CONNEXIO : L’ACTUALITE DU MOIS

Même de nos jours, de tels transports représentent souvent la seule possibilité de se rendre à l'intérieur du pays avec des passagers et du matériel. Le voyage de Lubumbashi vers Kabongo dure environ une semaine en temps de sécheresse. (Kolwezi, 16.4.2009)

L'Eglise Evangélique Méthodiste fêtera l'année prochaine le jubilé commémorant l'arrivée des premiers missionnaires, il y a cent ans, dans la République Démocratique du Congo. Les missionnaires et les églises issues de leur travail, ont grandement contribué au développement matériel et spirituel de ce pays. Les églises et les paroisses connaissent une croissance constante, les écoles et les universités, centres agricoles, les hôpitaux et les postes de santé des églises font définitivement partie du paysage dans ce pays. Personne n'oserait contester de nos jours le fait que la société congolaise fonctionne grâce notamment à la présence de la mission chrétienne. 

Une grande fête à laquelle participera également une délégation représentant la Suisse et la France aura lieu en juillet 2010. Mais pour l'EEM du Congo, les visites de l'étranger même en dehors de toute opportunité festive sont toujours les bienvenues. Chaque visite est pour nos frères et sœurs un encouragement à poursuivre leur engagement malgré les mauvaises conditions sur le terrain, aussi nous vous invitons volontiers à prendre connaissance de notre projet de voyage en groupe prévu pour septembre / octobre 2009. Il y a encore des places libres. 

Le pasteur Stefan Zolliker et moi-même avons visité nos pasteurs au Sud du Congo ainsi qu'au Nord du Katanga. Ça fut un voyage particulièrement mouvementé et nous avons eu l'occasion de voir de très près ce que veut dire "être touché par la crise". Suite à la baisse brutale des cours des matières premières, pour certaines comme le cuivre la valeur ayant même baissé de plus de la moitié, les mines ferment les unes après les autres et licencient leurs employés. Ceux-ci n'ont malheureusement pas de couverture sociale, en tous cas, aucune qui n'apporte une réelle aide. Les employés de l'état comme les policiers, les enseignants ou les cheminots, ne touchent plus de salaire depuis des mois déjà, avec pour conséquence une augmentation sans précédent de la criminalité et de la corruption au quotidien. Dans ces conditions il est difficile d'éviter d'être pris à parti dans les rues par de jeunes gens désœuvrés bien décidés à rançonner le passant. 

Plus difficile est la situation provoquée par les cheminots qui, en grève depuis trois mois, empêchent tout départ de train de Lubumbashi, avec pour conséquence un affaiblissement de la situation économique dans tout le Katanga. Et personne ne peut dire quand et si l'Etat honorera à nouveau les salaires. La grève des cheminots a également des répercussions gênantes pour la station missionnaire de Mulungwishi car son alimentation électrique dépend de la compagnie de chemin de fer. C'est ainsi qu'à cause de la grève, les câbles d'alimentation ont été coupés. Lorsque à la tombée de la nuit tout devient sombre et que les pompes à eau ne fonctionnent plus, il importe peu de savoir si le gros transformateur de la station missionnaire est défectueux ou si la compagnie de chemin de fer ne fournit plus d'électricité. Les habitants de Mulungwishi vivent depuis huit mois, à part quelques interruptions, dans le noir total dès la nuit tombante. Seuls quelques rares habitants peuvent compter sur un petit générateur privé. Sans électricité, il est également difficile d'animer la faculté d'informatique avec ses 200 étudiants. 


Et comme si la crise au Congo ne suffisait pas, les habitants de Mulungwishi sont également touchés par la situation critique aux USA. En effet, les autorités missionnaires américaines ayant l'habitude de transférer sans autre compensation les dons habituellement récoltés, le manque dû aux rentrées à présent affectées par une chute de 50% à 65% se fait douloureusement sentir. C'est ainsi que l'université de Mulungwishi ne reçoit mensuellement plus que la moitié des contributions habituelles pour ses frais de fonctionnement. 

Dans ces conditions, l'ambiance est évidemment morose, et c'est pourquoi notre visite durant les journées de Pâques a été d'autant plus appréciée. Le fait que des étrangers se soient  rendus à Mulungwishi a été un grand encouragement pour les personnes vivant là-bas, et la prédication que Stefan Zolliker, pasteur de l'église partenaire de Thun, a pu assurer le jour de Pâques à Mulungwishi a été perçu comme un signe fort de ce partenariat.Le partenariat entre les paroisses de Mulungwishi et de Thun porte encore d'autres fruits: c'est avec fierté et beaucoup de joie que le médecin et la sage-femme nous ont fait découvrir le nouveau bâtiment de la clinique d'accouchement qui propose maintenant huit lits supplémentaires. Le bâtiment a été financé l'année passée par des dons en provenance de Thun, et l'aménagement intérieur par des amis du Danemark. Lors de notre visite nous nous sommes également rendus à l'hôpital de Kabongo à deux heures de vol à peine de Lubumbashi. A noter que par temps sec, il est possible de faire le trajet en voiture en une semaine pour atteindre cette localité éloignée. Jusqu'en 1998, le docteur Ruth Zolliker et sœur Elisabeth Guldener ont œuvré là-bas dans le cadre de la Mission Extérieure. Mais suite aux activités des rebelles et la transformation de Kabongo en place militaire durant quelque temps, tous les étrangers et étrangères ont dû quitter la région à l'époque. Depuis lors, ce sont exclusivement des personnels autochtones qui travaillent dans cet hôpital. Ils sont confrontés à beaucoup de maladies très diverses et des accidents. Sida, malaria et tuberculose sont les maladies les plus fréquentes, mais deux cas de lèpre ont également été traités l'année passée. La clinique d'accouchement avec ses 280 accouchements en 2008 et sa salle d'opération qui a vu plus de 500 interventions dans cette même année, tient également une place  importante dans le contexte local. Et l'hôpital, quant à lui, nécessite d'urgence une rénovation de son infrastructure. Nous espérons qu'aux côtés de Connexio et de l'UMCOR, le service d'entraide international de l'EEM puisse également s'engager dans ce projet.

Nous avons été impressionnés par la motivation des trois médecins et de l'interne ainsi que d'autres collaborateurs de l'hôpital qui travaillent dans des conditions particulièrement difficiles.

Je vous remercie pour l'intérêt que vous portez à notre œuvre, votre participation dans la prière et votre fidèle soutien financier, notamment pour cet hôpital, mais aussi pour tout le travail effectué dans le cadre de l'engagement de l'EEM au Congo et dans beaucoup d'autres endroits.

Fraternelles salutations, et que Dieu vous bénisse.

Andreas Stämpfli, Secrétaire Général Connexio

Traduction: Emile Fath

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