==>ETATS UNIS: DES THÉOLOGIENS ÉVANGÉLIQUES SE PRONONCENT CONTRE BUSH ET SON APPROCHE THÉOLOGIQUE DE LA GUERRE<==

Un groupe de théologiens a signé une déclaration opposée à la tentative du Président Bush de faire converger Dieu, l'Eglise et la nation et sur ce qu'ils appellent sa 'théologie de la guerre.' 


Glen Stassen, du Fuller Theological Seminary et Louis B. Smedes, professeur d'éthique, ont dit que la rhétorique religieuse de Bush confondait la cause du christianisme avec celle d'une nation en guerre. 


Par exemple, dans le Discours sur l'état de l'Union de 2002, le président Bush a étiqueté l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord comme étant l’''axe du ma” a dit Stassen. 


"Déclarer ces trois nations comme étant 'l'axe de mal' et refuser de reconnaître ses propres erreurs conduit à créer une dichotomie entre les Etats-Unis justes et ' l'axe de mal' injuste”, a dit Stassen. "... Cela mène à une croisade où les chrétiens pensent qu'il est de leur devoir de soutenir la guerre contre un ennemi prétendument injuste”.


La déclaration, intitulée "confesser le Christ dans un Monde de Violence,' critique l'utilisation par Bush de l'Ecriture sainte dans le discours qu'il a prononcé lors du premier anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre. Bush a décrit l'espoir offert par l'Amérique en ces mots, "... la lumière brille dans l'obscurité. Et l'obscurité ne l'emportera pas.' 


Ces paroles employés dans la Bible, s'appliquent seulement à Jésus Christ et aucun leader politique n'a le droit "d'en fausser le sens en les appliquant indûment à la guerre," comme le note la déclaration. 


La déclaration affirme clairement que Jésus Christ ne connaît aucune frontière nationale, que les chrétiens doivent avoir une forte présomption contre la guerre et que les chrétiens doivent exercer l'humilité propre à tempérer tout désaccord politique. 


Quelque 20 professeurs ont signé cette déclaration, quoiqu'ils n'aient pas fait le plein des voix au Fuller Seminary, précise Stassen. 


Stassen s'attend à ce que quasiment 80 professeurs à plein temps dans ce séminaire la signent. Fuller est le plus grand séminaire évangélique des Etats Unis. 


Ce n'est pas la première fois que les professeurs du Fuller Seminary ont publiquement protesté contre Bush. Environ 40 membres du corps enseignant ont signé une lettre en septembre 2002 en guise de protestation contre Bush et sa décision de lancer unilatéralement une guerre préventive contre l'Irak. ”Bush fait maintenant campagne en faveur d'une guerre préventive et fait appel à un langage chrétien dans ce processus”, affirmait alors Stassen. 


Les enseignants de Fuller font partie d'un mouvement national de théologiens et d'éthiciens qui a signé le document. A leur tête se trouvent Stassen, George Hunsinger du Séminaire Théologique Princeton, Richard B. Hays de la Duke Divinity School, Richard Pierard du Gordon College et Jim Wallis, rédacteur du magazine Sojourners. 


Ces même cinq leaders ont approuvé une campagne publicitaire dans les médias américains qui proclaimait "Dieu n'est ni Républicain ni Démocrate." 


Selon une étude récente sur la religion et la politique menée par l'Université d'Akron, 68 % d'Américains veulent qu'un président ait de fortes convictions religieuses et 63 % sont à l'aise quand les candidats font état de leur foi dans leurs discussions. 


Voici le texte intégral de la lettre et de la déclaration du corps enseignant:


Chers Collègues, 


Nous vous écrivons à un moment que nous croyons être un temps de crise morale grave pour notre nation. Quand nous analysons le discours tenu par les sphères les plus hautes du gouvernement américain, nous entendons parler de plus en plus d'"une théologie de la guerre" qui entraîne les EU dans une croisade messianique se dissimulant sous des dehors chrétiens. il est arrivé dans l'histoire humaine des moments et des lieux où des pouvoirs politiques ont essayé de solliciter la fidélité de l'Eglise de Jésus Christ. En de tels temps, l'Eglise est appelée à réaffirmer ses convictions fondamentales. Nous croyons que l'année 2004 aux Etats-Unis est un de ces moments et lieux. Nous sommes parvenus à la conviction que nous avons la responsabilité comme disciples de Jésus Christ d'affirmer une nouvelle confession du Christ. 


