Alors que le dialogue politique est en vue entre la rebellion et les autorités du pays grâce à la médiation française, les responsables religieux du pays se mobilisent dans la prière et le jeûne pour que cesse la guerre civile. Le quotidien ivoirien Fraternité Matin s’en fait l’écho. EEMNI
La crise que connaît la Côte d’Ivoire, depuis le 19 septembre dernier a atteint un niveau très critique. Pour conjurer le mauvais sort et implorer la miséricorde de Dieu, afin que sa paix revienne dans le pays, les confessions religieuses membres du collectif de la société civile pour la paix, ont décidé d’organiser un jeûne collectif de trois jours sur toute l’étendue du territoire à partir d’aujourd’hui jusqu’au mercredi 8 janvier, dans les églises, les mosquées et autres lieux de culte. Le quatrième jour, le jeudi 9 septembre, sera consacré à partir de 10h à une célébration commune pour la réconciliation et la paix en Côte d’Ivoire au Palais des Sports de Treichville.
En prélude à cet évènement, les chefs religieux ont lancé un appel à la population à la salle Vidéo de la Cathédrale St Paul du Plateau.
L’appel a été lu par le Cardinal Bernard Agré, archevêque d’Abidjan qui avait à ses côtés, l’imam Idriss Koudouss, président du Conseil national islamique, le pasteur Benjamin Boni, président de la conférence de l’église protestante méthodiste, M. Dogbo Jules, Supérieur de l’Eglise Harriste, et Ediémou Blin Jacob, Supérieur de l’Eglise du Christianisme céleste.
Le message des religieux qui se sont mis ensemble pour ramener la paix est une sensibilisation de la population au fait que “personne ne sauvera notre pays à notre place. Dieu a mis son sort et son avenir entre nos mains”. Ils estiment que “cette escalade de violence, de guerre ne nous mène à rien, sinon à notre propre ruine”.
Le cardinal Bernard Agré, a au nom de tous les chefs religieux affirmé devant Dieu et à la face du monde qu’il n’existe pas en Côte d’Ivoire une guerre entre confessions religieuses et plus précisément entre chrétiens et musulmans. “Depuis des décennies, nous vivons une heureuse convivialité. Il y a, sans doute et nous le dénonçons et le condamnons ensemble et publiquement, une utilisation malhonnête et dangereuse de la religion à des fins politiciennes”
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Les religieux invitent par ailleurs chacun à reconnaître ses erreurs, sa part de responsabilité dans ce qui arrive à la Côte d’Ivoire et à prendre des dispositions pour y mettre fin définitivement sans tarder. Ce qui arrive aux Ivoiriens n’est selon eux pas le fruit du hasard, mais en partie la conséquence “de nos légèretés, de nos complicités, de la culture du laisser-aller, du mensonge, de la corruption, du tribalisme, du désordre, de l’irresponsabilité, du culte de l’argent, de la réussite facile, des honneurs, du pouvoir coûte que coûte, des calculs pervers et de l’opportunisme que nous avons entretenus des décennies durant, et que nous entretenons encore”.
Le jeûne et les prières collectives annoncés sont selon M. Honoré Guié, président du Gerddes-ci, des cris et des complaintes des enfants de Dieu à leur père; un temps de repentir, les cœurs tournés vers Dieu afin qu’il mette fin à la guerre. Il souhaite aussi que cet appel soit entendu dans la partie du pays occupée par les insurgés, et que durant ces jours de jeûnes et de prières on n’entende pas un seul coup de feu dans le pays.
6 janvier 2003
Source: Fraternité Matin