LETTRE DE MISSIONNAIRES AMERICAINS AU PRESIDENT OBAMA A PROPOS DU PRESIDENT HONDURIEN DESTITUE

Des missionnaires de l'Eglise évangélique méthodiste (UMC/EEM) servant ou ayant servi en Amérique latine ont appelé le président des Etats-Unis Barack Obama «à prendre les mesures diplomatiques et économiques qui s'imposent» pour restaurer le président hondurien destitué Manuel Zelaya. 

Les travailleurs d'Eglise ont fait parvenir une lettre à Barack Obama suite au coup d'Etat qui a entraîné le renversement du président du Honduras le 28 juin, le jour même où Manuel Zelaya prévoyait d'organiser un référendum pour savoir si le peuple approuverait l'élection d'une Assemblée constituante. Les opposants au président déposé affirment qu'il se servirait de cette Assemblée pour modifier les dispositions de la Constitution portant sur le nombre maximal de mandats et pour se présenter une nouvelle fois. 

Dans une lettre du 14 juillet adressée à Barack Obama, 36 employés de l'UMC/EEM ont salué le président des Etats-Unis pour «le ton nouveau et rafraîchissant» qu'il a apporté aux relations «entre le gouvernement des Etats-Unis et les pays qui se trouvent dans le même hémisphère». 

Ils se sont félicités de la décision de Barack Obama «de dénoncer immédiatement le renversement comme un coup d'Etat illégal», et du soutien qu'il a accordé «aux mesures prises par l'Organisation des Etats américains, qui condamne le coup d'Etat et appelle à la restauration au pouvoir de Manuel Zelaya». Dans leur lettre adressée au président des Etats-Unis, les travailleurs de l'UMC ont évoqué Manuel Zelaya comme «le président légitime et constitutionnel du Honduras». 

«Le coup d'Etat remet profondément en question les progrès accomplis récemment dans la région pour élire des gouvernements représentant plus adéquatement les intérêts de ceux qui sont depuis trop longtemps relégués en marge du progrès économique et social», peut-on lire dans la lettre. 

Les missionnaires ont demandé à Barack Obama d'examiner «toute implication d'agences liées au gouvernement des Etats-Unis, y compris de l'International Republican Institute (IRI), qui auraient encouragé ou préparé la rupture du processus démocratique au Honduras». 

L'IRI, une organisation politique basée à Washington, affirme sur son site web que sa mission est d'agir, en tant qu'organisation non partisane à but non lucratif, en faveur de l'avancement des libertés et de la démocratie à travers le monde, en développant les partis politiques, les institutions civiques, les élections libres, la bonne gouvernance et l'Etat de droit. Ses critiques accusent l'IRI d'avoir, entre autres activités, soutenu et formé des partis et leaders d'opposition pendant le coup d'Etat de 2004 en Haïti. Le sénateur John McCain, rival malheureux de Barack Obama lors de l'élection présidentielle de 2008, est le président du Conseil d'administration de l'IRI. 

«Etant donné le lourd passif du gouvernement des Etats-Unis en matière de bouleversement de démocraties authentiques dans toute la région, il est important que votre engagement en faveur de la justice et de la démocratie soit reflété par le gouvernement des Etats-Unis tout entier», affirment les employés de l'UMC/EEM dans leur lettre. 

Le président costaricien Oscar Arias, lauréat du prix Nobel de la paix, joue le rôle de médiateur dans la crise au Honduras. Les dirigeants du gouvernement actuel au Honduras, menés par le président intérimaire Roberto Micheletti, affirment que l'éviction de Manuel Zelaya était légitime, car, selon eux, ce dernier cherchait à modifier la limite de mandats présidentiels et à se maintenir au pouvoir. 

Les travailleurs méthodistes ont écrit dans leur lettre qu'ils ne cherchent pas à «faire l'apologie du gouvernement du président Zelaya, ni à défendre ses actions qui ont conduit au coup d'Etat», affirmant comprendre «la diversité d'opinions au Honduras au sujet des agissements du président Zelaya». Ils ajoutent cependant que, selon eux, «son renversement s'est fait en violation du droit hondurien». 

17 juillet 2009

Chris Herlinger

ENI / Réforme