Noël 2015: voeux du Conseil oecuménique des Églises


preview_med_hr.png

«Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte» – (Matthieu 2,14)

«… la mère et son enfant sont chassés vers des terres étrangères.» 
– Saint Jean Chrysostome sur Matthieu 2,14, cité par saint Thomas d’Aquin

Le miracle de Noël est illuminé par la gloire de Dieu et s’accompagne de glorieux chants de joie. L’Évangile de Matthieu nous raconte que, inspirés par une prophétie biblique, des mages ont suivi une étoile, portant de somptueux cadeaux pour un enfant né pour être roi. Le pèlerinage de ces mages les a enfin amenés à «l’endroit où était l’enfant», un lieu tranquille où ils s’arrêtèrent, émerveillés. Puis ils reprirent leur voyage, par un itinéraire nouveau et différent, et, en rentrant chez eux, ils contaient leur histoire. 

Imprégné de la gloire et de la parfaite bonté de cette grande Bonne Nouvelle, l’évangéliste nous rappelle que l’image de la Nativité s’inscrit dans le contexte du monde souvent brutal que nous connaissons. Après l’adieu des Mages à la Sainte Famille, Matthieu nous dit (2,13-14):
«…l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: "Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr". Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte.»

À l’étoile qui a guidé les Mages à la naissance de Christ succède bientôt la Fuite en Égypte. L’histoire de Noël et de l’Épiphanie est incomplète si nous ne mentionnons pas les réfugiés… des réfugiés expulsés de chez eux avec la bénédiction murmurée d’un ange, qui les assure de la sollicitude permanente de Dieu.

En cette année 2015 du Seigneur, le nombre de réfugiés et d’autres personnes déplacées dans notre monde est plus grand qu’il ne l’a jamais été. Selon le rapport annuel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, on compte au moins 59,5 millions d’être humains déplacés par la contrainte, loin de chez eux, contre 51,2 millions à la mi-2014 et 37,5 millions il y a à peine dix ans. Ces chiffres impressionnants représentent des dizaines de millions de femmes comme Marie, d’hommes comme Joseph et d’enfants comme l’Enfant Jésus. Les raisons de ces déplacements sont multiples, et terribles en soi: guerre, injustice, persécution, maladie et autres catastrophes naturelles, ainsi que les effets des changements climatiques – telles sont quelques-unes des raisons de cette détresse à l’échelle du monde et de tant de souffrances humaines. Il s’agit de s’attaquer aux causes fondamentales, en même temps que nous chercherons à nous aider mutuellement dans des ministères de secours et d’assistance. Tout au long de l’année dernière, j’ai eu l’occasion de rencontrer des réfugiés et des personnes qui, dans des Églises et institutions, les accompagnent dans leurs épreuves. J’ai été bouleversé par la générosité d’esprit et par les affirmations de dignité humaine que j’ai constatées de toutes parts. Nous avons beaucoup à offrir les uns aux autres, notamment les qualités de dignité, de compassion, d’espoir et d’amour. Ceci est un moment critique dans la vie des Églises et des sociétés, sur tous les continents et dans chaque région.

Dans un récent communiqué sur la crise des réfugiés, des dirigeants d’Églisesont fait les remarques suivantes:
«En tant que chrétiens, nous avons toutes et tous la conviction que nous voyons dans l’autre l’image de Christ lui-même (cf. Matthieu 25,31-46)… L’expérience de la migration et du franchissement de frontières est quelque chose que l’Église de Christ connaît bien. Les membres de la Sainte Famille étaient des réfugiés. L’Incarnation même de Notre Seigneur est un franchissement de la frontière entre l’Humain et le Divin.»

Ces responsables religieux concluaient, en partie:
«En tant qu’Églises, c’est pour nous une occasion supplémentaire de partager plus largement notre expérience et nos qualifications en proposant un soutien pastoral et spirituel, une coopération œcuménique et interreligieuse et la construction de ponts entre des communautés diverses.»

En ce moment de l’année chrétienne, nous nous souvenons du grand amour de Dieu pour le monde dans le don qu’Il nous a fait de Jésus Christ. Et nous lisons une fois encore le récit de la fuite de sa famille en quête d’un lieu plus sûr que leur pays. Nous nous souvenons également de l’enseignement donné plus tard par le Maître, dont nous informe Matthieu 25,40:
«En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»

En cette saison festive où nous célébrons l’Incarnation de Jésus Christ, notre Seigneur et notre Sauveur, honorons chaque don que nous recevons de Dieu dans la Création, et respectons chaque membre de la famille humaine!

Que les bénédictions de Noël soient sur vous, et puissiez-vous les partager!

Pasteur Olav Fykse Tveit
Secrétaire général, Conseil œcuménique des Églises


COE