Cela fait 8 mois que l’Armée du Salut est présente à Varsovie. Le gouvernement refuse d’enregistrer officiellement l’église et l’oeuvre fondée par William Booth, ce qui limite pour l’instant son engagement social. Marie LEFEBVRE-BILLIEZ donne des précisions sur la situation de l’Armée du salut en Pologne dans les colonnes de l’hebdomadaire Réforme.
L’Armée du Salut s’est installée à Varsovie en septembre 2005 pour organiser un culte une fois par mois. A l’origine : un Polonais vivant aux Etats-Unis qui souhaitait implanter le mouvement salutiste dans son pays natal. La petite communauté s’est rapidement accrue pour atteindre plus d’une centaine de membres. Elle organise désormais un culte une fois par semaine, le dimanche après-midi, dans les locaux d’un centre social.
En novembre 2005, elle entreprend des démarches auprès du ministère de l’Intérieur pour s’inscrire en tant qu’Eglise et pouvoir ainsi officiellement développer ses activités sociales et ecclésiales.
Mais, en février 2006, le ministère de l’Intérieur lui refuse son inscription. « Nous étions si surpris », raconte la chef de territoire de l’Armée du Salut en Pologne, Vibeke Krommenhoek. « Ils ne nous ont pas défini comme une Eglise parce que, disent-ils, nous n’avons pas d’activités ecclésiales. Mais nous avons un culte tous les dimanches ! Nous avons l’impression qu’ils ont refusé notre inscription simplement parce qu’ils ne veulent pas de nous. »
Et Vibeke Krommenhoek de mentionner le « climat politique difficile » actuel et le poids de l’Eglise catholique : « Il y a beaucoup de résistance à toute influence étrangère. Etre protestant en Pologne est compliqué. »
L’Armée du Salut disposait de deux semaines pour faire appel. Elle a fait fonctionner tous ses réseaux internationaux pour faire pression sur le gouvernement polonais. Elle a ainsi obtenu le soutien officiel des ambassades de France et des Etats-Unis à Varsovie. Situation assez cocasse pour une Pologne favorable à la référence à Dieu dans le traité constitutionnel européen, face à une France laïque qui y était opposée !
L’Armée du Salut polonaise a également obtenu le soutien des Eglises réformée et baptiste de Varsovie, et cherche par tous les moyens un soutien de l’Eglise catholique elle-même. Le siège de l’Armée du Salut à Londres a donc contacté l’Eglise catholique anglaise qui s’est mise en relation avec la Conférence des évêques de Pologne. Ces derniers affirment dans une récente lettre adressée à leurs homologues anglais que « le dossier est en cours de réexamen » au sein du gouvernement polonais.
Or, le temps presse. Car la communauté salutiste de Varsovie est dirigée par un couple d’officiers (pasteurs) originaires de Moldavie. Envoyés en Pologne pour leur très bonne connaissance de l’Europe de l’Est et ayant appris à parler le polonais couramment en quelques mois, ils ont cependant besoin d’un visa, qui arrive à expiration, et dont le renouvellement dépend de cette fameuse inscription officielle.
Une action sociale en panne
De plus, « si nous ne sommes pas enregistrés, nous pouvons toujours nous réunir dans des appartements pour prier et lire la Bible, mais nous ne pouvons pas avoir d’action sociale », déclare Lucas Skurczynski, membre actif de la communauté et enseignant de français. Or, les projets d’action sociale ne manquent pas : ouverture d’un petit magasin de vêtements d’occasion pour les populations défavorisées et programmes de prévention contre l’alcoolisme dans les écoles. « Les problèmes liés à l’alcool, notamment la vodka, sont très importants parmi les collégiens », déplore Lucas Skurczynski.
D’ores et déjà, l’Armée du Salut organise à Varsovie des repas de Noël et de Pâques pour des sans-abri ou personnes seules ainsi que des activités de loisirs dans les hôpitaux et les orphelinats. Et elle souhaiterait en faire davantage…
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Source: Réforme N°3169