Etats-Unis : les USA refusent de financer le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) - vives réactions au sein de l'EEM

 Le gouvernement des Etats-Unis a annoncé qu'il suspendait cette année sa participation, d'un montant de 34 millions de dollars au Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap) chargé d’aider au développement d’une politique de planning familial et de santé publique dans les pays en développement.


Les Etats-Unis mettent en effet en cause la contribution de ce dernier à des programmes d'avortement et de stérilisation forcés en Chine favorisant la politique de l’enfant unique en Chine, et donc l’avortement. 


Le FNUAP et Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, ont démenti les accusations de certains parlementaires conservateurs américains. « Nous n’avons jamais utilisé de forme de coercition en Chine ou ailleurs dans le monde. En revanche, nous avons combattu pour les droits de l’homme et particulièrement pour les droits des femmes à travers le monde depuis 1969,» a déclaré Stirling Scruggs, le responsable de l’information et des affaires internes du FNUAP. «J’estime que le FNUAP effectue un travail indispensable et nous avons noté qu’il ne passait pas son temps à encourager l’avortement. Il prodigue plutôt de bons conseils aux femmes sur la natalité (…), » a dit Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU.


La commission de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) chargée de l'action sociale a décrié la décision de l'Administration de Bush de refuser tout financement au Fonds des Nations Unies pour la Population pour l'année 2002, en la qualifiant d'acte politique qui a pour effet d'augmenter l'oppression, la pauvreté et la diffusion du HIV/SIDA. 


"Cette décision nuira au bien-être de milliers de femmes dans le monde entier, augmentera le nombre d'avortements et la diffusion de HIV SIDA," a dit de son côté Jim Winkler, responsable de la commission Église et Société. "Nous la voyons comme un assaut frontal contre les femmes et les Nations Unies. Il est malheureux que l'administration cède à des forces extrémistes dans la société."


Le Congrès américain et le Président Bush ont approuvé une assignation de 34 millions de dollars au fonds de l'ONU en décembre. Peu de temps après la signature du projet de loi, quelques membres du Congrès et de l'Institut de recherches sur la Population d'obédience conservatrice ont pressé le président de refuser le financement. Ils ont affirmé que le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) apportait son soutien à des pratiques en Chine qui aboutissent parfois à l'avortement ou à la stérilisation forcés.


Le 22 janvier 2001, Georges Bush annonçait le rétablissement de directives interdisant toute aide financière à des programmes de planning familial dans le monde promouvant les interruptions volontaires de grossesse comme méthode de contrôle de naissances.


En mai, Bush a expédié une équipe de trois personnes en Chine qui, après enquête, n'a pas pu établir la complicité du FNUAP, selon un rapport rendu public le 22 juillet par le Département d'Etat américain. Dans une lettre adressée au Secrétaire d'Etat américain Colin L. Powell, l'équipe a écrit: "Rien ne prouve que le FNUAP ait sciemment soutenu ou participé à la gestion d'un programme imposant aux femmes l'avortement ou la stérilisation dans [la République Populaire de Chine]." Ces enquêteurs préconisaient par conséquent dans leur lettre l'octroi de 34 millions de dollars à ce Fonds. 


Cependant, dans une lettre adressée le 21 juillet au sénateur Patrick Leahy, D-Vt., président du Sous-comité des Opérations Étrangères, Powell expliquait que "... si on continuait à soutenir le FNUAP et à s'y impliquer, les activités visant le contrôle des naissances en Chine permettraient au gouvernement chinois de mettre en oeuvre plus efficacement encore son programme d'avortement forcé. Il n'est donc pas permis de continuer à financer le FNUAP ces temps-ci."


"La décision de l'administration serait compréhensible si l'équipe avait réussi à prouver la complicité du FNUAP dans les avortements forcés, mais elle n'a pas été en mesure de le faire," a dit Linda Bales, directrice du Projet sur la Population Louise & Hugh Moore, une initiative de la Commission Église et Société de l'EEM.


Selon Bales, 34 millions de dollars représentent approximativement 13 % budget total du FNUAP. Le FNUAP estime que la contribution américaine aurait permis d'empêcher deux millions de grossesses non désirées, près de 800.000 avortements, 4.700 décès de femmes enceintes, près de 60.000 cas de maladies graves chez de futures mères et plus de 77.000 décès de nourrissons et d'enfants dans le monde. Faute de ce financement, ce sont des femmes et des enfants par milliers- être vulnérables s'il en est, qui feront les frais de cette mesure politique.


"Plutôt que de tolérer des avortements forcés, le FNUAP est une force de changement pour des nations opprimant les femmes et imposant de force la stérilisation et l'avortement. Les services rendus par le FNUAP réduisent au contraire le nombre des avortements et des grossesses non désirées et empêchent la diffusion du HIV/SIDA," a-t-elle ajouté, citant le témoignage rendu récemment auprès de la Commission des Relations avec l'étranger au Sénat par Niek Biegman, un ancien Ambassadeur hollandais à l'OTAN. 


Pour Winkler, "évidemment, cette action réduit seulement un peu plus les liens de l'Amérique avec les Nations Unies, une entité que nous [les Etats-Unis] avons aidé à créer et à développer. A notre époque, les rapports sont toujours plus tendus dans le monde entier, les mouvements de population nombreux et les femmes et les filles sont comme jamais l'objet de discrimination et d'oppressions; dans ce contexte, nous, comme nation, nous sommes appelés à être des champions en matière de droits de l'homme et de maternité sûre en association avec la communauté internationale. 


"L'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), qui est la dénomination du président, est un ardent partisan des Nations Unies comme forum pour mobiliser les ressources et favoriser le travail en commun sur les questions les plus critiques d'un point de vue social,..." a expliqué Winkler. 


La position de l'Eglise sur de telles questions est exprimée par son corps législatif le plus élevé, la Conférence Générale (CG), sous la forme du Livre des Résolutions et des Principes Sociaux. Dans ces ouvrages, l'Eglise plaide pour la stabilisation démographique et son opposition à tout avortement ou stérilisation forcés. "Il est urgent de réduire ... le taux de croissance de la population d’autre part. Il est donc important que chacun et chacune soit informé des moyens et méthodes de contraception, y compris la stérilisation volontaire, et y aient accès. Tout programme de stabilisation démographique doit cependant s’inscrire dans le cadre d’un développement économique et social, axé notamment sur l’amélioration du statut des femmes dans toutes les cultures, la sécurité économique à un niveau humain et l’offre de soins médicaux et de formation à tous et à toutes". (2.5.6.10. Population mondiale)


Le FNUAP lui-même déclare qu'il est dans la politique du Fonds ... de ne pas encourager l'avortement comme méthode de contrôle de naissance." Le FNUAP dépense une infime partie de ses fonds dans son travail en Chine. Dommage que cette agence, une force au service du bien, soit pénalisée pour des actions entreprises seulement par un des pays tiers, regrette Bales.


Pou sa part, le gouvernement chinois, confronté à l'explosion démographique, a promulgué un décret régulant les naissance. Ce décret interdit aux femmes d'avoir plus de deux enfants dans les campagnes et un seul dans les villes. Le porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington a rejeté les accusations selon lesquelles Pékin forcerait les femmes à se faire avorter et stériliser.


Le 24 juillet 2002

Source: EEMNI/Agence de presse évangélique méthodiste/Fondation Jérôme Lejeune/Le Soir-Belgique