L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) rejette les discriminations

par Thomas Brown, rédacteur à T&D


Au cours de la Conférence Annuelle (CA) de la Caroline du Sud de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), l'évêque J. Lawrence McCleskey a réitéré certains principes directeurs du Règlement de l'Eglise de la dénomination. 


Il a commencé son sermon en citant John Harrison, un contemporain de John Wesley, qui a mis au point une horloge fonctionnant avec précision même en mer. L'importance de ce mécanisme résidait dans le fait qu'elle permettait aux marins de calculer exactement la longitude.


Aujourd'hui encore, les systèmes GPS opérant à l'aide de satellites sophistiqués sont basés sur les mêmes principes de temps et de distance établis par Harrison pour calculer la longitude. 


McCleskey a souligné pour ses auditeurs que pour savoir où vous êtes, vous devez savoir quelle heure il est. 


"Mais l'Ecriture nous présente un autre type de temps", a dit McCleskey. "Il est désigné par le terme grec 'Kairos'. Kairos signifie le moment juste, le laps de temps approprié, l'instant favorable. On l'utilise pour parler d'un moment choisi par Dieu pour une décision ou une action importante, décisive."


L'évêque a rappelé à ses auditeurs que c'est en 1956 que l'Eglise Méthodiste a officiellement introduit dans son Règlement des dispositions autorisant l'ordination des femmes. En 1972, le Règlement de l'Eglise a abandonné l'usage exclusif de pronoms masculins pour désigner des départements et des postes de responsables au sein de l'Eglise.


"Aujourd'hui, plus de 3'000 femmes servent dans l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) en qualité d'anciennes ordonnées, dont plus de 125 dans le cadre de la Conférence de Caroline du Sud", a-t-il dit. "En outre, les effectifs estudiantins des 13 séminaires de notre dénomination comportent un tiers à une moitié de femmes. Concernant l'affectation des femmes, la question n'est pas 'si', mais 'quand' ".


En 1964, huit ans avant la fusion des Conférences blanche et noire en Caroline du Sud, le Règlement de l'Eglise Méthodiste disposait, pour la première fois, que les affectations de pasteurs devaient être décidées "sans égard à la race ou à la couleur."


En 1980, le Règlement était devenu très précis quant à ce qu'on appelle "un itinéraire ouvert" dans le cadre de l'Eglise Méthodiste. Le premier paragraphe de la section consacrée aux affectations déclare:


"Les affectations sont décidées eu égard aux charismes et signes de la grâce de Dieu des personnes désignées, aux besoins, caractéristiques et potentialités des congrégations et institutions et à la fidélité dans l'engagement pour un itinéraire ouvert. Un itinéraire ouvert signifie que les affectations sont décidées sans égard à la race, l'origine ethnique, le sexe, la couleur, le handicap, le statut matrimonial ou l'âge…"


L'évêque a posé la question rhétorique: "Quelle heure est-il ?" "C'est la période des affectations. Quelle heure est-il? C'est le temps des engagements. Quelle heure est-il? C'est le moment du Kairos de Dieu, quand il s'agit de vivre nos affectations comme exemples de notre identité fondamentale - pas libéraux, ni conservateurs, ni jeunes, ni vieux, ni homme ou femme, ni noir, ni blanc - en tant que chrétiens."


McCleskey a déclaré qu'il y a deux questions que les surintendants de la Conférence de Caroline du Sud ne poseront plus jamais aux comités des relations pasteur/paroisse de l'Eglise Evangélique Méthodiste. Premièrement: Etes-vous ouverts à l'affectation d'une femme? Et deuxièmement: Etes-vous ouverts à l'affectation d'une personne d'une autre race?


"Cette année - et il en sera de même à l'avenir - nous décidons des affectations sur la base des dons et signes de la grâce de Dieu des personnes nommées, ainsi que des besoins, des caractéristiques et des potentialités des congrégations et des institutions."


McCleskey a indiqué très clairement aux circonscriptions de la Conférence de Caroline du Sud qu'en matière d'affectations pastorales, le Règlement de l'Eglise serait appliqué à la lettre. Sa prise de position à ce sujet, qui faisait partie de son sermon de Conférence, a été bien accueillie par la plupart des membres de la Conférence.


