Etonnant de voir comme les gens lui ont couru après. Les médias travaillaient à tour de bras pour parler de ses apparitions. Je parle du Dalaï Lama. Selon l'enseignement du bouddhisme tibétain, il est une réincarnation du "Bouddha de la miséricorde". En 1989, il avait même reçu le Prix Nobel de la paix. Ses séances d'enseignement dans le Stade couvert de Zurich, récemment rénové, ont été suivies par des milliers de personnes. Tout le monde lui court après ! En fait - pourquoi ?
L'être humain postmoderne est religieux. L'enseignement du bouddhisme s'accorde facilement avec la philosophie de l'existence et la façon d'envisager la vie de nos contemporains. Nous sommes arrivés au point où notre soif de vouloir tout posséder commence à devenir une souffrance. Le bouddhisme va chercher les gens là où ils ne savent plus que faire. Y a-t-il une issue à leur convoitise maladive ? "Le sens de la vie consiste à être heureux et à cette fin la convoitise qui est en nous doit être supprimée", professe l'enseignement du bouddhisme.
Aujourd'hui, dans la communauté chrétienne, c'est souvent une autre tendance qui se manifeste. Nous essayons de répondre à tous les désirs et à tous les vœux des humains, afin de rendre la communauté attirante. Mais l'individu moderne, qui souffre de sa convoitise existentielle, n'y trouve pas de réponse à ses questions.
Au premier siècle, les pharisiens se dirent les uns aux autres: "Vous le voyez, vous n'arriverez à rien: voilà que le monde se met à sa suite" (Jean 12, 19). Ils parlaient de Jésus. Je suis persuadé que les hommes et les femmes postmodernes qui ne cherchent pas qu'une culture de bien-être chrétienne, mais qui rencontrent Jésus Christ lui-même, vont aussi lui "courir après".
Heinrich Bolleter
Evêque de l'EEM pour l'Europe centrale et méridionale
Source: Kirche+Welt, n° 14, 25 août 2005