Les Méthodistes Unis ont aidé à construire cette clinique médicale en 1976 à Jérémie, en Haïti. Une photo UMNS de John Goodwin.
Un reportage UMNS
Par Kelly C. Martini*
Haïti est demeuré longtemps un avant-poste missionnaire de l’Eglise Méthodiste Unie et des travailleurs humanitaires. L’île cherche maintenant du côté de la dénomination les repères lui permettant de mieux renaître.
Un pédiatre examine un patient dans une clinique en 1980. Une photo UMNS fournie gracieusement par la Commission générale Archives et Histoire.
Et ce ne sera pas facile. La dénomination doit à présent à la fois poursuivre la mission de longue durée, - aider à soulager les souffrances historiques éperonnées par la pauvreté et la négligence des autorités -, et aider le pays à se relever une nouvelle fois, la crise étant à son summum cette fois.
«Nous parlons d'un pays à l’état de «ground zero»*, a déclaré M. Harvey Dupiton, un membre de l'Association des Nations Unies en Haït, alors même que les fosses communes continuent de se remplir de corps ramassés dans les rues de Port-au-Prince.
Dupiton, un Haïtien, souligne que durant de nombreuses années des organisations non-gouvernementales ont collaboré avec l'Eglise méthodiste unie dans ses efforts à venir en aide au pays le plus pauvre dans l'hémisphère occidental.
Mais le tremblement de terre du 12 janvier accroît les besoins de façon spectaculaire. L'aide est non seulement nécessaire pour traiter les souffrances humaines immédiates, mais aussi pour aider à reconstruire les infrastructures et l'esprit du pays comme de ses habitants.
Le chantier de la reconstruction
La préparation pour la renaissance du pays doit commencer alors même que l'accent est mis sur la récupération des corps et le triage des blessés, sur ce point les dirigeants confessionnels sont unanimes.
Neal Christie, responsable de la commission méthodiste unie Église et Société, qui connaît bien le sort de la nation insulaire, met l’accent sur la paix et la justice en faveur des Haïtiens au cours des séminaires qu’elle organise.
«Au milieu des ruines, nous avons à regarder de l’avant à ce que nous ferons sur le plan des secours d’urgence comme au moment de la reconstruction. Quel engagement allons-nous prendre vis-à-vis d’un pays dévasté par les politiques et les sociétés étrangères ? Nous avons une histoire, dont nous devons répondre , et en quelque sorte, nous avons permis à Haïti d'être sous-développée », dit Christie.
Plus longtemps on tardera à passer à la phase de reconstruction, plus grave sera la situation. On fait déjà état de fusillades et de pillages, les nerfs sont à vif et le bilan des morts ne cesse de grimper.
«Il y aura le chaos pendant quelques mois, alors même que nous tentons de reconstruire,» dit Dupiton. «Nous voulons mobiliser maintenant pour prévoir la suite des opérations après les secours.»
Dupiton explique que les Méthodistes unis devraient collaborer avec les Haïtiens à la construction de maisons et d’abris ainsi que dans la relance du commerce, des hôpitaux, des soins de santé et des écoles.
Les Méthodistes et Haiti ont une longue histoire en commun
L’action de l’Eglise méthodiste unie en Haïti remonte à près de deux siècles, et a parfois pris le contrepied des politiques du gouvernement des États-Unis et des intérêts commerciaux.
La dénomination a commencé à travailler en Haïti en 1817, suite à une invitation du souverain Alexandre Pétion.
La première république noire du monde et la deuxième république de l'hémisphère occidental est née suite à une révolte d'esclaves. Ce fut une terre d'espoir pour les esclaves, mais considérée par certains pays qui pratiquaient l'esclavage, dont les États-Unis, comme une sorte de menace.
L'Eglise Méthodiste d'Haïti est la plus ancienne église protestante dans le pays.
Des ouvriers aident à la construction d’une clinique à Jérémie.
Une photo UMNS fournie aimablement par la commission Archives et Histoire.
Le gouvernement haïtien a travaillé avec des Méthodistes Unis pour construire des églises, des collèges, des écoles, des cliniques et réaliser des programmes. Le nouveau Collège Bird School a été fondé en 1817.
Jusqu'au tremblement de terre, l'école a assuré la formation de plus de 200.000 personnes par an. Maintenant, les étudiants du Collège Bird échangent en ligne et dans les débris. La page Facebook page de l’école est remplie de questions et de réponses au sujet des étudiants et des formateurs ainsi que des notes sur les personnes appelées à retourner en Haïti.
Le climat politique du pays ponctué par des coups d'Etat et le règne de dictateurs a été instable. Et maintes entreprises des États-Unis et d’ailleurs ont puisé dans la main-d'œuvre bon marché. L'Église s’est prononcée contre le travail des enfants et les ateliers clandestins.
L'Église est également impliquée dans l’aide aux enfants d'Haïti, grâce aux programmes d'International Child Care. Phare de la CCI. Jim et Virginia Snavley ont fondé l'Hôpital Grace pour enfants en 1967 après avoir été consternés de voir des enfants mourir de la tuberculose et de malnutrition.
Quelles que soient les circonstances, les Méthodistes Unis se sont engagés pour aider le peuple.
Par exemple, lors de l’embargo américain de 2000 à 2004, la dénomination s’est associée aux Méthodistes d’Haïti dans la mise sur pied de repas chauds dans les écoles et d’autres projets d’aide aux personnes lésées en raison des troubles politiques.
Mais la nécessité est désormais plus grande que jamais. Des responsables confessionnels tracent d’ores et déjà une stratégie pour aider la nation à se relever.
Martini est un rédacteur pigiste basé à Glen Mills, Pennsylvanie
Note du traducteur : Ground zero est un terme anglais utilisé pour indiquer l'endroit précis sur le sol où a lieu n'importe quelle explosion. Il a surtout été utilisé à partir des attentats du 11 septembre 2001 pour désigner l'ancien emplacement du World Trade Center à New York ; d'une part parce qu'il s'agissait du niveau du sol des tours, jusqu'ici si peu considéré, d'autre part pour constater avec ironie que rien ne semblait devoir être reconstruit. (Wikipedia)
20 janvier 2010
Traduction eemni