Le pape François : la liberté d’expression ne donne pas le droit d'"insulter" la foi d'autrui


Dans le vol qui l’emmenait aux Philippines jeudi 15 janvier, le pape François précise aux journalistes sa position sur la liberté d’expression : la liberté d’expression tout comme la liberté religieuse, sont un bien précieux, mais ne doivent pas être un prétexte à l’insulte. « On ne peut pas tourner la foi des autres en dérision », a-t-il déclaré, à propos des attentats à Paris.

Le pape François a estimé que la liberté d'expression était non seulement un « droit humain fondamental », mais encore « une obligation » morale. Mais cette obligation, loin d’être absolue, a ses limites : « on ne peut offenser la foi de l’autre ». Rien n'autorise en effet à insulter la foi d’autrui  : « on ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision. On ne peut cacher cette vérité que chacun a le droit de pratiquer sa religion, sans offenser, librement. Nous faisons ainsi, nous voulons tous le faire ».

Le pape François a également condamné les meurtres commis au nom de la religion. "On ne peut offenser ou faire la guerre, ou tuer au nom de sa propre religion, au nom de Dieu!". Tuer au nom de Dieu "est une aberration" et "il faut croire avec liberté, sans offenser, sans imposer, ni tuer".

L’« obligation » d’expression doit donc s’exercer « sans offenser », affirme avec conviction le pape : « Il y a des limites. Si un grand ami dit du mal de ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing ! Il y a tant de gens qui parlent mal des autres religions, les tournent en dérision, font de la religion des autres un jouet. Ce sont des gens qui provoquent. Pourtant toute religion a sa dignité, toute religion qui respecte la vie humaine, la personne humaine. Je ne peux pas m’en moquer. Et c’est une limite. J’ai pris cet exemple de la limite pour dire que dans la liberté d’expression il y a des limites, comme celle de maman. Je ne sais si j’ai réussi à répondre à la question. Merci. »

Dans l'avion qui le ramenait de Manille à Rome quelques jours après, le pape François précise sa pensée :

« En théorie, nous pouvons dire qu’on ne doit pas avoir de réaction violente face à une offense ou une provocation. Cela n’est pas bon et on ne doit pas le faire. Comme le dit l’Évangile, nous devons tendre l’autre joue. En théorie, nous pouvons dire que nous comprenons la liberté d’expression. Cela est important, en théorie, nous sommes tous d’accord. Mais nous sommes humains et il y a la prudence, qui est une vertu de la cohabitation humaine. Je ne peux pas provoquer, insulter une personne continuellement, parce que je risque de la mettre en colère, je risque de recevoir une réaction pas juste… injuste. Mais c’est humain. Je dis que la liberté d’expression doit tenir compte de la réalité humaine, et pour cela, je dis qu’elle doit être prudente, éduquée. La prudence est la vertu humaine qui règle nos rapports : je peux aller jusque là, etc. (…) La liberté doit être accompagnée par la prudence. »

15 novembre 2015

La Croix / zenit/ Huffingpost / Aleteia