Dimanche 8 heures a lieu le culte à Guantanamo à l'extrémité orientale de Cuba. Dans une hutte branlante sans vitres, 40 personnes environ sont assis en rangs serrés sur des lattes de bois. Au moment de lounge et à de prière, la communauté méthodiste se lève. Sa foi et son enthousiasme sont contagieux. La présence de l''Esprit Saint y est sensible et il semble même que l'Esprit porte le toit troué de l'Eglise.
Nous sommes dans l'une des 500 communautés de maison - Casa Culto - de l'Eglise Méthodiste à Cuba. Parce que le gouvernement cubain limite la construction et la rénovation des Eglises, les Eglises ont fondé partout de telles communautés de maison. Ainsi l'Evangile s'est beaucoup rapproché des gens. De leur immeuble, de leur quartier résidentiel, de leur village.
Les chrétiens vivent la bonne nouvelle avec les gens. C'est sûrement là une explication de la croissance très rapide des communautés à Cuba. Aujourd'hui, les méthodistes à eux seuls comptent 11.000 membres. Environ 30.000 personnes suivent régulièrement leurs cultes et leurs rencontres. Tous les mois, une, deux nouvelles communautés sont fondées.
Ce n'était pas toujours ainsi. Après la révolution cubaine en 1959, les Eglises avaient été persécutées. Beaucoup de chrétiens ont aussi combattu la révolution et quitté le pays en direction des USA. Au minimum, l'Eglise Méthodiste n'avait plus que deux pasteurs ordonnés et environ 1.000 membres. "En ces temps difficiles," ainsi que l'explique l'évêque actuel Ricardo Pereira, "vous vous êtes trouvés à nos côtés". C'étaient les chrétiens et justement aussi les méthodistes de l'ancienne RDA qui ont gardé le contact et des liens fraternels avec Cuba au cours de ces décennies. Avec reconnaissance, l'évêque se souvenait qu'en 1964 l'évêque Wunderlich a eu le droit d'entrer comme unique étranger à Cuba pour y diriger sa Conférence Annuelle (CA).
L'évêque Haertel a aussi fait une visite sur place - ainsi que beaucoup d'autres. Ils ont indiqué à leurs frères et soeurs qu'ils ne se trouvaient pas seuls. On m'a montré avec fierté une vieille motocyclette, un don de la RDA dans les années 80.
10h00 à Guantanamo: entre temps, nous sommes dans l'Eglise centrale méthodiste rénovée située dans le centre de la ville. Des centaines de personnes sont venues au culte, on en trouve même dans la rue. La musique est très forte, mais elle est aussi très bonne. La musique unit tous les rythmes qui ont fait la réputation de Cuba. Le culte dure trois heures - selon l'habitude dans l'île -. Personne ne quitte l'Eglise, au contraire - toujours plus de personnes se joignent à l'assemblée. Aucun culte sans un appel à prendre une décision pour le Christ. C'est une Eglise portée à l'évangélisation et une Eglise très cubaine: la majeure partie de l'assistance sont noirs et jeunes. Plus tard, l'évêque m'informera que 80% des pasteurs ont moins de 40 ans. Aujourd'hui, l'Eglise Méthodiste est, peut-être, la plus cubaine des Eglises protestantes dans l'île sous l'angle de la couleur de peau, de l'âge et de la composition régionale.
Les relations avec le gouvernement se sont détendues. Au cours du culte, le responsable locale du parti a salué l'assemblée par ces mots "Companheiros e Hermanos" - camarades et frères. Le soir, dans l'île de la jeunesse, je participe à une petite fête au cours de laquelle un bâtiment d'Eglise a été rendu aux méthodistes. Il avait été utilisé durant des décennies comme une boucherie et ils sont plusieurs centaines de personnes à se retrouver tard le soir dans la rue avec un grand enthousiasme pour récupérer cette construction un peu délabrée.
La restriction des droits de l'homme et des libertés politiques - c'est un côté de la révolution. D'autre part, la révolution a aussi beaucoup fait en faveur des gens. Lors d'une visite à une école, j'étais impressionné par l'équipement de l'école. La vidéo pour les programmes didactiques dans chaque classe, une salle informatique plus grande et un jardin avec des plantes médicinales. Le niveau de l'enseignement scolaire se manifeste aussi au cours des cultes, où la danse et le théâtre jouent un grand rôle et se pratiquent à un haut niveau. " Nos enfants apprennent cela à l'école", me dit fièrement la pasteure Rita Olivia qui porte la responsabilité de ce domaine dans l'Eglise. Le système scolaire, l'enseignement gratuit pour tous, est loin d'être monnaire courante en Amérique Latine. On peut en dire autant du système de santé excellent. Il est d'autant plus difficile de comprendre non seulement que les USA boycottent Cuba depuis des décennies, mais qu'ils aient encore aggravé davantage ce boycott dans les années 90 en dépit de tout le droit international. La politique étrangère des Etats Unis à courte vue empêche Cuba de se développer paisiblement et démocratiquement.
La situation au début des années 90 après l'écroulement de l'Union Soviétique était désastreuse, puisque l'économie avait été de plus en plus orientée vers les pays socialistes au cours des décennies qui ont suivi la révolution. Maintenant d'un jour à l'autre, l'économie a dû s'adapter aux besoins du marché mondial. Dans l'intervalle, cela n'a pas trop mal marché en grande partie, mais les perspectives de développement demeurent toujours aussi difficiles. La relance du tourisme pourrait constituer une porte de sortie de la crise. Aujourd'hui, rien que d'Allemagne, ils sont 300.000 touristes à venir tous les ans à Cuba. Les conséquences en sont une "dollarisation" de la société. Celui qui a des dollars, peut acheter dans des magasins dollarisés tout ce qu'il a de la peine à trouver sur le marché. Celui qui travaille comme portier ou chauffeur de taxi dans la zone touristique, gagne plus par ses pourboires en dollars qu'un médecin ne reçoit de Pesos cubains tous les mois. De nouvelles inégalités entre les riches en dollars et les pauvres en Pesos sont nées. Les conséquences en sont une criminalité et une prostitution croissantes et une décomposition de plus en plus grande de la société.
L'Eglise Méthodiste de Cuba souhaite énormément que l'EEM en Allemagne renoue les bonnes relations qu'elle avait jadis au temps de la RDA. Elle apprécierait la reprise des échanges et se réjouirait, si un missionnaire ou une missionnaire vivait et travaillait pour quelques années avec eux dans leur Eglise. Le service missionnaire de l'EEM en Allemagne a décidé en avril 2002 de reprendre ses relations avec Cuba. Le premier petit projet auquel il apporte son soutien, porte le titre de "Pan de vida" - "le pain de la vie" - il s'agit d'un programme de catéchèse pour enfants (Ecole du Dimanche). Le pasteur Pedro Mayor qui a fait ses études dans les années 80 au Séminaire de Klosterlausnitz et qui est aujourd'hui trésorier du consistoire cubain, salue cordialement tous les méthodistes d'Allemagne avec ces mots: "Dieu n'a pas abandonné Cuba, s'il vous plaît, ne nous abandonnez pas non plus".
19.07.2002
Source: Thomas Kemperer, secrétaire de la commission pour la mission et les relations internationales au sein de l'EEM Allemagne