que: qui sommes-nous en tant que communauté sans pasteur/pasteure? Quelle est notre identité en tant que communauté ecclésiale? Comment décrivons-nous notre mission (plus concrètement que "simplement": proclamer l'évangile)?
Ces questions ne peuvent pas être déléguées au pasteur. Toute la communauté doit savoir ce qu'elle veut être, comment elle se voit et comment elle entend remplir sa mission de service. Tout cela est astreignant. D'une part, parce que nous ne sommes pas tellement habitués à réfléchir à un niveau "supérieur" et à parler ensemble. D'autre part, parce que notre réflexion et notre questionnement pourraient ou devraient conduire à des changements. Et la majorité d'entre nous sommes réticents au changement.
Mais en fin de compte, une communauté ne peut survivre que si elle parvient à s'affirmer dans son milieu, avec les moyens dont elle dispose. Survivre, dans ce cas, signifie: accomplir de façon vivante ce que nous avons à faire, être une communauté profonde, chercher et fêter Dieu de manière variée et créative et enfin se confronter sans peur aux questions de notre temps. Tout cela ne peut pas et ne doit pas dépendre uniquement du pasteur/de la pasteure. Ce n'est que lorsque chaque membre se ressent personnellement comme partie intégrante de la communauté, qu'il y a solidarité et identité partagées. Il y faut aussi le don de temps et les contributions matérielles de chacun, selon ses possibilités.
Au fond, nous devrions être communauté comme si nous devions assumer toutes nos tâches sans pasteur/pasteure - et nous réjouir lorsque nous pouvons partager ce service avec un pasteur/une pasteure. La confiance en soi et l'autonomie d'une communauté sont l'expression d'une cohésion responsable et engagée. Les assemblées de circonscription qui ont lieu en ce moment dans toutes nos Eglises nous donnent l'occasion de "bâtir la communauté" ensemble et d'en porter la responsabilité en commun. Je vous y encourage et nous souhaite à tous et à toutes la culture de la parole partagée, indispensable pour y parvenir.
- Daniel Sommer est patron d'une entreprise de charpente-menuiserie
Source: Kirche+Welt No.5, 21 février 2002