Le Président Sud-africain Nelson Mandela a décrit le «Conseil Oecuménique des Eglises» (COE) comme «un pionnier dans la lutte en faveur des opprimés et des exploités». Les peuples d'Afrique du Sud se souviendront toujours avec reconnaissance de «sa authentique solidarité» dans le combat pour la libération. Mandela prononcera un discours devant environ 3000 délégués et invités lors de la célébration du dimanche 13 décembre où se fêtait le 50e anniversaire du Conseil Oecuménique des Eglises. Il dira que l'engagement du COE pour le caractère indivise des Droits de l'Homme avait toujours encouragé et inspiré son peuple. Avec le «programme de lutte contre le racisme» décidé il y a 30 ans, le Conseil a foulé de son pied une nouvelle terre, et par là se plaçait résolument du côté des opprimés. Aujourd'hui, le COE est appelé à montrer le même engagement dans le combat bien plus difficile en faveur du développement et de la défense de la démocratie.
La visite de Mandela à l'Assemblée Plénière avait été annoncée à la dernière minute; à l'origine, c'est le Vice-Président Thabo Mbeki qui aurait dû prendre part à la célébration. Dans le communiqué de presse de Mbekis, il était dit que Mandela avait voulu saisir l'occasion, durant les derniers jours de sa fonction présidentielle, pour souhaiter au COE les meilleurs voeux et pour le remercier pour son rôle décisif dans l'établissement de la paix, de la démocratie et de la justice.
Mandela, qui est apparu à la célébration aux côtés du président zimbabwien Robert Mugabe, ajoutait dans son discours que les Droits de l'homme qui viennent d'être acquis ne seraient que des paroles creuses, si l'on ne réussissait pas à briser le cercle vicieux de la faim, de la maladie, de l'inculture et de la précarité. Cela est valable pour son pays, pour le continent et pour le monde entier. Le défi consiste dans le fait d'utiliser les forces étonnantes de l'économie mondiale actuelle pour éradiquer la pauvreté et le sous-développement.
Déjà le 8 décembre dernier, le président zimbabwien Robert Mugabe avait rendu hommage au COE pour son rôle dans la libération de son pays du joug du colonialisme; il l'a fait dans un discours de 50mn. Il a remercié pour l'argent obtenu par les mouvements de libération dans les années 70 grâce au fonds spécial du «programme de lutte contre le racisme» en vue d'objectifs humanitaires. «Le geste courageux ainsi fait dans le cadre du combat contre le racisme et le colonialisme» a aidé les Eglises locales à revoir leur position vis-à-vis du régime colonial et à remédier aux relations injustes. «Je représente un pays libre, pour la libération duquel vous avez combattu. Le Zimbabwe remercie le Conseil Oecuménique des Eglises», a dit Mugabe.
Par ailleurs, Mugabe a appelé le COE à user de son «autorité morale» pour obtenir l'effacement des dettes du Tiers-Monde. Les dettes détruiraient une grande partie de l'espérance, dont les Eglises parlent dans leur prédication. Les gouvernements avec leur mandat limité dans le temps auraient besoin de l'«aide morale» des Eglises, car «parfois il n'est question que de pouvoir».
L'appel de Mugabe à soutenir l'effacement des dettes eut du succès. La 8e Assemblée Plénière d'Harare a décidé de lancer un appel aux quelques 340 Eglises membres, pour qu'elles s'engagent dans ce sens auprès des gouvernements et des instances financières internationales. Les Eglises sont invitées par ailleurs à soutenir des campagnes pour «un moratoire en l'an 2000» et par là à contribuer à un nouveau départ pour ces pays criblés de dettes et très pauvres.
Source: Bureau de Communication COE