Au cours des dernières semaines, nous avons adopté la déclaration ci-jointe. Nous identifions les cinq points que nous croyons indispensables à tout disciple de Jésus et la réfutation en règle des arguments contraires. Nous croyons que nous avons fait une déclaration critique et réfléchie sur la théologie de la guerre qui nous met en danger et proposé une meilleure alternative. 


Nous vous invitons à signer à votre tour cette déclaration. C'est notre espoir qu'un nombre significatif d'éminents théologiens et éthiciens consentira à affirmer publiquement cette confession de foi avec nous. Cette pétition attirera l'attention des médias. 


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Grâce et Paix, 


Richard B. Hays, Professeur de NT à la Duke Divinity School


George Hunsinger, Hazel Thompson McCord, Professeurs de Théologie Systématique au Séminaire théologique de Princeton


Richard V. Pierard, Stéphane Phillips, Professeurs d'Histoire au Gordon College


Glen Stassen, Lewis Smedes, professeurs d'Éthique Chrétienne au Fuller Theological Seminary


Jim Wallis, Rédacteur du magazine Sojourners 



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Confesser le Christ dans un Monde de Violence 


La Déclaration 


Notre monde est démoli par la violence et la guerre. Mais Jésus a dit : "béni sont les artisans de la paix, car ils seront appelés fils de Dieu" (Mat 5:9). Les attaques terroristes menacent de plus en plus de gens innocents, chez nous et à l'étranger. Mais Jésus a dit : "aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent" (Mat. 5:44). Ces paroles, qui n'ont jamais été faciles, semblent d'autant plus difficiles aujourd'hui. 


Néanmoins, le temps vient où le silence devient trahison. Combien d'églises ont entendu des sermons à propos de ces textes depuis les atrocités terroristes commises le 11 septembre ? Où débat-on sérieusement sur ce que signifie confesser le Christ dans un monde de violence ? "Le réalisme" chrétien va-t-il réussir à nous faire accepter un avenir sans fin "de guerres préventives" ? Va-t-il nous fermer les yeux sur la torture et les victimes civiles massives ? Va-t-il produire de la crainte et du ressentiment plutôt que de l'intelligence et de la retenue ? 


Confesser fidèlement le Christ, c'est la tâche de l'Eglise et c'est plus que jamais sa tâche quand le militarisme et le nationalisme s'en réclament. 


* "Une théologie de la guerre" émane des cercles les plus élevés du gouvernement américain. 


* L'expression "l'empire juste" est employée toujours plus fréquemment. 


* On confond les rôles de Dieu, de l'Eglise et de la nation, quand on parle "d'une mission" américaine et de "nomination divine" pour "débarrasser le monde du mal." 


Il se pose des problèmes de sécurité à notre nation difficiles à résoudre. Personne n'a le monopole de la vérité. Mais une politique qui rejette la sagesse de la consultation internationale ne doit pas être baptisée d’un vernis de religiosité. Le danger est aujourd'hui l'idolâtrie politique renforcée par une politique dictée par la crainte. 


En ce temps de crise, nous avons besoin de confesser tout à nouveau le Christ. 


1. Jésus Christ, tel qu'il est attesté dans l'Ecriture Sainte, ne connaît aucune frontière nationale. On retrouve ceux qui confessent son nom de partout sur la terre. Notre allégeance au Christ prend la priorité sur l'identité nationale. Chaque fois que le christianisme a fait des compromis avec l'empire, l'évangile du Christ a été discrédité. 


