Le Révérend Ian Hamilton était à la maison, sur le point de travailler quand il a entendu parler à la BBC d'un très grave accident mortel survenu sur une des lignes ferroviaires les plus fréquentées de Londres. C'était juste après 08h00 du matin le 5 octobre en pleine heure de pointe. Craignant le pire, le pasteur de la Fernhead Methodist Church s'est rendu, toutes affaires cessantes, à l'Hôpital St. Mary situé près de la collision aussi vite que possible. Hamilton est un des aumôniers de l'hôpital. Il a vite fait d'apprendre ce qui s'était passé, comme le reste des Britanniques d'ailleurs: deux trains, un train à très grande vitesse a heurté de plein fouet un train de banlieue à deux miles de la gare de Paddington. Les conséquences de cette collision seront horribles. Selon les premières indications, plus de 160 personnes étaient blessées, 70 étaient décédées, ce qui range cette catastrophe ferroviaire parmi les plus meurtrières que la Grande Bretagne ait jamais connue. Le nombre de victimes sera ramené plus tard à 40, mais les enquêteurs admettent que l'identité et le nombre de victimes exacts ne seront probablement jamais connus avec certitude.
A l'Hôpital, Hamilton a commencé immédiatement à soutenir et s'occuper des passagers blessés, des familles angoissées et du personnel médical de l'Hôpital devant faire face à un stress physique inimaginable après cet accident majeur. Il s'est dit reconnaissant de faire partie de l'équipe professionnelle de l'Hôpital St Mary; l'expérience met en relief, ajoute-t-il, la nécessité pour l'Eglise d'être préparée à l'éventualité d'une crise et de ne pas concevoir ce genre de ministère que «sous l'inspiration de l'Esprit».
«Ces gens ne sont pas en état de comprendre ce qui leur est arrivé», dit-il. ... «L'Eglise doit être prête à côtoyer ces gens qui se sentent perdus». Hamilton n'est pas un étranger aux situations de crise. Il a été un de ceux qui ont aidé les familles et les amis à identifier ceux des leurs morts dans la catastrophe d'Hillsborough en 1989, où 96 personnes ont trouvé la mort, écrasées sous les tribunes du stade de football de Sheffield.
«Je suis véritablement conscient du chagrin éprouvé par les gens devant confirmer la mort d'un être cher sans en identifiant le corps mais en identifiant seulement un bracelet de montre ou une bague trouvée sur place censé lui appartenir», dit-il, «...Sans aucun doute, des gens de diverses dénominations sont impliqués dans les secours et réagissent à cet accident.»
Pour le Révérend Stephen Penrose, aumônier de l'Unité HIV à l'Hôpital Chelsea/Wesminter, «les conditions de travail pour les équipes de secours ont été extrêmement pénibles et difficiles». Des passagers brièvement brûlés y ont été transportés après la collision. Stuart Burgess, président de la «British Methodist Church» ajoutera que «les équipes de secours ont été bouleversées émotionnellement par ce qu'ils avaient vu, mais c'était là leur travail et ils avaient à le faire.»
Quatre jours après la collision, Burgess a été le seul responsable d'Eglise éminent à s'être rendu sur les lieux de l'accident. Il déclarait s'incliner devant ce qui se présente comme une tragédie nationale et remerciait tous ceux qui étaient en train de faire ce travail éreintant et méticuleux pour le compte du public.
«Des membres de ces équipes de secours semblaient reconnaissants de ma venue», disait-il, «C'était important pour un leader d'Eglise de faire ce déplacement.»
Burgess soulignait avec insistance le fait que tous les Britanniques portaient une part de responsabilité dans les circonstances ayant conduit à la collision. Les enquêteurs ont confirmé à présent que le conducteur du train de banlieue, Michael Hodder, 31 ans, a brûlé un feu rouge; s'i ce feu avait été respecté, son train aurait stoppé et il n'y aurait pas eu de choc frontal entre les deux trains. Les deux conducteurs de train sont morts dans l'accident.
«Nous vivons dans une société démocratique», disait Burgess. «Ce n'est pas juste de blâmer le type qui pilotait le train. Si plus d'argent avait été injecté dans la sécurité ferroviaire, si nous n'avions pas toujours misé sur des coûts réduits..... Nous sommes tous responsables et nous ne pouvons pas dégager notre responsabilité de cette affaire.»
Philip Abrey et Victor Downs dirigent deux Eglises Méthodistes différentes dans la région de Reading, où la plupart des victime de l'accident vivaient. Les deux pasteurs disaient que tous, y compris les chrétiens, évitaient d'avancer des hypothèses sur cet accident et sur ses causes. Abrey a ouvert son Eglise du «Caversham Park church» le samedi soir pour permettre à tous ceux qui le souhaitaient, membres ou non-membres, de se mettre au calme. Downs se disait complètement bouleversé par cet accident. ... Abrey croit qu'en prolongement à cet accident les gens se focalisaient trop sur ceux qui ont trouvé la mort. ...
Même si l'Eglise joue une influence toujours plus marginale dans la société britannique, elle reste encore un des seuls lieux où les gens peuvent se recueillir en cas de tragédie, disait une diaconesse à la retraite, Marian Stanley. «Traditionnellement, l'Eglise est en première ligne en cas de catastrophe. ... En de tels moments, l'Eglise se doit d'être disponible aux gens, garder ses portes ouvertes et ses bras tendus.»
>Source: UMNS {521} Kathleen LaCamera