Etats Unis: le racisme a empoisonné la vie des Méthodistes

Le racisme a marqué le mouvement méthodiste aux Etats-Unis à ses débuts.


Aujourd'hui, l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) revient sur ce passé. Elle s'est repentie pour son racisme et a multiplié ses initiatives pour lutter contre le racisme au sein de la dénomination et de la société en général. Elle cherche aussi à se réconcilier avec les méthodistes noirs américains.


"L'histoire est importante pour comprendre le présent," dit l'évêque Forrest Stith de Upper Marlboro, Md. Il soutient le projet de la création d'un musée pour préserver le parcours historique des afro-américains au sein de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). 


"Si on ne s'est pas penché longtemps sur cette histoire, on l'oublie rapidement," dit l'Évêque Melvin G. Talbert de Nashville, Tenn., qui est devenu l'un des premiers évêques noirs de l'Eglise (élu en 1980).


Parmi les premiers méthodistes aux Etats-Unis figuraient des afro-américains: ils suivaient les premières réunions de réveil et des rangs de l'Eglise sont sortis deux prédicateurs populaires - Harry Hosier et Richard Allen -. Les attitudes racistes ne furent pas rares, comme le fait d'obliger des Afro-américains à s'asseoir aux balcons des Eglises et à recevoir la Sainte communion après les fidèles blancs.


En 1787, Allen et d'autres méthodistes noirs sont sortis de la St. George's Methodist Episcopal Church de Philadelphie pour protester de la façon dont les Blancs les traitaient. Allen a contribué plus tard à la création de l'Église Méthodiste Épiscopale Africaine et en est devenu son premier évêque.


L'Église AME a été la première de trois dénominations historiquement noires créées en raison du racisme ayant cours au sein de l'Eglise Méthodiste en majorité blanche.


L'Église Méthodiste Épiscopale Africaine de Sion a été organisée en 1796 par des Noirs protestant contre la discrimination sévissant au sein de l'Église Méthodiste de John Street à New York.


L'Église Épiscopale Méthodiste Chrétienne (à l'origine l'Église Méthodiste Épiscopale Colorée) a été créée en 1870 comme le résultat d'un accord entre les membres blancs et noirs de l'Église Méthodiste Épiscopale du Sud.


L'Église Méthodiste Épiscopale du Sud a vu le jour parce que des Méthodistes même blancs ne pouvaient pas être d'accord sur les questions du racisme et de l'esclavage. Le fondateur du méthodisme, John Wesley, était un adversaire farouche de l'esclavage; il l'a dénoncé comme un mal et l'Eglise Méthodiste Episcopale s'en est en tenue à son avis. Cependant, les Eglises du Sud se sont détachées en 1844.


En 1939, les rapports ont fini par s'améliorer et l'Église Méthodiste Episcopale, l'Église Méthodiste Épiscopale du Sud et une troisième dénomination, l'Église Protestante Méthodiste, ont fusionné pour former l'Église Méthodiste. Cependant, des Eglises blanches du Sud n'ont toujours pas souhaité former "une Conférence Annuelle" avec des Eglises noires. 


Les Eglises unies ont résolu leur problème en créant la Juridiction Centrale, une unité de la nouvelle dénomination basée non pas sur la géographie, mais la race. L'Eglise est restée isolée pendant presque 30 ans, jusqu'à la formation de l'EEM suite à la fusion des Méthodistes Episcopaliens avec les Evangelical United Brethren. Avec cette fusion en 1968, les Eglises de la Juridiction Centrale, le corps pastoral et les évêques ont été intégrés dans cinq juridictions géographiques américaines de la dénomination.


Au début du 21e siècle, l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) se concentre sur le racisme et fait la promotion de la diversité avec plus d'énergie que jamais. Elle favorise l'intégration et la diversité dans ses institutions et sa direction. Une de ses 14 agences mondiales, la Commission sur la Religion et la Race, s'est penchée sur ces questions et des comités comme celui des Méthodistes Noirs pour le Renouvellement de l'Église ou comme celui des Méthodistes Noirs Associés Représentant la Cause des Américains Hispaniques ont aussi défendu ces thèmes devant l'Eglise. Par divers programmes (le Renforcement de l'Église Noire au cours du 21e siècle, le Plan National pour des Ministères Hispaniques, le Conseil pour les Ministères Coréens-américains et le Plan Complet amérindien), la dénomination multiplie le nombre de communautés locales multiculturelles.


La Conférence Générale (CG) de l'Eglise, son corps législatif le plus élevé, a célébré un culte de repentance et de réconciliation pendant sa session de l'an 2000 à Cleveland.


Les responsables des Eglises de l'AME, de l'AMEZ et des églises CME ont pris la parole lors de ce culte, insistant sur les efforts que les évangéliques méthodistes ont encore à faire pour poursuivre la réconciliation. Des cultes similaires ont été célébrés un peu partout aux Etats-Unis.


Les évangéliques méthodistes et les trois dénominations historiquement noires cherchent à venir à bout de leur passé et travaillent pour un avenir plus paisible. Ils combattent aussi le racisme par le biais d'une organisation oecuménique dénommée Églises Unies en Christ.


Le groupe, qui inclut aussi cinq autres dénominations, a élu Talbert comme le premier président de son conseil de coordination au début de cette année. Le pasteur James Lawson Jr de Los Angeles, pasteur évangélique méthodiste à la retraite et éminent militant des droits de l'homme, dit qu'il considère le groupe "sincère dans ses efforts de lutte contre le racisme." 


L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) a un atout, à savoir son caractère multiculturel et elle cherche à favoriser encore davantage l'intégration, ce qui représente un défi complémentaire. Les programmes et divers groupes dans l'Eglise se concentrent maintenant spécifiquement sur les problèmes entre autres des Hispaniques, des Indiens d'Amérique et des Américains asiatiques. En plus de 14 Noirs, le Conseil des Evêques de l'Eglise comprend deux Hispaniques et un Américain coréen. 


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Le 31 juillet 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)