Deux groupes évangéliques méthodistes officieux se prononcent sur les interventions militaires américaines en Afghanistan: les deux voix sont pour que l’on traduise les terroristes devant la justice, mais apprécient diversement la guerre.
Le directeur de la Fédération Méthodiste pour l'Action Sociale (the Methodist Federation for Social Action) a dit que la violence devait être stoppée avant que d'autres innocents aux Etats-Unis et ailleurs soient tués. L'organisation "Good News" a décrit le conflit actuel comme une "guerre juste" et dit ne pas partager les vues des pacifistes s’exprimant au sein de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM).
A la fois, MFSA et Good News sont de vieux groupes bien établis. Historiquement, ils ont représenté des points de vue opposés au sein de l'Eglise sur les questions sociales, politiques et théologiques.
"Nous rejoignons la nation dans le soutien qu'elle apporte avec sobriété et prières à la décision du Président George W. Bush de commencer une action militaire contre le gouvernement des Taliban en Afghanistan," disait Good News le 10 octobre.
"Ne vous y trompez pas, il n'y a rien glorieux dans la guerre," avertissait Good News. "Néanmoins, il y a des moments, comme le Président Bush l'a laissé entendre, où les gens civilisés doivent s'en prendre 'aux hors-la-loi et aux tueurs d'innocents.' Dans ce cas, surmonter le mal par du bien revient à recourir à la force - et même à la force mortelle."
Good News est un ministère de renouveau évangélique basé à Wilmore, Ky. Il publie le magazine Good News, où la déclaration du 10 octobre , "Surmonter le Mal par le bien," apparaîtra comme un éditorial dans la publication de Novembre-Décembre. Le président et l'éditeur en sont le pasteur James Heidinger II.
Avant les bombardements du 7 octobre sur l'Afghanistan, les membres de MFSA avaient écrit aux membres du Congrès. Ils en appellent à mesurer toute riposte militaire. Basé à Washington, le MFSA est un groupe de réflexion pour défendre des actions basées sur la justice et traiter les questions de paix et de libération opposant l'Eglise et la société.
La pasteure Catherine Johnson, directrice, a publié une déclaration complémentaire le 11 octobre, après le début des attaques.
"Le MFSA partage avec tous les Américains le désir de déférer à la justice ceux qui ont commis les attaques du 11 septembre et leurs complices et se joint au Président Bush dans son appel à respecter les droits et la personnalité des Américains arabes et des Américains de la foi islamique," a-t-elle dit.
"Nous croyons, cependant, nécessaire de stopper la spirale de la violence avant qu'elle ne mène à de nouvelles pertes humaines et à la perte d'un nombre encore plus grand de vies innocentes aux Etats-Unis comme en d'autres nations. La violence engendre la violence," a-t-elle dit.
Le MFSA invite le gouvernement américain à travailler par la voie juridique, la police, une large coalition internationale et par les Nations unies pour traduire les responsables des attaques du 11 septembre devant la justice, ajoutait Johnson.
"Nous en appelons aussi à un large reexamen de la politique étrangère américaine susceptible, bien qu'involontairement, de permettre aux terroristes de jeter de l'huile sur le feu de l'anti-américanisme dans beaucoup de parties du monde," a-t-elle précisé. "Nous invitons les Etats-Unis à amorcer une campagne de grande portée pour réduire le fossé grandissant entre riches et pauvres dans le monde entier.
"Nous recommandons un changement de politique, passant d'une politique unilatérale à une approche multilatérale, nous encourageons aussi l'appui américain aux traités existants interdisant les mines antipersonnelles et les armes biologiques chimiques et l'adoption d'une interdiction des essais nucléaires complets," a dit Johnson.
Dans leurs lettres au Congrès, les membres de MFSA préconisaient des mesures d'aide pour les pauvres au cours de la crise nationale et la crise économique actuelles. Ils se sont aussi opposés à toute mesure qui affaibliraient les libertés civiques dans l'effort actuel pour augmenter la surveillance et ils se sont opposés en outre au financement du programme de défense anti-missiles.
Pendant une conférence de presse télévisée du 11 octobre, Bush a dit aux journalistes qu'il soutenait plus fort que jamais un système de défense anti-missiles. Le président est un évangélique méthodiste.
Dans sa déclaration, Good News avait des paroles d'avertissement pour des responsables évangéliques méthodiste. "Les responsables de notre dénomination doivent réfléchir avec soin à leur réaction face à l'action militaire du Président Bush. Nous avertissons aussi les responsables évangéliques méthodistes du danger à vouloir expliquer rationnellement pourquoi ce grand mal a frappé les Etats-Unis."
Good News s'est déclaré en accord avec le Maire de New York Rudolph Giuliani, quand ce dernier affirmait "que ceux qui pratiquaient le terrorisme - l'assassinat ou portaient atteinte à des civils innocents - perdaient tout droit à se faire comprendre des gens convenables et des nations respectueuses de la loi."
"Bien que nous respections les convictions et les vues des pacifistes au sein de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) - nombreux parmi les responsables de la dénomination - nous ne partageons pas leur avis," disait Good News. "Au lieu de cela, nous sommes d'accord avec St Paul, qui a appris que les autorités dirigeantes ont raison de 'porter l'épée' et qu'ils sont 'un agent de colère pour infliger la punition' à ceux qui font le mal.
"En outre, nous croyons que l'amour du prochain - un commandement de Jésus - implique parfois l'usage de la force militaire pour défendre les personnes sans défense, protéger l'innocent et promouvoir la justice." Good News a cité des théologiens comme Thomas d'Aquin, Augustin, Martin Luther, Jean Calvin, Reinhold Niebuhr et Paul Ramsey, un évangélique méthodiste.
"Conformément à l'enseignement historique de la guerre juste, nous croyons que les Etats-Unis ont une juste cause et des intentions justes: pour apporter une juste paix en Afghanistan, détruire le fléau du terrorisme et punir des scélérats. En outre, nous croyons que le bon fruit de la victoire sera plus grand que le mal qu'on aurait subi, si rien n'avait été fait."
Dans ses Principes Sociaux, l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) tient à ce que la guerre "soit incompatible avec les enseignements et l'exemple du Christ. Nous rejetons donc la guerre comme un instrument habituel de politique étrangère pour une nation et insistons pour que le premier devoir moral de toutes les nations soit de résoudre par des voies pacifiques chaque dispute qui surgit entre eux ou parmi eux..."
Cependant, la guerre peut être nécessaire dans certaines situations, affirme l'Eglise. "Nous ... reconnaissons que la plupart des chrétiens admettent avec regrets que, quand toute alternative pacifique a échoué, la force des armes peut être préférable à l'agression incontrôlée, à la tyrannie et au génocide. Nous honorons le témoignage des pacifistes qui ne nous permettront pas de nous complaire dans la guerre et la violence. Nous respectons aussi ceux qui soutiennent l'usage de la force, mais uniquement dans des situations extrêmes et uniquement quand la nécessité est clairement établie au-delà du doute raisonnable et par le biais d'organisations internationales appropriées."
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12 octobre 2001
Source: UMNS