Etats Unis, LOS ANGELES: 10 ans après les émeutes raciales, le peuple se souvient et s'interroge, et le président Bush fait la promotion de son programme de conservatisme compassionnel

Une décennie plus tard, Los Angeles se demande toujours: 'Pouvons-nous marcher tous ensemble?'


Los Angeles tente de marquer ces jours-ci le 10ème anniversaire des terribles émeutes qui ont fait de la ville des anges un enfer moderne, l'espace de quelques jours: les tensions raciales ont été à leur comble, comme jamais, les plus démunis étaient laissés pour compte, c'était une ville où la disparité entre riches et pauvres n'a jamais été aussi grande.


Ces émeutes ont pris la forme de guérilla urbaine. A la base de cette d'agitation et de ces émeutes sans précédent, l'acquittement en 1992 de quatre policiers qui ont couvert de coups l'automobiliste noir Rodney King. Ce furent les cinq jours les plus sombres que Los Angeles ait jamais connus dans son histoire.


Les violences, les incendies criminels et les pillages qui ont éclaté le 29 avril dans les quartiers Sud de Los Angeles, se sont étendus à Koreatown, à Hollywood et ont même menacé les enclaves chic de Beverly Hills, entraînant la mort de 54 personnes, la destruction ou l'endommagement de plus de 1,100 bâtiments et pour plus de 1 milliard de $ de dégâts sans compter que ces événements ont sali l'image de la ville.


"Pouvons-nous continuer de marcher ensemble?" Telle est la question que Rodney King a posée les larmes aux yeux, suppliant au plus fort des troubles que cesse la violence. Dix ans plus tard, la réponse à cette question résonne à nos oreilles.


Malgré des réformes pour diversifier ethniquement le Département de Police de Los Angeles (LAPD) et le rendre plus sensible aux plaintes publiques et malgré une myriade d'initiatives populaires pour favoriser les investissements au coeur du quartier des émeutes dévasté, tous ne se montrent guère optimistes.


Dans les colonnes du journal de Miami,  "Los Angeles est aussi divisé racialement qu'il y a 10 ans. La différence de revenus entre riches et pauvres est même plus grande maintenant qu'alors," a dit le Professeur Erwin Chemerinsky, expert auprès de la municipalité et juriste à l'Université de la Californie du Sud.


"Nous avons toujours un nombre disproportionné de noirs et de latino-américains aux arrêts. Je pense que tout ce qui a provoqué les violences il y a 10 ans est toujours là," a-t-il dit.


La restauration, la reconstruction et la mise à neuf des rues ruinées du Sud de Los Angeles se sont faites de façon inégale, des querelles politiques ont compliqué l'affaire sans compter le changement ethnique des populations du quartier. La communauté noire s'est réduite à 15 % en une décennie tandis que les latino-américains forment maintenant les 83 % du secteur.


Opération Espoir lancée par une Eglise Méthodiste noire


Des projets comme OPERATION ESPOIR (Operation HOPE), et GLOIRE (FAME) - la branche chargée du développement à la "First African Methodist Episcopal Methodist Church" (AME) - ont aidé des familles aux bas revenus à acheter leurs propres maisons, encouragé des petits commerces et formé des entrepreneurs locales au commerce et à la gestion financière.


Le pasteur Léonard Jackson, à la tête de l'AME, a souligné l'importance de ce travail avec les autres groupes que les Noirs. "Pour réussir, il n'y a pas d'autre choix sinon de former des associations avec les communautés hispaniques et coréennes," a-t-il dit.


Bush marque le 10ème anniversaire de ces émeutes de Los Angeles



Le Président Bush a marqué le 10ème anniversaire des émeutes de Los Angeles en parlant de la puissance de Dieu dans la "First African Methodist Episcopal Renaissance Center", l'Eglise même du centre-sud de Los Angeles où Bill Clinton était intervenue en pleine campagne présidentielle en 1992, dans le quartier même saccagé trois jours d'affilée après qu'un jury à majorité blanc ait acquitté les quatre policiers blancs qui avaient tabassé l'automobiliste noir Rodney King.


"Je crois fermement que Dieu est du côté de la justice et de la réconciliation," déclarait Bush au, nous rapporte le New York Times. "Mais comme Martin Luther King l'avait déjà dit, 'Dieu ne va pas le faire tout seul.'" 