"La déclaration de l'évêque ne représente pas un changement majeur," a estimé le pasteur Ray K. Smith de l'Eglise Evangélique Méthodiste St-Paul. "Des affectations trans-raciales ont eu lieu depuis plus de 10 ans. L'ouverture pour de telles affectations s'est produite en 1972. Et c'est dans les années 1940 qu'une femme a été affectée pour la première fois à une paroisse méthodiste. C'était Margaret S. Dukes, née à Orangeburg. Elle a servi à Folly Beach."


Le pasteur retraité George F. Manigo Jr., lui aussi de l'EEM, a été d'accord avec Smith.


"Lorsque l'évêque se réfère aux débuts du méthodisme, c'est ainsi que les pasteurs ont toujours été affectés ", a-t-il dit. "Et je ne vois pas que ce soit mauvais. Je ne sais pas si toutes les Eglises en sont à ce stade, mais c'est une bonne manière de le vérifier".


Parlant de racisme, ni Smith ni Manigo n'ont souvenir de problèmes personnels vécus au sein de l'Eglise et pouvant être attribués à des motivations d'ordre racial.


"Tout marchait très bien", a dit Manigo. "J'ai pourtant été à des endroits où les blancs n'avaient pas l'habitude des noirs. Mais j'y étais pour faire mon travail, pas pour changer des sentiments. Ce sont des choses que chacun doit changer lui-même à sa propre façon. Les habitudes et les usages jouent un grand rôle dans la manière dont nous pensons et réagissons. Le fait est que les affectations trans-raciales ont très bien fonctionné dans l'Eglise Evangélique Méthodiste".


Mais les deux hommes ont admis que les femmes membres du corps pastoral de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) sont encore l'objet de quelque discrimination dans certaines paroisses.


"Le fait est que des études ont démontré que nous avons un fort taux de démissions parmi les femmes pasteures", a dit Smith. "Cela semble indiquer que nombre d'entre elles ont rencontré des difficultés et ont été découragées."


"Bien des personnes ont encore la notion que les femmes ne devraient pas prêcher", a confirmé Manigo. "Encore que personne ne m'en ait parlé personnellement. Je suis sûr que certaines femmes en souffrent profondément."


Smith a identifié une forme de discrimination à laquelle il est personnellement confronté. 


"Le problème auquel je fais face est l'âgisme", dit Smith. "Les églises expriment souvent très clairement leur désir d'avoir un jeune pasteur. Elles aimeraient attirer des jeunes couples dans leur paroisse et souhaitent de jeunes pasteurs ayant de jeunes enfants. Elles estiment sans doute qu'un jeune pasteur aura plus d'énergie et travaillera avec plus d'ardeur."


"Selon mon expérience,", a ajouté Manigo, "la plupart de ceux qui veulent un jeune pasteur ont eux-mêmes plus de 50 ans. Nombre d'entre eux affirment qu'ils veulent un pasteur jeune pour qu'il vienne motiver la jeunesse de leurs églises. Mais je leur pose la question: 'Comment un jeune pasteur peut-il arriver dans votre église et faire avec vos jeunes ce que vous n'êtes pas en mesure de faire vous-mêmes ?' "


Les deux hommes ont confirmé que leur évêque et l'Eglise Evangélique Méthodiste ont une bonne réputation d'équité et de sensibilité en matière d'affectations pastorales auprès des paroisses de Caroline du Sud.


"L'évêque entend toutes sortes de choses durant le temps où se décident les affectations", a dit Manigo en riant. "Mais nous avons une longue habitude de gérer les choses de manière équilibrée et sensée. Les choses ont bien marché en Caroline du Sud parce que nous avons bien réussi la réunification".


Smith ajoute: "Je pense que l'évêque a fait savoir que s'il estime qu'une femme est la mieux qualifiée pour une église, il l'y enverra. Il ne prendra en compte aucun critère qui serait basé sur un préjugé. Il va toujours essayer de conjuguer une paroisse avec le pasteur qu'il estime le mieux approprié pour elle."


En terminant son sermon prononcé lors de la Conférence de Caroline du Sud, McCleskey a souligné qu'il ne fait pas avancer l'Eglise à l'allure du temps humain, mais grâce à l'inspiration divine.


"C'est le temps de Dieu", a-t-il conclu. "C'est le temps du Kairos ! Il est temps !"


------------------------------------ 


27 novembre 2002

Archives

Source: The Times and Democrat