Les noms de plus d'un millier des pasteures et des pasteurs évangéliques chiliens seront rendus publics au cours de ces prochaines semaines, afin de les désigner publiquement comme personnes de confiance, officiellement autorisées à recueillir des indications confidentielles au sujet du sort de disparus. L'annonce en a été faite dans la capitale chilienne, Santiago, par l'évêque de l'Eglise méthodiste du Chili, Neftali Aravena.
L'évêque Aravena avait pris part à la "Table de dialogue", une table ronde sur les Droits humains, en qualité de représentant de la minorité évangélique. Cette rencontre, la première du genre, avait vu des militaires et des délégués d'organisations des droits humains discuter en commun, sous la présidence du ministre de la défense et pendant une période assez longue, avec des groupes concernés issus de la société civile. Le but de ces consultations souvent ardues était de formuler des propositions en vue de la solution des problèmes liés aux violations des droits humains pendant la période de la dictature militaire, de 1973 à 1989. L'élucidation du sort des opposants qui furent à l'époque arrêtés et emmenés sans laisser de traces devint le point central du débat.
Les participants d'alors savent encore relativement bien où ont fini les disparus. Mais ce savoir reste dissimulé par peur de poursuites pénales. Il y a quelques semaines, on annonça que les travaux de la Table ronde étaient terminés. Ses membres avaient développé un système, fondé sur le secret professionnel des représentants des communautés religieuses et philosophiques, permettant de révéler les connaissances sur les disparus jusqu'ici tenues secrètes.
L'Eglise Catholique, les Eglises Evangéliques, la Communauté Israélite ainsi que les Libres penseurs se sont déclarés prêts à y collaborer et s'apprêtent désormais à entamer leur activité.
Apportons les précisions suivantes sur les rapports privilégiés existant entre l'EEM de Suisse et de France avec l'Eglise Méthodiste du Chili: l'Eglise Méthodiste du Chili est un des partenaires les plus récents de la Commission pour la Mission Extérieure de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) CH/F - depuis une douzaine d'années - et la seule EEM partenaire avec laquelle la Mission ait un accord de partenariat écrit. Ajoutons ensuite que c'est une Eglise théologiquement et historiquement proche de la nôtre - encore que comme en Argentine, en Uruguay et ailleurs en Amérique latine, cette Eglise de classe moyenne soit en train de devenir - mondialisation oblige - une Eglise des pauvres, ce qui n'est pas sans susciter réflexions et questions sur ce que signifie 'être Eglise' dans notre temps; et puis c'est de cette Eglise méthodiste (comptant moins de 20'000 membres) que sont issues deux Eglises pentecôtistes ayant gardé leur nom d'origine, méthodiste, dont la «Iglesia metodista pentecostal», la plus grande église non catholique du pays. Enfin relevons que l'Evêque Aravena est un homme passionnant, résistant de la première heure à la dictature de Pinochet. A Frédy Schmid, il s'est ouvert de tout ce qui lui est arrivé sous Pinochet, de son rôle de confesseur (protestant) d'un commandant de garnison (catholique) qui n'en pouvait plus de toutes les 'saletés' qu'il devait faire, etc. Cette Eglise Méthodiste bénéficie aujourd'hui d'une bonne image auprès de la population, parce qu'elle avait été aux côtés des disparus, des exilés, des torturés comme de toutes les victimes de la dictature. Tout en ne fréquentant aucune Eglise, 100'000 Chiliens s'étaient déclarés prêts dans un sondage à faire le choix de l'Eglise Méthodiste, si d'aventure ils devaient choisir un jour une Eglise.
<Source: Service Réformé de Presse (RPD) / EEMNI