Photo de Karl Anders Ellingsen, UMC Norvège
Des Méthodistes unis et de jeunes adultes musulmans norvégiens de la Mosquée Tauheed ont partagé leurs expériences de croyants au sein d'une société sécularisée ; c'était lors d'une rencontre en décembre à Oslo.
par Linda Bloom
Dans le mois qui a précédé les attaques meurtrières contre les bureaux de Charlie Hebdo et un hypermarché juif, un petit groupe de Méthodistes unis et de jeunes adultes musulmans en Norvège a découvert qu'ils avaient plus en commun que ce qu'ils pensaient.
L’interaction avec les représentants de la mosquée Tawhid à Oslo était un élément clé de la première session de formation œcuménique et interreligieuse organisée par l’Église méthodiste unie en Europe.
Cheikh Mahmoud, le chef de la mosquée, et l'évêque évangélique méthodiste Christian Alsted du diocèse baltique et nordique ont commencé par souligner la nécessité du dialogue interreligieux, d’une société pacifique et du respect pour tous.
Puis deux jeunes dirigeants des deux traditions religieuses - Ghulam Nabi Shaheer et le révérend Frøydis Grinna - ont parlé de leur expérience de minorité religieuse au sein d’une société où la sécularisation ne cesse de croître. Finalement, tous les participants ont eu la chance de parler ensemble.
Le révérend Stephen J. Sidorak Jr., qui a aidé à l’organisation de la formation et des conférences de cette session, a noté plus tard que certains des jeunes gens avaient plus de choses en commun avec leurs homologues musulmans qu'avec leurs amis non croyants quand ils abordaient des questions de foi.
Sidorak, responsable du Bureau de l'unité des chrétiens et des relations interreligieuses du Conseil méthodiste des évêques, s’est déclaré encouragé par «l’espoir mis par la jeune génération dans des rencontres interreligieuses ».Construire des relations interreligieuses, a-t-il ajouté, est un des ingrédients essentiels d’une société saine.
Condamner la violence, encourager le dialogue
Les groupes religieux ont réagi rapidement aux attentats du 7 janvier à Paris, qui ont coûté la vie à 17 victimes et incité à des rassemblements massifs de solidarité en faveur de la liberté d'expression et la tolérance en France et ailleurs.
La présence méthodiste unie en France est très faible. En 2005, l’Église méthodiste de France (EMF) a fusionné avec l’Union de l’Église évangélique méthodiste pour former l’Union de l’Église évangélique méthodiste de France (UEEMF), partie intégrante de la Conférence Suisse-France-Afrique du Nord de la Conférence centrale de l'Europe centrale et méridionale de la dénomination.
L'Union de l'Eglise Evangélique Méthodiste en France a publié diverses déclarations et prises de position sur son site condamnant les attaques et suivi la question sur son fil Twitter. La Fédération protestante de France, dont les Méthodistes unis font partie, a appelé à ses membres à participer à la marche républicaine du 11 janvier.
Le révérend Ivan Abrahams, un Sud-Africain qui est à la tête du Conseil méthodiste mondial, a appelé à un "nouvel engagement" à travailler pour une paix juste après les attentats. « Cette violence est comme un affront à la liberté, aux droits humains et à la sécurité de tous », a-t-il dit.
Parmi ses missions essentielles, le Conseil œcuménique des Eglises se doit de promouvoir le dialogue interreligieux. Une délégation conduite par son secrétaire général a rencontré le 13 janvier à Genève Faisal Bin Mouammar et d'autres responsables du Centre international pour le dialogue interreligieux et interculturel du Roi Abdullah Bin Abdulaziz.
« Grâce à mon travail, j’ai vu et ressenti combien la grande majorité des êtres humains sont partout contre tous les crimes commis au nom de la religion », a déclaré Mouammar lors de la réunion. « Par conséquent, je crois avec ferveur dans le dialogue et dans la construction de ponts ».
Les participants à un forum de communication du COE le 12 janvier au Centre oecuménique de Genève sont partis des attentats de Paris pour réfléchir à la liberté d'expression, aux valeurs religieuses et au rôle des Églises sur ces questions.
Bien que les participants aient unanimement condamné la violence, leurs opinions divergeaient quant à la liberté d'expression en cas de tensions interreligieuses, de traditions religieuses vilipendées ou stéréotypées ou de peurs de l’autre en circulation, rapporte le COE.
Minorités religieuses dans une société sécularisée
Le dialogue entamé en Norvège devrait se poursuivre.
Karl Anders Ellingsen, un communicateur et rédacteur de l'Église Méthodiste Unie en Norvège, a déclaré dans un courriel qu'il avait parlé après les attentats de Paris avec plusieurs participants à la session de formation en décembre.
« Nous convenons tous de la nécessité de renforcer notre détermination à poursuivre cette voie du dialogue ainsi que des réunions semblables à la première où nous avons fait nos premiers pas », écrit-il. «Pour nous, ces initiatives approfondissent notre compréhension des musulmans et de leur vie dans notre société, ce qui nous permet aussi d'interagir plus facilement d'une manière positive et respectueuse ».
Ellingsen note que Mahmoud, le chef de la mosquée, « a pris une position ferme » dans les médias locaux en condamnant les attaques et les meurtres commis au nom de l'Islam à Paris. Mais Mahmoud a également souligné que les caricatures du prophète Mahomet étaient injurieuses et douloureuses pour tous les Musulmans.
Le passé des Méthodistes norvégiens ayant souffert de discrimination dans une société à dominante luthérienne aide l'Église à prendre conscience de l'absence d'une voix forte pour les musulmans dans la société norvégienne d'aujourd'hui, déclare Ellingsen. « C’est une bonne base pour la compréhension et le respect mutuels ».
15 janvier 2015
Traduction eemni