par Paul McKay*
Pendant 10 ans, les Evangéliques Méthodistes engagés dans l'"Initiative de la Russie" lancée par l'Eglise ont supporté l'infâme bureaucratie russe. Ils ont lutté avec la barrière des langues, traversé en long et en large le territoire qui couvre 11 fuseaux horaires et survécu à de terribles tempêtes de neige.
Mais ils étaient presque 300 Evangéliques Méthodistes à se réunir du 7 au 9 novembre à Dallas pour la 10ème Consultation de l'"Initiative de la Russie". Faire des disciples, ont-ils affirmé, est une véritable lutte dans ce bastion de l'athéisme, cela leur a couté énormément sur le plan financier et spirituel.
"C'était un voyage éprouvant," déclare le pasteur Bruce Weaver, directeur de l'"Initiative de la Russie" lors de la réunion à Dallas.
Weaver s'est rappelé qu'une des premières choses que les Evangéliques Méthodistes d'Amérique avaient faites après la chute du communisme a été de se mettre en relation avec la Fondation Soviétique de la Paix, une organisation humanitaire - devenue maintenant la Fondation de la Paix de la Russie à but non lucratif, qui travaille toujours encore fidèlement avec les Evangéliques Méthodistes - pour fournir de la nourriture et des soins médicaux en Russie en cas de crise alimentaire.
Depuis, le travail missionnaire en Russie n'est devenu que plus difficile, a dit Weaver, notant que "les chicaneries bureaucratiques sont plus nombreuses que jamais, de même que les taxes à payer."
La pointe de l'histoire, c'est que l'"Initiative de la Russie" - dont le but dès le début a été de soutenir l'Église Evangélique Méthodiste de Russie avant qu'elle ne puisse devenir autonome - "a été confrontée à des conflits et à des problèmes," a dit Weaver.
"Remerciez Dieu, parce que tant d'entre vous ont persévéré et travaillé malgré les luttes," a-t-il ajouté.
Le pasteur. R. Randy Day, qui deviendra responsable en janvier de la Commission de l'Eglise Evangélique Méthodiste pour la Mission et la Diaconie, a noté que l'"Initiative de la Russie" est devenue un modèle pour autres initiatives semblables dans trois autres nations.
"C'est à partir de l'"Initiative de la Russie" que nous avons appris à organiser d'autres initiatives," selon Day. "L'Initiative de la Russie a fait un travail innovateur."
Restructuration pour favoriser la croissance
Les orateurs ont souligné que l'"Initiative de la Russie" avait eu pour but de rendre indigène l'Église Evangélique Méthodiste (EEM), capable de continuer sans l'appui de l'Eglise américaine si possible. De même que les Méthodistes qui se sont aventurés en Russie au cours des derniers 19ème et 20ème siècles ont été contraints de quitter le pays après la Révolution Bolchevique, ceux-là mêmes qui ont été impliqués dans l'"Initiative de la Russie" disent aujourd'hui que la Russie demeure suffisamment fragile pour que des Méthodistes américains puissent être un jour expulsés du pays.
Pour le moment, cependant, l'Eglise russe progresse. L'évêque Ruediger R. Minor, qui a veillé sur la renaissance du méthodisme en Russie et dans les territoires environnants depuis 1992, s'est rappelé le temps où l'Église Evangélique Méthodiste se résumait à "un diacre russe ordonné et à beaucoup de volontaires enthousiastes."
"Nous n'avions aucune construction, aucune Eglise, aucun membre," a-t-il dit. Minor a noté qu'aujourd'hui l'Eglise russe dénombre environ 5,000 membres et membres en cours d'intégration, presque 2,000 élèves à l'École du dimanche pour tous les âges et une présence dans cinq pays: la Russie, le Kazakhstan, l'Ukraine, la Moldovie et la Biélorussie.
À la Conférence Annuelle (CA) de la Russie réunie en septembre, l'évêque a attribué 127 affectations pastorales pour 110 communautés locales. Les délégués de la Conférence ont aussi approuvé un plan de décentralisation créant quatre nouvelles Conférences Annuelles, avec 11 districts, au lieu d'une seule Conférence jusqu'alors toujours centrée sur Moscou.
Minor a dit que la nouvelle structure permettrait aux membres de l'Église Evangéliques Méthodiste de Russie "de participer en première ligne à toute prise de décision," et d'être "multinationale" avec le développement de congrégations dans d'autres pays comme l'Ukraine.
"Pour employer une expression américaine, les décisions seront prises là où le caoutchouc rencontre la route - dans les églises locales," a dit l'évêque. "Désormais, les Conférences ne seront pas juste pour les pasteurs mais aussi pour les communautés locales. Les membres des Eglises et des districts compteront sur eux, pas sur Moscou."
La décentralisation aura pour effet de concentrer le travail missionnaire local dans les alentours et de mettre un nouvel accent sur la gestion, a-t-il dit. "Le but n'est pas d'en rajouter sur le plan administratif, mais de favoriser une nouvelle ouverture de nos coeurs et nos esprits pour que nous engager dans la mission, de renforcer et de relier nos liens, de grandir de toutes les manières possibles dans le Christ."