En 1992, Clinton, alors candidat au poste présidentiel, suppliait le Président alors en exercice George H.W. Bush à Los Angeles de lancer un appel au calme après les émeutes et il avait pris la parole à la "First African Church". À l'époque, l'échec du président en exercice à répondre rapidement à la crise a été perçu par beaucoup comme le signe qu'il avait perdu le contact avec beaucoup d'Américains et expliquerait son échec en novembre. 


Hier, son fils s'est rappelé que cette violence a été un moment "de destruction incroyable,"... "la violence et l'anarchie affectent toujours le plus pauvre, font toujours mal au plus faible" mais il a fait alors l'éloge de la ville, qui a su trouver trouvé les moyens de sortir de la crise. 


"Je comprends parfaitement qu'il y a 10 ans, cette ville, en raison d'une violence donnée, ait vu se détruire un tas de vies et de propriétés," disait Bush. "Beaucoup d'espoirs ont été perdus.... Et pourtant de cette violence et de cette laideur est né un nouvel espoir ... pour montrer au reste du pays ce qui est possible, ce qui peut arriver en Amérique quand des gens mettent de côté les différences et se concentrent sur ce qui est le meilleur pour tous."


Bush a alors invité le gouvernement à soutenir les programmes sociaux qu'avancent les communautés religieuses, ce qui représente une partie centrale de son programme politique du 'conservatisme compassionnel'.

Bush remet l'accent sur le programme "du conservatisme compassionnel" et souligne la valeur des programmes basés sur la foi.


Au "Renaissance Center", le président fait cette déclaration: "je crois fermement que Dieu est du côté de la justice et de la réconciliation ..., mais comme Martin Luther King l'a dit, Dieu ne va pas le faire tout seul."


ACCENT SUR FOI


Pendant sa campagne, Bush a souvent évoqué sa foi religieuse et parmi ses propositions figurait la mise à contribution des groupes religieux pour assurer un travail social. Il est revenu sur ces thèmes à Los Angeles, soulignant "l'importance de foi en notre société."


"Je ne veux pas que le gouvernement soit l'église," rassure Bush, "et je ne veux pas que l'église soit le gouvernement ... mais le gouvernement ne doit pas craindre les programmes basés sur la foi - ." 


L'auditoire ponctuait fréquemment son intervention informelle d'interjections comme "Oui!" et "Amen!" 


En outre, le président a de nouveau fait allusion à son propre itinéraire spirituel. Se déclarant comme un "humble pécheur", le Président Bush a étonné l'auditoire noir de la ville quand il a évoqué de quelle manière la foi l'avait sauvé de l’alcoolisme. 


Tout a commencé pour lui en 1986, quand il a renoncé à boire et qu'il a dit qu'il remettait son coeur à Jésus Christ. "Je sais ce que la foi peut signifier dans la vie de quelqu'un," précisait Bush. "C'est pourquoi je rappelle aux gens je suis juste un humble pécheur qui a cherché la rédemption."


Il a dit que Dieu l'avait aidé à changer sa vie, reprend dans le détail le Daily Telegraph. 


"La Foi est un puissant facteur de motivation ... je sais par expérience ce que la foi peut signifier dans la vie de quelqu'un, donc je rappelle aux gens je suis juste un humble pécheur qui a vu la rédemption," a-t-il dit. 


M. Bush, le plus ouvertement religieux de tous les présidents américains modernes, a invité le Congrès à soutenir son plan de financement pour les groupes religieux pour qu'ils puissent mener à bien leurs programmes sociaux. 


"Je ne veux pas que le gouvernement soit l'Église et je ne veux pas que l’Eglise soit le gouvernement, mais le gouvernement ne doit pas craindre la foi et les programmes à base de foi," a-t-il dit. 


Il a demandé que les citoyens deviennent des soldats dans "les armées de compassion" parce que "comme Martin Luther King l'a dit, Dieu ne va pas le faire tout seul". M. Bush a grandi comme membre de l'Eglise épiscopale avant de devenir Méthodiste à son mariage en 1977. Il se décrit comme un homme "né de nouveau"


Il a dit à ses amis comment il s'était tourné vers Jésus Christ en 1986, quand il avait 40 ans, parce qu'il s'était rendu compte qu'il buvait trop, que son mariage en pâtissait et qu'il n'avait aucune direction dans sa vie. 



Le 28/30 avril / 1 mai 2002

Source: EEMNI/Miami/THE NEW YORK TIMES/Seattlepi.nwsource/daily telegraph/