Nous rejetons le faux enseignement selon lequel n'importe quelle nation en tant qu'Etat puisse jamais être décrite avec les paroles, "la lumière luit dans l'obscurité et l'obscurité ne la submergera pas." Ces paroles, employées dans l'Ecriture sainte, s'appliquent seulement au Christ. Aucun leader politique n'a le droit d'en déformer le sens en les appliquant à la guerre. 


2. Le Christ engage les chrétiens à avoir une forte présomption contre la guerre. Le caractère fortement destructeur de toute guerre moderne renforce cette obligation. Debout à l'ombre de la Croix, les chrétiens ont la responsabilité d'estimer le coût (de la guerre), de se prononcer en faveur des victimes et d'explorer toute alternative avant qu'une nation n'aille à la guerre. Nous sommes tenus à la coopération internationale plutôt qu’à la pratique d’une politique unilatérale. 


Nous rejetons le faux enseignement que la guerre contre le terrorisme a la priorité sur toutes autres considérations morales et légales. Des choses ne devraient jamais se faire - la torture, le bombardement délibéré de civils, l'utilisation d'armes aveugles de destruction massive - indépendamment des conséquences. 


3. Le Christ nous commande de voir non seulement la paille dans l'oeil de notre adversaire, mais aussi la poutre dans le nôtre. Alexandre Solzjenitsyne a observé que la distinction entre le bien et le mal ne se fait pas entre une nation et une autre, ou entre un groupe et un autre. Elle se fait directement à l'intérieur de chaque coeur humain. 


Nous rejetons le faux enseignement que l'Amérique est "une nation chrétienne”, incarnant seulement la vertu, tandis que ses adversaires ne seraient que des gens vicieux. Nous rejetons l'idée selon laquelle l'Amérique n'aurait pas lieu de se repentir, de même que nous rejetons l'idée selon laquelle les EU représenteraient l'essentiel du mal dans le monde. Tous ont péché et n'ont pas répondu à la gloire de Dieu (Rom. 3:23). 


4. Le Christ nous montre que l'amour de l'ennemi est le coeur de l'évangile. Tandis que nous étions encore des ennemis, le Christ est mort pour nous (Rom. 5:8, 10). Nous devons montrer l'amour à nos ennemis mêmes, dès l'instant où nous croyons que Dieu dans le Christ nous a montré l'amour comme au monde entier. L'amour pour l'ennemi ne vise pas à nous faire capituler à des forces et dominations hostiles. Il vise à refuser de rendre démoniaque n'importe quel être humain créé à l'image de Dieu. 


Nous rejetons le faux enseignement selon lequel un être humain peut être défini indépendamment de la protection de la loi. Nous rejetons le démonisation des ennemis, qui ouvre seulement la voie à des abus; et nous rejetons tout mauvais traitement de prisonniers, indépendamment des avantages que tirent leurs gardiens.


5. Le Christ nous apprend que l'humilité est la vertu convenant à des pécheurs pardonnés. Elle tempère tous les désaccords politiques et admet que nos propres perceptions politiques, dans un monde complexe, puissent être fausses. Nous rejetons le faux enseignement selon lequel ceux qui ne sont pas pour notre nation sont politiquement contre elles ou que ceux qui mettent fondamentalement en question la politique américaine doivent être mis au même rang que "les scélérats". De telles distinctions si brutales, particulièrement dans la bouche de chrétiens, sont des expressions à rapprocher de l'hérésie manichéenne, selon laquelle le monde est divisé entre les forces du mal absolu et du bien absolu. 


Le Seigneur Jésus Christ fait autorité pour les chrétiens, ou il n'est pas. Son Autorité ne peut être esquivée par aucun pouvoir terrestre. Ses paroles ne doivent pas être déformées dans des buts de propagande. Aucune nation en tant qu'Etat ne peut usurper la place de Dieu. 


Nous croyons qu'il est indispensable à des disciples de Christ de reconnaître ces vérités. Nous les pressons de se rappeler ces principes dans leur engagement citoyen. Etre artisan de paix, c'est au centre de notre vocation dans un monde troublé où Christ est le Seigneur. 


12/10/04

Source: ecclesia