Cependant, les participants de cette rencontre ont noté que l'Eglise russe comptera encore pour un temps indéterminé sur l'appui des Eglises et des Conférences américaines par trois moyens: le moyen de communautés locales prêtes à leur fournir en guise de soutien l'aide financière;le moyen d'Eglises "associées" qui prennent l'engagement minimal sur deux ans d'envoyer deux équipes missionnaires dans le territoire de la Russie et de développer de solides relations; et le moyen des Volontaires en Mission, un programme envoyant des équipes pour un travail ou des projets humanitaires.
L'évangélisation des enfants
Le pasteur Jarrell Tyson et sa femme Natalie, un couple de missionnaires, a vécu sept ans au milieu des Russes dans leurs maisons et entamé un travail pionnier pour implanter de nouvelles communautés locales. Une stratégie missionnaire qualifiée par Mme. Tyson comme étant de "l'évangélisation dans la cuisine."
"Les Russes n'ont pas compris pourquoi ces étrangers désignés comme méthodistes sont venus chez eux, ni pourquoi ils leur ont montré de l'amour et du respect pour eux," a dit Mme Tyson. "Vous avez montré du respect pour eux, leurs coutumes et leur tradition orthodoxe et toutes les dénominations n'ont pas adopté pareille attitude. Ils sont devenus curieux de ce Dieu Méthodiste et ensuite ils sont revenus parce qu'ils avaient cru."
Les Tyson ont noté qu'à force de vivre avec les Russes ils ont été en mesure d'assimiler la culture et les coutumes tout en les enseignant au sujet de Dieu et de l'église dans de petits groupes et par des études de la Bible.
Jarrell Tyson s'est rappelé qu'un pasteur russe évangélique méthodiste s'est heurté un jour à l'opposition des responsables d'un village.
"Sur ce, une fille de 9 ans est allée dans une colonie de vacances où il y avait quelques Méthodistes russes et quelques Méthodistes américains," a-t-il dit. "La fille a vécu de grands moments; de retour à la maison, elle a commencé à parler de sa semaine passée dans ce camp méthodiste.
"Les adultes en Russie écoutent leurs enfants plus que nous avons tendance à le faire," a continué Tyson. "Les adultes dans le village ont appris de la fille que des Méthodistes, qu'ils soient Russes ou Américains, étaient des gens bien. Suite à cela, l'opposition à l'encontre du pasteur évangélique méthodiste dans le village est allée en diminuant. Les conseillers municipaux de ce village ont accueilli le pasteur russe.
"Tout cela a été rendu possible à cause du travail fait par des gens comme vous, qui avez impressionné une fille de 9 ans," voilà ce qu'a dit Tyson aux participants de consultation.
11 pasteurs russes ont fait le voyage de Dallas pour partager leurs propres joies et leurs peines. La plupart d'entre eux ont fait remarquer qu'ils avaient grandi sous le communisme et n'avaient par conséquent qu'une faible connaissance ou même aucune connaissance de Dieu, du Christ ou de la Bible et avaient été parfois même hostiles au christianisme. Ils ont dit qu'ils n'avaient pas eu la moindre idée de ce que pouvait être un Méthodiste avant de rencontrer des personnes dénommées Méthodistes.
Le pasteur Alexandre Merzylakov, pasteur de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) à Lugansk, Ukraine, a dit que sa mère lui avait acheté une Bible et l'avait invité à la lire comme un "un livre culturel ou comme un livre d'histoire" au début des années 1990. "Je n'ai pas voulu le lire, mais elle a insisté.
"Remerciez Dieu pour les mères!" dit-il avec un sourire.
Merzylakov a noté que la lecture de la Bible l'a conduit finalement à la joie d'une vie dans le Christ. "Après la lecture de la Bible, j'ai été rempli d'une grande joie et paix," a-t-il dit. "Et cette Bible que ma mère m'a fait lire provenait d'une Eglise Méthodiste. Je me dis par conséquent que j'étais parmi les premiers méthodistes."
Soutien au séminaire théologique
Par ailleurs, les participants à cette rencontre de Dallas ont appris que les étudiants au Séminaire Théologique évangélique méthodiste de Russie à Moscou vont pouvoir bientôt évoluer dans un espace moins étroit que le bâtiment actuel, qu'ils occupent depuis 1995, tellement serré qu'ils n'ont même pas de locaux pour le culte, la bibliothèque ou la salle informatique.
La restauration du bâtiment est en cours de finition: vieux mais spacieux, le nouveau bâtiment compte trois étages; ce jardin d'enfants aacheté il y a des années hébergera le séminaire et le Centre Méthodiste, mais il a fallu pour cela une sacrée paperasserie, pas moins de 130 permis de construire.
L'évêque de la dénomination Marion Edwards de Raleigh Area a noté que plus de 2 millions de $ ont été réunis grâce à une collecte des fonds sur les 4 millions de $ nécessaires à la rénovation et au soutien du séminaire.
D'autres pasteurs russes et méthodistes américains ont décrit les maux sociaux qui gangrènent toujours encore l'ancienne Union soviétique: l'alcoolisme constitue la première cause de mortalité et l'espérance de vie des hommes est ramenée à l'âge de 57 ans, à cause de ce fléau. On a aussi rappelé aux participants présents à cette consultation que le taux de mortalité excède de loin le taux de natalité en Russie, un fait qui pourrait avoir de sérieuses conséquences à l'avenir.
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*McKay est un auteur indépendant vivant à Dallas.
Le 14 novembre 2002
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Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)