Etats Unis, Washington: des leaders évangéliques condamnent les déclarations de certains chrétiens conservateurs à l'encontre de l'Islam

Sous une forme peu habituelle, plusieurs dirigeants chrétiens évangéliques ont condamné les déclarations outrancières du pasteur Franklin Graham comme d'autres religieux conservateurs à l'encontre de l'Islam. 


Les Evangéliques, au cours de leur rencontre de mercredi, ont dit que leurs commentaires ironiques avaient mis en danger la vie de missionnaires chrétiens dans le monde musulman, dégradé les relations inter-religieuses déjà bien tendues et renforcé l'idée au Moyen-Orient comme ailleurs selon laquelle la guerre contre le terrorisme était une croisade chrétienne menée contre l'Islam. 


"Nous devons tempérer notre discours," a dit le pasteur Ted Haggard, président de l'Association Nationale des Evangéliques, qui représente plus de 43,000 communautés locales et qui a organisé la réunion. "Il y doit moyen de faire un bon travail sans semer la panique." 


Paul Marshall, responsable au Centre pour la Liberté Religieuse, un groupe de défense des droits de l'homme, a dit que les commentaires contre l'Islam ne servaient qu'à exacerber l'antagonisme entre les gens. "A quel résultat arrive-t-on, sinon à augmenter l'ego de celui qui a prononcé ces paroles?" s'est-il interrogé. 


Graham était à San Diego mercredi pour une mission menée par son père, le pasteur Billy Graham et son avis n'a pas pu être recueilli, a dit son porte-parole, Jeremy Blume. 


Hodan Hassan, porte-parole du Conseil des Relations américano-islamiques, qui compte parmi les critiques les plus sévères de Graham, a dit qu'elle avait été encouragée par la réunion de mercredi. Environ 50 représentants d'églises, d'écoles et de missions évangéliques ont suivi la rencontre. 


"Nous pouvons comprendre qu'il y ait des différences théologiques, mais ce qui est important, c'est le respect de l'autre et non sa démonisation quand il y a dialogue," a dit Hassan. 


Aucun musulman n'a participé à la manifestation, bien qu'un dirigeant d'une mosquée locale ait été invité. 


Les musulmans ont été outragés par les propos de Franklin Graham stigmatisant l'Islam comme "une religion de la pire espèce" après l'attaque terroriste du 11 septembre comme par les propos tenus l'été dernier par le pasteur Jerry Vines, ancien président de la Convention de Baptiste du Sud, qualifiant le Prophète Mohammed de "pédophile possédé par le démon." 


Le Rev Jerry Falwell et Pat Robertson ont aussi critiqué la religion musulmane. 


Clive Calver, président de World Vision, la branche humanitaire de l'association évangélique, a dit que toutes ces déclarations avaient "mis des vies et des emplois en danger" à l'étranger: des missionnaires y sont devenus les cibles d'extrémistes musulmans. 


À ce stade de la réunion, Michel Cromartie, vice-président du Centre d'Ethique et de Politique Publique, groupe de réflexion à Washington, a demandé si quelqu'un voulait prendre la défense de Graham, de Robertson et de Falwell. Personne ne l'a fait, les participants voulaient éviter de personnaliser les critiques à l'adresse des leaders religieux. 


Pour rétablir les relations avec les musulmans aujourd'hui perturbées, l'association évangélique et l'Institut sur la Religion et la Démocratie, une organisation de chrétiens conservateurs, rédige des directives en vue d'un dialogue inter-religieux avec des leaders musulmans. ...Aucun dialogue national de ce genre n'a eu lieu jusqu'ici entre musulmans et chrétiens évangéliques. 


Lors de cette réunion, les Evangéliques ont reconnu la difficulté de la tâche qui les attend: il ne leur sera pas facile de surmonter les griefs portés par les membres des deux communautés à la fois.


Les chrétiens conservateurs ne cessent de lutter pour la fin de la répression à l'encontre des minorités chrétiennes dans les pays musulmans, tandis que les musulmans s'en rpennent aux chrétiens faisant du prosélytisme au sein de leurs communautés. 


Les Evangéliques n'entendent pas mettre pas en veilleuse leurs convictions en cas de dialogue inter-religieux. ... Pour quelques chrétiens conservateurs, l'islam a remplacé le communisme comme "l'équivalent moderne de l'empire du mal," a dit Rich Cizik, porte-parole de l'Association Nationale des Evangeliques. 


Haggard a suggéré qu'une réunion ait lieu avec Falwell, Robertson et d'autres Evangéliques très en vue pour expliquer les dégâts causés par leurs commentaires. 


...Calver résume d'un mot: "Dire que l'Islam est une mauvaise chose ne va aider qui que ce soit d'entre nous."


7 mai 2003


Source: The Nando Times