COE: Message de Noël 2004 de la part du Secrétaire Général du Conseil oecuménique des Eglises

"En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes.

Et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu s’en rendre maîtresses."

Jean 1, 4-5


La bonne nouvelle de Noël brille sur le monde, semblable au soleil d’été de l’hémisphère sud, ou au scintillement d’une étoile dans le ciel hivernal du nord. Elle resplendit, cette bonne nouvelle annonciatrice d’une grande joie dans un monde où nous sommes cernés de nouvelles inquiétantes. Elle renouvelle notre foi dans la promesse de la paix sur la terre et nous invite une fois de plus à louer Dieu dont la gloire va jusqu’au plus haut des cieux. Pendant des siècles, l'espérance de paix qui s’attache à Noël a été au centre de l’affirmation de la foi chrétienne. Chaque fois que nous célébrons la naissance du Christ, nous nous engageons à vivre cette espérance.


Nous célébrons l’espérance de Noël comme promesse de paix. Nous rappelons la naissance de Jésus, venu à nous comme un enfant menacé par la violence, comme un réfugié dont la famille a fui à cause des ambitions des puissants. En ce temps de l’année, dans ce monde, nous rendons grâce à Dieu et nous le louons pour l’espérance que nous avons en Jésus Christ, pour le don de son amour qui s’est révélé dans la fragilité d’un être humain.


La bonne nouvelle de la venue et de la présence du Christ parmi nous illumine ce monde, car sa vie et son enseignement nous indiquent la voie qui conduit à la paix. Jésus dit: "Je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne". Ce monde nous donne des murs qui séparent les peuples, des stratégies sécuritaires, des législations répressives et des guerres préventives. Jésus nous appelle à découvrir des façons responsables de vivre dans l’unité, en tant qu’êtres humains. Il nous a donné le grand commandement de l’amour et nous appelle à triompher de l’esprit de vengeance, de haine et de rivalité ; il nous enseigne à prier pour nos ennemis. Il nous ordonne de ne pas rechercher notre propre intérêt aux dépens des autres, de ne pas être jaloux lorsque ceux qui avaient été privés de leurs pouvoirs les retrouvent, de ne pas faire obstruction à la justice lorsque ceux qui avaient été privés de leurs droits les retrouvent. Il nous appelle à découvrir le visage de Dieu chez ceux qu’on néglige et qu’on abandonne. Chaque jour, il nous appelle à mener une vie dans l’obéissance, par notre foi et par nos actes.


Au Conseil oecuménique des Eglises, nous avons fait le choix de vivre ensemble à la lumière du Christ, la lumière qui brille malgré les ténèbres, la lumière qui défie la grisaille qui nous entoure. Nous célébrons l’espérance de la paix en dépit des conflits qui se poursuivent, malgré la peur et le soupçon, la haine et les guerres, la violence et la convoitise. Notre monde est envahi par des cultures de violence qui excluent, asservissent, terrorisent et outragent ceux et celles que leurs persécuteurs considèrent comme "différents ". Il est consternant de constater que beaucoup de ceux qui ont ce genre de comportement cherchent à se justifier au nom de "Dieu".


En proclamant la naissance de Jésus, Prince de la paix, nous fêtons aussi les espoirs d’une centaine d’enfants de La Tablada, un centre de la communauté des Disciples du Christ, à Buenos Aires (Argentine), où je me suis rendu au mois de novembre. Avec quinze jeunes, qui viennent également de bidonvilles et de foyers brisés, la vie de ces enfants est transformée dans ce centre dont le ministère a été inspiré par l’amour du Christ. Ailleurs dans le monde, la réalité de Buenos Aires et de La Tablada se retrouve à des quantités d’exemplaires. Nous demandons à Dieu que sa lumière brille sur ces personnes en situation difficile et les aide à découvrir des formes de résistance permettant d’apporter des changements positifs. Nous saluons les efforts de coopération et de soutien auprès de ceux et celles qui sont dans la peine, les initiatives interreligieuses en faveur de la paix et de la concorde, les mouvements populaires pour la paix et la justice - et nous reconnaissons en tout cela l’aspiration à un monde meilleur.


Au milieu des divisions du monde et des destructions, la bonne nouvelle de Noël nous rappelle que Dieu nous tend la main dans son amour et qu’il nous appelle à un ministère de réconciliation: "En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu s’en rendre maîtresses."


Rev. Dr. Samuel Kobia

Sécretaire général du Conseil oecuménique des Églises

Décembre 2004


Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)